Coordonnateur du bilan de l'action gouvernementale 2011-2025, Karim Traoré, Directeur de Cabinet du Premier ministre revient sur les progrès réalisés par la Côte d'Ivoire depuis l'avènement au pouvoir du Président Alassane Ouattara, évoque les perspectives de développement du pays pour les prochaines années.
Monsieur le Directeur de Cabinet. Vous avez présenté à la presse et aux Ivoiriens, le mercredi 7 octobre, le bilan de l’action gouvernementale sur la période 2011-2025. Comment s’est fait l’élaboration de ce bilan sur une période aussi importante ?
Nous avons élaboré ce bilan sur instruction du Premier Ministre, avec l'autorisation et l'implication du porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, ministre de la Communication. L'élaboration du bilan obéit en effet au devoir de redevabilité auquel le Président est attaché. Depuis sa prise de pouvoir, il a toujours souhaité que le gouvernement, explique ce qu'il va faire, mette en œuvre un dispositif de suivi de ce qui est fait et mieux, rende compte de ce qui a été fait. Depuis 2011, chaque année, le gouvernement se dote d'un instrument élaboré sur la base des éléments qui découlent du Plan National de Développement.
À partir de 2022, nous avons été beaucoup plus dans le détail en transformant le programme de travail gouvernemental en feuilles de route pour mettre l'accent sur les livrables. Tous les ministères ont dans ce document les livrables qui constituent leurs objectifs annuels. Ainsi, à la fin de l'année, nous avons une évaluation qui constitue le document bilan.
En 2024, nous avons commencé la préparation du PND 2026-2030 avec l’implication de tous les ministères techniques. En ce qui concerne le Plan National de Développement, c'est le ministère de l'Économie, du Plan de Développement. En ce qui concerne les ministères transversaux au niveau des finances, c'est le ministère des Finances et du Budget, ainsi que le département du Portefeuille de l'État. Tous ces ministères transversaux au niveau financier ont été impliqués et tous les ministères techniques ont contribué.
J’ai eu l'honneur de coordonner l'élaboration de ce bilan avec l'ensemble des Directeurs de cabinet, mais aussi et surtout avec mes adjoints au niveau de la Primature et toute une équipe qui a été mise en place. Ensemble, nous avons constitué une force qui a permis d'arriver à ce document que j'ai eu l'honneur de vous présenter.
Pouvons-nous revenir sur quelques avancées notables contenues dans ce bilan et dans quels secteurs elles ont été enregistrées ?
Je pense que le point le plus important en termes de satisfaction dans le bilan du gouvernement, c'est le rétablissement de la sécurité, de la paix et de la cohésion nationale. Vous savez, la sécurité peut être comparée dans une certaine mesure à la santé. Quand on jouit d'une bonne santé pendant plusieurs années, il arrive qu'on n'apprécie pas suffisamment à la valeur et à hauteur l'importance d'être en bonne santé, sauf quand on a une migraine.
La sécurité, par moments, malheureusement, du fait que des efforts sont faits, que des hommes et des femmes sont engagés pour que la population ait sa quiétude, que certains renoncent au sommeil pour nous permettre d'avoir la tranquillité, la quiétude et le rétablissement de la sécurité sont par moments peu valorisés. Et je pense très honnêtement que s'il y a une variable, un facteur de succès qui touche toute la population, qui concerne chacun de nous et qui nous permet de vaquer tranquillement à nos activités, à faire ce que nous souhaitons, à dire ce que nous voulons dans le respect des règles de la liberté d'expression, c'est le rétablissement de la sécurité.
Nous sommes dans un contexte sous-régional particulier, dans un contexte mondial spécifique, avoir un pays comme la Côte d'Ivoire, dans cette sous-région ouest africaine, avec ce qu'on a comme caractéristique en termes de sécurité, c'est un élément de satisfaction pour chacun des Ivoiriens. La sécurité est la chose la plus ressentie par tout le monde. Et pour s'en convaincre, je prendrai l'indice de sécurité qui est passé de 6,8 à 1,2 entre 2011, 2012 et 2025. Nous avons un indice de sécurité aujourd'hui qui est conforme à celui qu'on retrouve dans toutes les grandes villes du monde. J'ai pris deux ou trois exemples simples pour dire que du côté du tourisme et de la culture, la Côte d'Ivoire a reçu, en 2024, 6 300 000 visiteurs. Et nous considérons que ce sont 6 300 000 personnes qui ont fait leurs analyses, qui ont regardé la Côte d'Ivoire en comparaison avec d'autres pays, et par rapport à la compétitivité entre les opportunités que présentent différents pays et qui ont décidé de venir en Côte d'Ivoire parce qu'il y a la sécurité. Ces personnes estiment que la Côte d'Ivoire présente les meilleures caractéristiques pour des vacances, pour du business, pour entreprendre des contacts ici et là. Donc l'évolution notable du nombre de visiteurs en Côte d'Ivoire en dehors de la CAN, montre qu'on a une confiance qui a été établie sur la qualité de la sécurité dans le pays.
