Départ sans indemnisation des agents de l'ONUCI en 2017 : 649 travailleurs ivoiriens disent non et réclament leurs droits

  • Source: L'Intelligent d'Abidjan
  • Date: jeu. 30 juin 2016
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Le règlement des indemnités des agents locaux de l'Onuci défraie la chronique depuis l'annonce du départ de la mission fixé au 30 juin 2017. Ce sont des agents, surtout des Ivoiriens qui seront au chômage à compter de cette date. Quels sentiments animent lesdits agents face à leur futur statut de ‘'licenciés ?'' Que disent les textes de l'Onu par rapport à ces agents locaux lorsque son mandat vient à expirer dans un pays donné? Ce sont à toutes ces questions que nous avons voulu apporter des réponses claires face à une situation qui est en train de s'envenimer. 

L'inquiétude des agents de l'Onuci

Depuis l'annonce de l'arrêt de leurs activités pour la date du 30 juin 2017, les agents locaux de la mission de l'Onu pour la Côte d'Ivoire (Onuci) ont entrepris des démarches pour, un tant soit peu, comprendre la situation sur leur nouveau statut au soir de cette date. Selon la plupart d'entre eux, Mme Aïchatou Mindaoudou, la Représentante Spéciale de l'Onu pour la Côte d'Ivoire, refuse d'écouter les revendications sur le paiement de leurs indemnités de départ comme le recommande la disposition 9.6 (c) qui stipulerait que : «la décision du Secrétaire Général de mettre fin à l'engagement de tout fonctionnaire nommé à titre temporaire, pour une durée déterminée ou à titre continu en cas de suppression du poste ou compression d'effectifs, est considérée comme un licenciement ». Pour le personnel ivoirien, lorsque l'Onuci fait mention dans les notices qui leur sont envoyées afin de leur signifier le préavis de la durée de 30 jours indiquant que le Conseil de Sécurité a autorisé depuis son siège, la cessation de l'activité onusienne en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire le retrait progressif des effectifs civils de l'Onuci, pour les agents, la mission onusienne ne fait qu'endosser l'initiative de la compression d'effectif qui émane du Secrétaire général, et constitutif du licenciement, conformément au taux et aux conditions indiquées à l'annexe III du présent Statut. Celui-ci stipule en son article 9.3 à l'annexe c que : « lorsque le Secrétaire général met fin à l'engagement de tout fonctionnaire, l'intéressé doit recevoir le préavis et l'indemnité prévus par le statut et le règlement du personnel. Le Secrétaire général verse les indemnités de licenciement conformément aux taux et conditions indiqués à l'annexe III du présent statut ». Et en son annexe d ; ce même statut dit : « le Secrétaire général peut, lorsque les circonstances le justifient et lorsqu'il juge qu'il y a lieu de le faire, verse au fonctionnaire licencié qui ne conteste pas la mesure de licenciement une indemnité de licenciement supérieure de 50%, au plus, à celle normalement prévue par le statut du personnel ». En outre, ils se sont dit scandalisés du manque véritable de mesures prises quant à leurs indemnisations et le refus catégorique de la direction de s'asseoir à une table de discussion afin de trouver un terrain d'entente. « Nous assistons à un mépris et un manque d'élégance depuis le 20 mai 2016 », nous ont-ils dit lorsque nous les avons rencontrés à une manifestation devant le siège de l'Onuci à Boribana, un sous-quartier de la commune d'Attécoubé. « Au vu de ce qui précède, l'ensemble du processus de désengagement de l'Onu de la Côte d'Ivoire se déroule dans le non respect des règles et des procédures des Nations Unies en la matière, contrairement au communiqué publié par l'organisation », s'est offusqué l'un d'entre eux. Cet état de fait a amené les agents locaux à effectuer une grève d'une durée de trois (3) jours (du 14 au 16 juin 2016). « D'accord pour le départ de l'Onuci (…) mais payez nos indemnités d'abord » ! C'était-là, un des slogans inscrits sur les pancartes tenues par les agents manifestant devant le siège des casques bleus. Selon certains manifestants qui n'ont pas voulu décliner leur identité, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l'Onu en Côte d'Ivoire reste fermée à tout dialogue.

