Est de la Côte d'Ivoire : Des déguerpis du Mont Peko envahissent les forêts classées
Les populations sur le pied de guerre
Des éléphants fuient vers les villages


Une voie menant à l'une des forêts classées infiltrées
  • Source: linfodrome.com
  • Date: vend. 13 mai 2016
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La situation est préoccupante à l'Est de la Côte d'Ivoire. Des individus, probablement des déguerpis du Mont Péko, envahissent des forêts classées de la zone Est, terrorisent les populations qui n'entendent plus se laisser faire. Une situation explosive qui peut, à tout moment, déboucher sur un conflit foncier aux graves conséquences.

C'est une note adressée le 20 avril 2016, par l'Ong Agnia au préfet de région, préfet du département d'Abengourou, Fadi Ouattara, qui a tiré la sonnette d'alarme. Cette Ong lutte contre les feux de brousse dans l'Indénié-Djuablin, depuis plusieurs années.« Il nous revient, de façon récurrente, lors de nos tournées dans le cadre de nos activités dans la région, des plaintes de nos populations. Nous venons par ce rapport, vous interpeller ; car si rien n'est fait, des conflits naîtront entre les autochtones et les allogènes du département d'Abengourou. Depuis quelque temps, des individus armés ont, en effet, infiltré nos forêts classées de Béki, de M'Brassué, de Bossemattié, de Bébou... Les populations subissent les agressions de toutes natures (vol de cabosses nuitamment, agressions physiques et verbales...). (…) Le danger est permanent. Les jeunes et les femmes des localités riveraines de ces forêts, fatigués et meurtris dans leur chair, s'organisent pour aller déloger ces clandestins dans un délai imminent. Si rien n'est fait, c'est un conflit et même une guerre qui sont annoncés. Déjà, des réunions se tiennent en forêt de part et d'autre. Il faut agir maintenant ».C'est quintessence de la note adressée le 20 avril dernier, au Fadi Ouattara, par ladite Ong. Dans ce rapport, le 2ème du genre, adressé également à toutes les structures compétentes (et dont nous avons reçu copie), Hilaire N'guetta Ano, le président de Agnia en appelle à une mutualisation des efforts pour éviter une déflagration dans la ''Cité Royale de la Paix''. Au vu de la menace qui semble sérieuse, nous nous sommes rendu le 23 avril dernier dans les secteurs forestiers concernés. A 25 km au sud de la ville d'Abengourou, sur la voie cahoteuse et poussiéreuse menant à Bettié, se trouve la localité d'Appoisso-Apouéba. Un gros bourg de plus de 8 000 âmes, dont la population cosmopolite, est riveraine de la forêt classée de Bossématié. 

 

Invasion massive des clandestins

En moins de trois quarts d'heure à moto, nous rallions le secteur aux environs de 8h. Ici, des heurts ont été enregistrés, le 6 août 2015, entre les clandestins et les jeunes du village. Il aura fallu une intervention dissuasive des forces de l'ordre pour ramener le calme. Interrogés sur la question, ces jeunes, ne cachent pas leur colère. « Depuis plusieurs semaines, de nombreux étrangers sont déversés de jour comme de nuit dans nos villages. Et ces inconnus prennent immédiatement la direction de la forêt classée de Bossématié. Ils ont totalement infiltré la forêt et on a l'impression que les agents des eaux forêts sont impuissants face à la situation. En tout cas, si rien n'est fait, la situation risque de dégénérer d'un moment à l'autre », avertit Yao Koffi, un jeune homme approché. Celui-ci nous déconseille de nous aventurer dans la forêt classée de Bossématié. « Ils sont lourdement armés et vous risquez d'y laisser votre peau », ajoute-t-il. A quelques encablures d'Appoisso-Apouéba et sur le flanc gauche, se trouve la piste menant à la forêt classée de Bossématié. De source proche de la direction régionale de la Sodefor de la région Est, cette forêt classée couvre une superficie de 21 553 hectares. Elle est distante d'environ 5 km d'une autre forêt classée dans la zone : la forêt classée de Béki qui, elle, a une superficie de 16 125 hectares. Entre les forêts protégées, s'étend une sorte de ‘'corridor'', qui relie la localité d'Appoisso à celle d'Aniassué. Nous empruntons cette zone-tampon. Quand nous nous engageons ( la peur au ventre) dans ce corridor naturel, la première bourgade que nous trouvons, est celle de N'Ziplikro. Ce modeste village est en majorité peuplé d'habitants issus du centre de la Côte d'Ivoire. Ici, l'invasion massive des forêts classées par les clandestins n'est pas un tabou. Le sujet est d'ailleurs au centre de toutes les conversations. Allou Kouadio Célestin, le vice-président des jeunes de la localité, ne cache pas son inquiétude face à cette nouvelle situation qui, selon lui, menace non seulement l'environnement dans le secteur, mais également la cohésion sociale dans le département d'Abengourou. « Sincèrement, nous ne comprenons pas ce phénomène qui se fait au vu et au su de tout le monde et sans qu'aucune autorité ne réagisse. La situation de l'infiltration des forêts classées est alarmante. Ces étrangers ont détruit notre forêt. C'est révoltant de voir ainsi le patrimoine forestier de notre pays disparaître sous le regard des autorités. Nous n'allons pas continuer à rester inactifs. Si rien n'est fait, nous allons aussi emboîter le pas à ces envahisseurs et défricher cette forêt classée »,s'emporte.

 

La tension monte

Même son de cloche dans la localité d'Assakro, située à la lisière de la forêt classée de Béki, dans la sous-préfecture d'Aniassué. Ici comme dans le village voisin de N'grakon, l'on s'accommode difficilement avec la présence des « intrus » dans les forêts classées. Dans ce secteur en pleine zone forestière, des postes de contrôle, tenus par des éléments se réclamant des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci), sont encore visibles. Ce qui en rajoute à la tension déjà vive dans la zone. « Les jeunes veulent en découdre avec les clandestins qui sont venus en grand nombre envahir nos forêts classées ces dernières semaines »,  indiqu un septuagénaire interrogé à Assakro. La tension est tellement perceptible que, quelques semaines plus tôt, la direction régionale de la Sodefor, appuyée par la sous-préfète d'Aniassué, a organisé une rencontre de sensibilisation à Assakro, pour calmer les ardeurs. Pour autant, le problème est loin d'être résolu. « A (...)

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