Deuxième exemple qu'il faut noter qu’il est désormais possible d’effectuer des voyages de nuit sur toute l’étendue du territoire, et à titre personnel c'est quelque chose de notable, c'est l'impact de la sécurité en termes de dynamique économique. Qui pouvait imaginer en 2011-2012 qu'on pourrait se permettre de voyager la nuit ? C'était impossible. Les supermarchés, les stations-service, les activités liées à la vie humaine aujourd'hui sont menées dans bien d'endroits H24, par moment jusqu'à minuit. Donc le point le plus important de notre appréciation c'est que le Président a réussi à rétablir la sécurité. On se sent en paix et en sécurité dans notre pays.
En 2012, vous pouvez ressortir le nombre d'attaques de commissariats qui ont eu lieu. En 2013, on peut se souvenir du nombre de tentatives de déstabilisation auxquelles nous avons fait face. Et il a fallu que l'État, sous la haute magistrature du Président de la République, réorganise les forces (l’armée, la gendarmerie, la police).
Que le ministère d’État, ministère de la Défense, qui a à charge ces questions, soit à même d'ajuster les méthodes de réaction par rapport aux incidents qui peuvent éventuellement arriver. Mieux, que le système s'organise pour être capable d'anticipation. Et c'est ce qui justifie que nous ayons pu organiser la Coupe d'Afrique des Nations dans de meilleures conditions, et que nous ayons été sollicités tout récemment pour organiser l'Afro-basket et bien d'autres événements. Donc pour nous, le premier point important qui est partagé par tous et qui doit être reconnu de tous, c'est que la sécurité est une réalité.
Après ces avancées notables et significatives, quelles peuvent être les perspectives éventuelles dans les 10 ou 20 prochaines années ?
Il faut toujours avoir comme référence l'ambition du Président pour la Côte d'Ivoire. Et quand nous lisons sa vision 2030 qui traduit son ambition pour la Côte d'Ivoire, il dit qu'il faut que nous travaillions pour devenir un modèle en Afrique et dans le monde, c’est-à-dire que nous puissions nous comparer à des pays qui sont à un autre niveau de développement. Notamment la Corée du Sud, les pays d'Asie, certains pays en Afrique du Nord, certains pays en Amérique du Sud. Il est nécessaire de le faire parce que nous avons le potentiel, une jeunesse qui a de l'énergie, de l'ingéniosité, de l'intelligence et un potentiel incroyable. Donc le Président de la République veut que nous ayons un niveau de pauvreté inférieur à 20% très bientôt.
Mais pour passer de 37% à moins de 20%, nous devons construire plus de zones industrielles. Nous devons continuer d'accompagner nos enfants dans de bonnes écoles. Il faut que le système éducatif continue de s'améliorer. Il faut que l'enseignement technique qui doit passer de 5% à 6% des élèves aujourd'hui, à 15% voire 30% des élèves, puisse retrouver tout son éclat pour qu'il y ait des hommes de métier, des agents de maîtrise, des ingénieurs spécifiques suffisamment formés dans des domaines dont les industries que nous allons faire construire auront besoin. C'est pourquoi le Président travaille à ce que les nouveaux centres d'enseignement technique et professionnel soient disponible sur tout le territoire.
Hier, très peu d'entre nous étaient prêts à encourager nos enfants à aller à l'enseignement technique. Mais depuis deux ans, les parents commencent à demander que leur enfant soit affecté dans telle école. Que vous soyez à Diabo, Botro, Dabakala, Gbéléban, ou dans n'importe quelle région du pays, vous devez pouvoir avoir un centre technique qui donne la possibilité aux jeunes d'avoir des métiers, des diplômes et d'être disponibles pour le développement industriel.
