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Mali : les autorités demandent à la France de ''retirer sans délai'' ses militaires dans le pays

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La junte au pouvoir à Bamako a demandé vendredi à la France de "retirer sans délai" ses soldats du Mali, s'attirant une fin de non-recevoir du président Emmanuel Macron, au lendemain de l'annonce par ce dernier d'un retrait échelonné sur les prochains mois. Si cette séquence n'étonne pas Caroline Roussy, cette chercheuse à l'IRIS redoute qu'elle entraîne des turbulences extrêmement dangereuses.

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le porte-parole du gouvernement installé par les militaires, le colonel Abdoulaye Maïga, qualifie l'annonce du désengagement français de "violation flagrante" des accords entre les deux pays. Il dit aussi que les résultats de neuf ans d'engagement français au Mali "n'ont pas été satisfaisants". 

Le gouvernement rappelle que, par rapport aux résultats attendus, les résultats obtenus et annoncés officiellement par les autorités françaises n'ont pas été satisfaisants

Extrait du communiqué officiel du gouvernement de transition malien

"Au regard de ces manquements répétés (aux) accords de défense, le gouvernement invite les autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes", dit le colonel Maïga. En réponse, Emmanuel Macron a rétorqué que la France se retirera "en bon ordre" et ne transigera pas une seconde sur la sécurité de ses soldats.

La demande de retrait immédiat de la part des colonels arrivés au pouvoir par la force en août 2020 est un nouveau défi à l'ancien partenaire français, après des mois d'escalade des tensions. "Ces délais sont impossibles à tenir" affirme Caroline Roussy, chercheuse à l'IRIS. "Retirer des troupes prend énormémement de temps". Tandis que l'Elysée parlait hier de "quatre à six mois" pour fermer les dernières bases françaises de Gao, Ménaka et Gossi, "certains chercheurs tablent plus sur un an" selon cette spécialiste des questions de frontières et de territoires en Afrique de l’Ouest. "Il faut comprendre ce communiqué comme une réaffirmation par le gouvernement de Maïga de leur souveraineté".  

Quelque 2.400 militaires français sont déployés au Mali, sur un total de 4.600 au Sahel. Le désengagement de ces hommes, le démantèlement de leurs bases, ainsi que l'évacuation des matériels, dont des centaines de véhicules blindés, représentait déjà en soi un chantier colossal et dangereux. "Après une séquence où le gouvernement de transition n’a pas souhaité prendre la décision du retrait de Barkhane, maintenant ils veulent précipiter le calendrier pour reprendre la main et s'en servir contre les Français et les Européens en cas d'exactions commises par des groupes terroristes après leur départ" affirme Caroline Roussy.

"La réponse était attendue, peut-être pas aussi rapidement, mais elle s'inscrit en tout cas dans la continuité d'un bras de fer qui dure depuis des mois entre Paris et Bamako" analyse-t-elle. "Ce communiqué comporte des contre-vérités, des paradoxes, de la mauvaise foi aussi". 

Ce communiqué comporte des contre-vérités, des paradoxes, de la mauvaise foi aussi.

Caroline Roussy, chercheuse à l'IRIS

"Par exemple, le communiqué stipule que la France aurait suspendu les opérations conjointes avec les Forces armées maliennes (FAMa). Or, c'est faux. Il dit aussi que l'opération Barkhane aurait pris fin en juin dernier "sans préavis et sans consultation préalable de la partie malienne". Or, là aussi, il s'agit d'une information erronée. C'était la fin de l'opération telle qu'elle était connue jusqu'alors, et la France prévoyait un redéploiement du d (...)

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