Education/Formation

Bacongo reçoit les conclusions de la mise en place de l'observatoire de la charte Salif N'Diaye

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Si le chronogramme est parfaitement respecté, le ministre Cissé Bacongo sera sur le campus de l'Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, le 14 juin 2014, un mois après le regrettable incident dont s'est largement fait écho la presse nationale.

En recevant des mains des étudiants les travaux de la mise en place de l'observatoire de la charte de la non-violence, le ministre de l'Enseignement supérieur a fait quelques commentaires. Selon lui, l'agression dont il a été victime le 13 mai dernier l'a convaincu qu'il y avait du travail à faire. « Je n'ai pas désespéré des étudiants, mais j'ai eu quelques moments d'interrogations sur la nécessité de poursuivre les efforts », a-t-il confié au parterre d'étudiants venus le rencontrer.

Cissé Bacongo a rappelé les efforts fait depuis le règne du SG de la Fesci Serge Koffi pour ramener l'attente et la confiance entre d'une part les étudiants et lui, et d'autre part entre associations d'étudiants. C'est pourquoi, il se dit confiant quant à la possibilité de débarrasser les universités de la violence. « Aujourd'hui avec votre détermination, l'espoir est permis. Mais sur le dur chemin de la non-violence, des forces vont vouloir vous tirer vers le bas », a averti le ministre.

Pour lui, ces forces ont des visages connus et il est souvent difficile de leur résister. « Ces forces se sont vos pulsions. Ça peut être des enseignants, etc. Il faut être solide pour leur dire que la violence n'est plus votre mode opératoire pour vous exprimer. Vous devez vaincre tous vos démons tant intérieurs qu'extérieurs », a conseillé M. Cissé Bacongo.

Il a indiqué que la visite du 14 juin ne doit pas être vue comme une revanche sur ce qui s'est passé le 13 mai dernier. « Le lundi 13 mai 2013 a été un épiphénomène, c'était un mouvement erratique. Pas principalement ou nécessairement du fait des étudiants, mais venant surtout de mains obscures en dessous », a-t-il affirmé.

Le ministre croit en la sincérité des étudiants qui se sont sentis interpellés et qui, spontanément ont décidé de mettre sur pied des structures pour proscrire la violence dans leur milieu. Il a promis les accompagner en œuvrant inlassablement à l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Pour lui, pas question de dramatiser son agression. « Il faut regarder vers l'avenir, c'est ce qui est important », a-t-il conclu.

Olivier Guédé

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Tout sur la Charte Alhassane Salif N'Diaye

Les étudiants ont décidé de renoncer définitivement à la violence ou de subir les rigueurs de la loi. Voici la charte qui marque leurs engagements pour régler les différends par la voie pacifique. C'était au cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le lundi 3 juin 2013.

1. Considérant que seules la Vérité, la Justice et le Pardon libèrent durablement un peuple de la rancœur, de la misère, de la violence, de la haine, de la cupidité et de l'ignorance ;

2. Considérant que la Vérité, la Justice et le Pardon ne sauraient donc s'imposer comme orientations fondamentales de notre pays sans le secours d'une vie intellectuelle dynamique, vigilante, résolument moderne, critique et constructive au cœur même de la Nation Ivoirienne qui retrouverait ainsi sa Force, sa Beauté et sa Sagesse légendaires ;

3. Considérant qu'une vie intellectuelle digne de ce nom ne peut se dérouler que dans un cadre de formationet de recherche humanisé, apaisé, normé par des lois et règlements justes et efficaces ;

4. Considérant cependant la désolation semée par le triomphe du mensonge et de l'arbitraire les plus absurdes dans le passé récent de la Côte d'Ivoire en nos campus qui n' auraient jamais dû cesser d'être les lieux de prédilections du travail intellectuel profond, collégial et serein ;

5. Considérant les dizaines d'années de souffrances, de violences, de crimes abjects, de dénuement et de délaissement que viennent de traverser les communautés estudiantines, enseignantes, administratives et des services infrastructurels de l'Université Ivoirienne ;

6. Considérant les dommages gravissimes et abyssaux infligés depuis plusieurs décennies à la conscience universelle en Côte d'Ivoire par l'avilissement de certains de nos intellectuels universitaires dans la manipulation tragique des jeunes consciences confiées à leur magistère ;

7,.Considérant que l'Université est et doit demeurer le lieu d'émergence de la conscience universelle de l'humanité ivoirienne par la maîtrise du savoir-penser, du savoir-dire et du savoir-faire qui hissent la société humaine à l'efficacité et à la conquête rationnelle du réel en même temps que l'anticipation de l'avenir ;

