Opérateur économique français installé sur la station balnéaire de Grand-Bassam depuis 2008, Colin Patrick a vécu en direct l'horreur des attaques djihadistes sur cette plage.
Propriétaire du restaurant ''la Nouvelle paillote'' où Forces spéciales et combattants djihadistes se sont affrontés et où 7 morts ont été enregistrés, il livre les secrets des affrontements dans son commerce, l'une des places les plus prisées par les expatriés européens sur la plage de l'ancienne capitale ivoirienne. Entretien...Â
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Vous avez vécu en direct les horreurs du dimanche dernier. Que s'est-il passé le comment êtes-vous devenu l'une des victimes de cette irruption djihadiste sur cette plage ?
Le dimanche dernier sous le coup de midi et demi, on a entendu des coups de feu. Au début, nous avions pensé à des pétards de fêtards. Mais, très vite, nous avions compris que nous nous étions trompés et qu'il s'agissait d'autre chose. Cà courait de partout. Des gens criaient et tombaient dans le sable. Par la suite, j'ai vu 2 hommes armés arrivés de la plage au niveau de mon commerce avec gilets par balles. Tout de suite, j'ai donné des instructions pour mettre à l'abri tous les clients. Nous avions pensé que la cuisine était la meilleure cachette. Dès qu’ils sont arrivés, ils ont tiré en direction de la cuisine, certainement attirés par le bruit. Le Français qui s’était réfugié dans les toilettes de la piscine a été rejoint et abattu dans le lavabo. La dame, de nationalité Russe, en service à l'Onuci, a reçu des balles dans la cuisse. Elle s’est carrément vidée de son sang dans la cuisine où nous avions fait entrer plusieurs clients. Quand les djihadistes sont rentrés dans le restaurant et qu'ils n'ont vu personne, ils ont contourné l'établissement et un des terroristes a cassé les vitres de la cuisine avec son arme d'assaut. Il a fait entrer son arme et a ouvert le feu. Il a tiré en désordre dans tous les sens de la cuisine. C'est à ce moment que l'une des deux dames de l'Onuci qui y était, a été touchée. Mon cuisinier a tenté en vain de la réanimer. Hélas ! L'ami français qui a été atteint aussi, n'a pas survécu. Un autre ami français lui aussi touché a été évacué à Abidjan. Il travaille dans le Cabinet de la Première Dame. L'autre expatriée en service à l'Onuci a, elle, été touchée à la mâchoire. Elle a eu la mâchoire cassée. Le djihadiste a tiré en désordre et les atteint. A ce bilan, s'ajoute les morts du coté des Forces spéciales et des djihadistes. Si moi-même, j'étais resté derrière la porte de la cuisine, j'aurais pris une balle dans le ventre.
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A la suite des combats entre terroristes et forces spéciales ivoiriennes, combien de morts ont été enregistrés dans votre restaurant transformé en théâtre d'affrontements ?
Il y a 2 décès dans le rang des Forces spéciales qui sont tombés dans une embuscade des djihadistes. Les forces d'intervention ivoiriennes qui sont parvenues au bout d'âpres combats à abattre les 2 djihadistes, ont enregistré dans leur rang également 3 blessés graves dont un autre est décédé aujourd'hui (hier lundi). Ce qui fait que dans mon restaurant, il y a eu finalement 7 morts dont 6 dans le périmètre du restaurant. Parmi ceux-ci, 2 Forces spéciales, 2 djihadistes, une femme de l'Onuci et 1 expatrié français. Celui qui n'est pas décédé dans le restaurant, c'est le dernier soldat ivoirien qui a été blessé gravement lors des combats dans le restaurant. Selon ce que d'autres témoins ont rapporté, c'est venant ici, que le 3ème djihadiste a été atteint par balle au pied. Incapable de marcher et de combattre, ses amis l'auraient abattu. Vrai ou faux ? Je ne saurais le dire mais ce que je sais, c'est que les 2 qui ont combattus dans mon restaurant ont été abattus par les forces spéciales ivoiriennes.Â
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A votre avis, qu'est ce qui peut expliquer ces pe (...)
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