Enquête / Collecte de l'épargne dans les marchés d'Abidjan : Tontines et ''signer-signer'' ont pignon sur rue - Profit, solidarité et vols se côtoient


Dans les marchés, les commerçants préfèrent les tontines.
  • Source: Soir Info
  • Date: vend. 05 juin 2015
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Il est un peu plus de 18 h, ce mercredi 6 mai 2015, lorsque dame Kori, vendeuse de sacs à main au marché de friperie de Belleville à Treichville, est toute heureuse. Elle saute de joie, rit à gorge déployée, chante en wobè, une ethnie de l'Ouest ivoirien, et danse.

Ce n'est pas que la recette du marché qui réjouit tant Lylie (c'est ainsi que ses amis l'appellent) en cette fin d'après-midi. Elle manifeste également sa joie parce qu'elle vient de « ramasser » (entrer en possession, dans le jargon des tontines) les 130 000 francs Cfa de son groupe de tontine. Composé de 14 commerçants, ce groupe de tontine qui a débuté ses activités depuis début février 2015, a opté pour une remise, chaque semaine, à raison de 10 000 Cfa par semaine et par membre. Ainsi, chaque mercredi, un « associé » prend la cagnotte. Et, ce sont 130 000 francs Cfa sans la mise du bénéficiaire. « Vraiment, je suis trop contente d'avoir cet argent. Ça me permettra d'aller prendre une balle de sacs. C'est comme si j'avais économisé de l'argent et je le prends pour les achats de mes besoins commerciaux», confie-t-elle, avant de soutenir qu'au marché, « lorsque tu donnes les 10 000 francs Cfa chaque semaine, tu ne ressens pas ça comme un poids ».

Lylie Kori n'est pas la seule commerçante qui fait des tontines dans les marchés à Abidjan. Ce sont des milliers de commerçants qui en font sur les différents marchés de la capitale économique , du grand marché de Port-Bouët au marché de Sicogi à Yopougon, au grand marché d'Abobo, au marché du Plateau, en passant par le Forum d'Adjamé, le marché Samsung à Treichville, le marché de Marcory et les marchés de Koumassi. Sur le terrain, le constat est que ce genre d'épargne part des tontines ambulantes aux tontines mutuelles, en pensant par les tontines alimentaires et les « signer-signer », une sorte de banque informelle et ambulante.

Pour les tontines ambulantes, on n'a pas besoin d'appartenir à une association pour y participer. Selon les explications de Joëlle et de ses « associés » qui font aussi une tontine à Marcory, c'est un commerçant qui prend l'initiative de collecter les fonds des intéressés ayant donné leur accord de participation, pour que la tontine existe. «Pour nous, c'est notre manière d'épargner et d'éviter les contraintes des banques », fait savoir Moussa, vendeur de ceintures.

Cette tontine commerciale qui facilite la collecte de l'épargne, est effectuée au marché des vivriers d'Adjamé par des vendeuses. Selon Yolande, les 22 membres du groupe donnent chacune 1000 francs Cfa par jour. « Chaque semaine, ça fait 7000 francs Cfa par personne que chaque personne doit donner, et il y a quelqu'un qui prend. Tu peux faire deux « bras » ou trois « bras » (mise). Mais, selon ce que tu auras décidé, tu dois donner en fonction », explique-t-elle.

A quelques kilomètres plus loin, au marché Samsung de Treichville, Mme Bern, vendeuse de portables et accessoires, révèle qu'à travers des associations, les tontines mutuelles ont permis à des commerçants de s'installer. Cependant, comme toutes les tontines, il y des inconvénients. « J'étais dans une association dans laquelle chaque membre donnait 200 000 francs Cfa par mois. Celui qui prenait pouvait se retrouver avec au moins 3 millions de francs Cfa. Cependant, ce que je n'appréciais pas, c'est le fait que chaque bénéficiaire devait déposer dans la caisse 100 000 francs Cfa au cas où quelqu'un a un problème », confie-t-elle. Et de révéler qu'il arrive que des gens prennent leur part et ne respectent pas leur engagement pour les autres.

 

Les risques du métier

A en croire dame Bern, cette disposition et la mauvaise foi de mutualistes, l'ont poussée à quitter la tontine associative pour la tontine commerciale. «Ce que je fais maintenant est clair. Ceux qui sont dedans doivent déposer, chaque mois, 150 000 francs Cfa. Pour y entrer, on voit ce que tu vends. A une période précise de chaque début du mois, on tire au sort, et au fur et à mesure, on élimine les bénéficiaires », fait-elle savoir.

S'il y a une défaillance au niveau d'un acteur, « on ne parle jamais de prison ». « Dans tous les cas, il rembourse. Ce sont les risques des tontines. On voit avec celui qui ne peut pas respecter son engagement, comment il compte payer. S'il a des difficultés, on s'arrange entre nous pour qu'il paye d'une façon ou d'une autre parce qu'on suppose que cela peut arriver à tout le monde, dans le monde des affaires », explique Abdoulaye. Ainsi, au regard des produits du défaillant du groupe, ses créanciers peuvent décider de s'approprier ses articles ayant u (...)

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