Faits divers

Grossesses en milieu scolaire : La majorité des « enceinteurs » sont des élèves

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(Photo d'archives pour illustrer l'article)

Du 19 au 22 mai 2015, des journalistes nationaux et internationaux ont sillonné les régions de Daoukro et de Dimbokro, pour s'imprégner des réalisations entreprises par le Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa) en matière de santé et de la reproduction et d'éducation pour l'atteinte du dividende démographique en Côte d'Ivoire. Ils ont fait des constats selon lesquels la majorité des « enceinteurs » sont des élèves, et le taux de grossesses en milieu scolaire est en baisse.

« Fermer les jambes et ouvrez les cahiers…». C’est par ce rythme musical que la délégation du Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa) a été accueillie, le mercredi 20 mai 2015, au Lycée Moderne Henri Konan Bédié (HKB) de Daoukro. Une chanson inspirée des propos de la Directrice régionale de l’éducation nationale et de l’enseignement technique (Drenet), Mme Marie Reine Ogou, et qui cadre fort bien avec le thème de l’activité pratiquée dans ce lycée, à savoir « Zero grossesse en milieu scolaire ».

En effet, comme l’a expliqué la Drenet, à sa prise de fonction en 2013, elle avait enregistré dans ses différentes tournées de prises de contacts, de nombreuses grossesses. Au terme de ses visites, elle a fait savoir qu’elle n’a pas été envoyée dans la région de l’Iffou pour gérer une pouponnière, mais plutôt des établissements dans lesquels sont formés des cadres de demain. Aussi, a-t-elle invité les filles à « fermer les jambes et à ouvrir les cahiers ». Depuis, aucune sensibilisation sur l’éducation sexuelle ne se fait sans ces propos transformés en rythme musical par l’un des enseignants d’art Plastique du Lycée moderne Hkb 2 de Daoukro.

C’est dans ce même registre que la délégation s’est rendue dans l’une des classes pour assister à un cours sur « la vie en matière de santé sexuelle et de reproduction ». La leçon dispensée par Jean-Baptiste N’goran par la méthodologie participative a permis à la trentaine d’élèves d’appréhender les dangers liés à une sexualité précoce, tels que les infections sexuellement transmissibles (Ist), les grossesses non désirées et les avortements risqués.

Pour mieux sensibiliser les élèves, l’enseignant est parti d’une image montrant une élève enceinte en pleurs. Une image qui lui a permis de dérouler son cours pour aboutir aux méthodes de contraception et aux droits des jeunes en santé sexuelle et de reproduction. Une méthodologie qui a amené l'enseignant et ses élèves à aborder la sexualité sans heurter les esprits quand on sait que le sujet demeure encore tabou dans de nombreuses communautés.

Les chefs de délégation de l’Unfpa, Drs Ané Ambroise et Jules Yao, ont apprécié la méthodologie utilisée par l’enseignant pour faire passer le message. Mme Marie Reine Ogou a, quant à elle, encouragé les membres du comité de veille.

 

La majorité des « enceinteurs » sont des élèves

Ce comité composé de tout le personnel féminin du lycée, et dirigé par Mme Konaté Alimatou, s’est donné pour mission de protéger les jeunes élèves, les plus brillantes. Pour ce faire, chaque membre joue le rôle de tutrice. Elles ont en charge une vingtaine de jeunes filles à qui elles prodiguent des conseils, les sensibilisent sur la santé de la reproduction et sur les dangers liés à une sexualité précoce. Ces élèves servent, à leur tour, de relais auprès de leurs camarades de classe.

Bénéficiant de la caution des deux proviseurs du lycée, les tutrices s’impliquent même dans la scolarité des filles en leur permettant d’étudier dans la quiétude et d’être à l’abri des besoins élémentaires. Puisque comme l’a expliqué Mme Tanoh, la conseillère du comité de veille, ce sont ces besoins élémentaires et l’envie de paraître qui poussent les jeunes élèves dans les bras des hommes. Même si elle reconnaît que la promiscuité entre élèves représente un pourcentage élevé dans le nombre de grossesses enregistrés en milieu scolaire.

A ce propos, le proviseur du lycée moderne Hkb 2 de Daoukro, Kalidou Hidé, n'a pas manqué de signifier que la majorité des «enceinteurs » sont des élèves. Ici, l’adage qui dit que « chien ne mange pas chien » est foulé aux pieds, argue un enseignant. Les élèves sont suivis dans le classement par les sans emploi, les cultivateurs, les artisans, les chauffeurs…Cependant, il s’est réjoui de ce que le taux de grossesses en milieu scolaire ait considérablement baissé, depuis que le ministère de l’Education nationale et de l’enseignement technique et son partenaire Unfpa ont fait de « Zero grossesse en milieu scolaire » leur cheval de bataille.

De 120 grossesses en 2014, Daoukro a enregistré au cours du 2ème semestre de 2015, 73 grossesses. C’est-dire que, a fait observer Mme Monique Ouattara, proviseur du lycée Hkb 1, les séances de sensibilisation et les activités sur la santé de la reproduction, menées dans les établissements primaires et secondaires, à travers les cours pédagogiques, les clubs de santé, les sketchs, sont en train de porter leurs fruits. Les élèves du groupe scolaire Kongo Lagou et leurs ''grands frères'' du Lycée Moderne, ont présenté deux sketchs, dont la substance invite leurs camarades à la pratique de l’abstinence ou à défaut, à l'utilisation d'un moyen de contraception, afin de ne pas hypothéquer leurs études par une grossesse précoce.

A l’infirmerie du lycée, Dr Yves N’guessan Gnamien et Pan Ami, la sage-femme, ont sensibilisé les lycéens sur la nécessité de pratiquer l’abstinence, d’utiliser des préservatifs ou des contraceptifs. La Drenet de l’Iffou accorde une importance capitale à ces différentes activités qui permettent aux élèves de faire face à leurs responsabilités. En effet, son objectif est d’atteindre « zero grossesse en milieu scolaire » dans l'Iffou. Déjà, elle se dit satisfaite du chemin parcouru, même si elle reconnaît que des efforts restent encore à faire. « Les filles ont pris conscience qu’une grossesse réduira leur chance de réaliser leur rêve de travailler demain », a indiqué Mme Ogou. Pour elle, cette prise de conscience est à mettre au compte des activités menées dans le cadre de la lutte contre les grossesses en milieu scolaire. Après une visite chez le préfet de région, Albert Kouamé Akpollet Koffi, cap a &eac (...)

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