8. Considérant que sans l'extirpation des germes nocifs et ténébreux qui ont dégradé l'âme de notre université nationale, nous serions condamnés à retomber indéfiniment dans les drames que l'irresponsabilité, la haine de l'Autre, le dédain de la science et de la raison, l'absence de vision, l'incapacité à viser résolument l'Universel, ont rendus possibles ;

9. Considérant, à travers l'effort remarquable de réhabilitation infrastructurelle des universités en cours, la volonté politique ferme et profonde des autorités démocratiques et républicaines ivoiriennes de donner à la jeunesse ivoirienne un cadre de formation de standard international afin d'assurer l'émergence de générations de cadres employables, sevrées du désœuvrement, de l'instrumentalisation politicienne et des tentations de jouissance abusive ou de destruction des biens publics ;

10. Considérant que les universités ivoiriennes ne peuvent continuer, sans périr dans la barbarie, à être le repère de toutes sortes de conflits d'intérêts, à s'avilir dans l'hébergement de bandes de parasites sociaux nuisibles à souhait, à subir l'abomination de combats fratricides aux armes à feu et aux armes blanches, à servir de lieux d'exécutions sommaires et pire, de territoires pour fosses communes exécrables ;

11. Considérant, dans nos sociétés marquées du cachet sublime de la foi en Dieu, Créateur de l'Univers, la supériorité spirituelle de principe du droit sur le fait, de la dignité humaine sur les intérêts éphémères des clans politiques, de la transmission d'une tradition de paix, de justice et de démocratie sur la persistance d'une logique de médiocrité, de corruption et de criminalité ;

12. Considérant que la victoire de la démocratie et de la paix en Côte d'Ivoire s'accompagne nécessairement et progressivement de la prégnance et de l'urgence éthiques d'une philosophie convaincue de la non-violence encadrant l'exercice de la contrainte par le déterminisme supérieur de l'Etat de droit ;

A) nous, membres de la communauté estudiantine ivoirienne, venons par la présente charte, solennellement nous engager pour la pratique exemplaire de la non violence dans tous les établissements d'enseignements supérieurs ivoiriennes à compter de cette rentrée universitaire 2012/2013, devant Dieu, la République de Côte d'Ivoire et toute l'humanité.

B) nous, membres de la communauté estudiantine ivoirienne, déclarons solennellement que nous sommes convaincus que dans un cadre démocratique comme le notre, le recours à la violence est un déni d'humanité, la vraie force morale résidant désormais dans l'attachement au dialogue, à la négociation, à la justice et à la paix, toutes valeurs inatteignables sans l'adhésion préalable au respect de la dignité humaine qui se manifeste par la non-violence.

C) nous, membres de la communauté estudiantine ivoirienne, considérons solennellement que les conflits qui pourront nous opposer se résoudront désormais et exclusivement dans le cadre des structures de médiation, de négociation et d'arbitrage ;

D) nous, membres de la communauté estudiantine ivoirienne, nous engageons solennellement à nous imposer le respect des normes de sécurité qui seront appliquées dans tous nos campus dans notre propre intérêt bien compris, pour y empêcher la circulation et l'usage d'armes blanches et d'armes à feu, mais aussi la perpétration de toutes formes de voie de fait contre des personnes ou des associations de notre université ;

E) nous, membres de la communauté estudiantine ivoirienne, nous engageons solennellement à désormais influer positivement par nos pratiques de paix sur l'ensemble de la société ivoirienne de telle sorte que l'université serve désormais de référence dans une nouvelle éthique de résolution pacifique des conflits sociaux dans notre pays ;

F) nous , membres de la communauté estudiantine ivoirienne, demandons solennellement que la présente charte soit obligatoirement et consciemment signée par tout individu ou groupe de notre communauté parmi les préalables à son acceptation, et que cette charte soit publiée et affichée dans nos campus, annuellement et répétitivement proclamée lors de nos rentrées académiques par chaque corps universitaire, afin que nul n'en ignore et que nul n'oublie les affres du passe dont elle veut nous protéger a jamais ;

G) nous, membres de la communauté estudiantine ivoirienne, prenons solennellement Dieu, la république et l'humanité à témoin ce jour, et demandons que la rigueur de la loi, dans toute son exemplarité et son impartialité, soit appliquée à quelque individu ou groupe qui violerait les termes de la présente charte, dont nous faisons le ciment de l'université ivoirienne réconciliée avec ses missions, dans l'attachemment aux principes généraux et universels du droit, véritables gages de la dignité de notre humanité.


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