Côte d'Ivoire - Bombardement de Bouaké : « Un sabotage a été organisé pour qu'on ne sache pas la vérité »

  • Source: jeuneafrique.com
  • Date: lun. 09 juil. 2018
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Quatorze ans après le bombardement meurtrier de la base militaire française de Bouaké par deux avions de l'armée ivoirienne, en 2004, le parquet de Paris vient de rendre son réquisitoire.

Il est 13h20, le 6 novembre 2004, à Bouaké, lorsque retentit une forte explosion. La base de l'armée française, installée dans l'enceinte du lycée Descartes vient d'être bombardée par deux Sukhoï-25 de l'armée ivoirienne. jeuneafrique.com/463599/politique/video-bombardement-de-bouake-le-deroule-des-evenements-minute-par-minute/">Neuf militaires français et un civil américain sont tués, 38 personnes blessées. En riposte, Paris détruit immédiatement l'aviation ivoirienne.

Nombreux mystères

L'épisode est un tournant majeur dans la crise ivoirienne et dans les relations entre Paris et Laurent Gbagbo, alors président. Quatorze ans plus tard, il reste pourtant jeuneafrique.com/136486/politique/c-te-d-ivoire-mourir-pour-bouak/">de nombreux mystères autour de cette affaire. Qui a donné l'ordre de tirer ? Le chef de l'État ivoirien s'en est toujours défendu. Brièvement interpellés, pourquoi les pilotes n'ont-ils pas été entendus et écroués ? Pourquoi l'enquête a-t-elle été si difficile ? Des interrogations qui pourraient être bientôt levées par la justice française.

Comme l'a révélé le site d'information Mediapart, François Molins, le procureur de Paris, vient en effet de demander le renvoi devant la Cour d'assises de Yury Sushkin, un ancien mercenaire bélarusse, et de deux officiers ivoiriens, Patrice Ouei et Ange Magloire Ganduillet Attualy, tous trois pilotes et co-pilotes des Sukhoï-25, pour les chefs d'assassinats, de tentatives d'assassinats et de destructions de biens.

Passivité des autorités françaises

Mais dans son réquisitoire de 140 pages, François Molins va plus loin. Il s'interroge sur jeuneafrique.com/mag/305968/politique/cote-divoire-bouake-fantomes-de-jacques-chirac/">la passivité « de certaines autorités politiques françaises dans la gestion des interpellations et libérations » des mercenaires. Juste après l'attaque, quinze d'entre eux, russes, bélarusses et ukrainiens, ont été interpellés par l'armée française à l'aéroport d'Abidjan avant d'être libérés. Puis dix jours après l'attaque, huit mercenaires bélarusses, arrêtés au Togo, ont été relâchés sans même avoir été interrogés à cause de l'inaction française.

"LE RÉQUISITOIRE SOULIGNE LE RÔLE DÉCISIF ET L'OPINIÂTRETÉ DE CERTAINS MAGISTRATS ET DES PARTIES CIVILES POUR FAIRE AVANCER CETTE AFFAIRE"

Les familles des victimes et leur avocat se disent depuis longtemps convaincus du rôle trouble du gouvernement français de l'époque. En 2016, la juge d'instruction Sabine Kheiris préconisait le renvoi devant la Cour de justice de la République (CJR), de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense, de Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur et de Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères. Le réquisitoire souligne d'ailleurs le rôle décisif et l'opiniâtreté de certains magistrats et des parties civiles pour faire avancer cette affaire.

Maître Jean Balan, avocat des parties civiles se félicite de ses conclusions qui pointent la responsabilité de trois pilotes mais aussi l'étrange inaction des autorités françaises dans ce qui ressemble à une affaire d'État.

Jeune Afrique : L (...)

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