Procédure de travail de la mission onusienne

Pour mener à bien ses activités sur toute l'étendue du territoire, L'Onuci a fait le choix, lors de son installation, de travailler avec des acteurs locaux. Pour l'organisation, il était plus judicieux en terme de coût et d'efficacité de travailler avec des personnes qui maîtrisent le terrain. C'est ainsi, comme elle le fait ailleurs, qu'il y a eu des recrutements au plan local pour mettre en exécution leurs activités dans les différentes villes comme notamment Korhogo, Bondoukou, Yamoussoukro, et Guiglo. Et ce, pendant 12 ans (2004-2016). Cependant, le 28 avril 2016, le Conseil de Sécurité de l'Onu a décidé en vertu de la résolution 2284 de proroger le mandat de l'Opération de Nations Unies en Côte d'Ivoire pour une dernière période, prenant fin au 30 juin 2017. De même, le Conseil a instruit le Secrétaire Général, de procéder à une fermeture de la mission à ladite date. Le 20 mai 2016, au cours d'une réunion générale, Mme Aïchatou Mindaoudou informe le personnel de la suppression de tous les postes de façon graduelle. S'ensuit subséquemment, le 25 mai 2016, la décision de la fermeture des bureaux de Korhogo, de Yamoussoukro, de Bondoukou et de Guiglo ainsi que les unités Embargo et VIH/SIDA. Et, enfin, du 30 mai au 3 juin 2016, la décision d'informer les employés du non-renouvellement de leur contrat de travail à la date d'expiration.

Selon l'Onuci, le processus a été respecté

La résolution 2284, adoptée à l'unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations Unies le 28 avril 2016, décide que le mandat de l'opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci) prendra fin le 30 juin 2017. Le processus de réduction du personnel civil, militaire et de police de l'Onuci se poursuivra jusqu'au 30 avril 2017, date à laquelle, l'Onuci cessera toutes ses activités opérationnelles en Côte d'Ivoire. Dans les colonnes d'un quotidien de la place, Mme Aïchatou Mindaoudou, Représentante Résidente de l'Onu en Côte d'Ivoire, est revenue sur la situation qui prévaut au sein de l'organisation. Elle a rappelé que déjà en 2013, il y a eu réduction d'effectif. La résolution 2112 de 2013 avait remanié le mandat de la mission. Ce remaniement s'est poursuivi en 2014 avec la résolution 2162. Ce qui a entraîné une réduction de l'effectif en son temps de 141 postes. En 2015, certains aspects du mandat ont été amputés par la résolution 2226 et il y a eu adaptation du personnel civil et militaire en conséquence. La résolution 2284 de 2016 a également réduit le mandat de la mission et a décidé de la fermeture définitive de la mission. Le mandat court de juin à juin avec cette fois, la précision qu'à la fin du mois d'avril 2017, aucun fonctionnaire civil ou militaire ne devrait plus être présent à l'Onuci. Elle a indiqué que tous les contrats y compris le sien, sont non-renouvelables. Ces contrats précisent très bien que, premièrement pour les renouveler, l'administration n'a pas obligation d'information. Ils indiquent également que, lorsqu'ils arrivent à expiration et qu'ils ne sont pas renouvelés, le personnel n'a pas droit à des indemnités. Aussi, a-t-elle souligné que c'est plus de 1071 fonctionnaires qui sont concernés par cette mesure. Ces fonctionnaires sont composés d'internationaux, de 649 nationaux, et de volontaires de Nations Unies. Aïchatou Mindaoudou, dit ne pas avoir le pouvoir de proroger le contrat du personnel local comme ils le demandent. 

Ce sont donc des agents choqués vis-à-vis d'une mission qu'ils ont, au prix de leurs efforts et même de leur vie, aidé à réussir et qui s'apprêtent à les laisser sur le carreau. Débauchés d'une entreprise pour les faveurs de l'Onuci pour certains, et à leur premier emploi pour d'autres, tous aujourd'hui se retrouvent dans la même galère.

O.R




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