Le Président a dit que l'objectif est de transformer tout le cacao, la noix de cajou en Côte d'Ivoire. Faire en sorte que nous ayons une industrie automobile, une économie qui constitue le socle pour le développement des autres régions alentours, plus d'investissement, l'accès universel à l'électricité (nous sommes à 95,67% des villages électrifiés, il reste environ 4% à couvrir pour être à 100%), contre 33,1% en 2011. C’est donc cela l'avenir. En 2011, seulement 23% de ménages avaient de l'électricité à la maison. Aujourd'hui, environ 71% des ménages ont le courant. Il reste encore 1,4 à 1,6 million de ménages qu'on doit couvrir entre 2026 et 2030 pour que nous soyons à l'accès universel à l'électricité.
L'avenir, c'est aussi faire en sorte que la Côte d’Ivoire devienne un véritable hub qui développe l'économie des services. Quand vous enclenchez votre processus de développement, le secteur primaire porte, on transfère au secteur secondaire, et ensuite on développe la capacité pour que l'économie des services devienne une réalité. Aujourd'hui, les services sont la contribution la plus importante à la création des richesses dans le PIB. Nous devons continuer davantage pour que les services puissent prendre plus d'ampleur, que le poids relatif du secteur primaire diminue, que nous soyons autonomes en capacité de produire tout ce que nous mangeons. Que nous soyons aussi et surtout le grenier de la région pour vendre à d'autres nations.
Les défis à venir pour la période 2026-2030 sont encore plus importants, car nous devons faire des réformes beaucoup plus importantes pour maintenir la dynamique. Parce que la croissance et l'amélioration des conditions sont comme la marche dans un escalier. Plus vous montez, plus les dernières marches sont difficiles. Plus le PIB croît, plus le point de croissance à obtenir est plus difficile. Si nous voulons être à 6% au-delà en moyenne, comme projeté dans le PND, il faut que nous soyons beaucoup plus ingénieux dans les réformes structurelles, et plus aptes à améliorer davantage le climat des affaires pour avoir des investisseurs et développer des capacités nationales, avoir une force de production nationale, notamment les champions nationaux. Et faire en sorte que notre économie soit relativement protégée par rapport aux chocs extérieurs.
Mais pour que cela puisse arriver, le Président dit qu'il faut qu'on maintienne la stabilité du cadre macroéconomique, car c’est elle qui détermine tout. Il faut pouvoir générer plus de richesses, maintenir les comptes publics tel que nous le faisons, faire en sorte que les comptes extérieurs soient bien maintenus pour continuer de commercer avec l’extérieur. Il faut par ailleurs pouvoir faire en sorte que l'analyse des viabilités de la dette puisse être poursuivie pour maintenir la qualité de la gestion de la dette. C'est à ce prix que nous allons continuer d'inspirer confiance, afin d’attirer davantage d'investisseurs et que nos populations locales continuent de faire confiance aux programmes de gouvernement et continuent de prendre le risque pour investir.
Nous sommes donc passés de cette Côte d'Ivoire avec beaucoup de difficultés à une Côte d'Ivoire à compétitivité relative établie, d'une Côte d'Ivoire où nous devons tout mettre en route à une Côte d'Ivoire d'opportunités. Et quand le *Président évoque la Côte d'Ivoire comme terre d’opportunité, ce sont plus d'écoles d'enseignement technique, plus de lycées et collèges, plus de professeurs, plus d'ingénieurs, plus de jeunes confiants dans leur potentiel individuel à tirer profit de l'écosystème mis en place par le Président de la République à travers l’action gouvernementale.
La Côte d'Ivoire telle qu'on l'a aujourd'hui et telle que le PND 2026-2030 va certainement la projeter pour permettre à chacun de nous de vivre mieux c’est plus d'opportunités pour les investisseurs qui voient en Afrique l'avenir, plus d'opportunités pour nos champions nationaux qui doivent grandir et acquérir des parts des marchés dans d'autres régions du monde, plus d'opportunités pour l'administration qui doit se moderniser et être beaucoup plus efficace, plus d'opportunités pour l'ensemble des populations qui vivent dans notre pays et qui contribuent directement ou indirectement dans cette dynamique.
Monsieur le Directeur de cabinet, votre mot de fin
Je voudrais dire que la présentation du bilan qui a été présidée par le ministre de la Communication a été un exercice relativement riche par la qualité des intervenants. Par l’intérêt que tous ceux qui étaient dans la salle ont porté à ce sujet, par l'intérêt que les internautes ont accordé à cette problématique. Mieux, ce bilan nous a permis de noter que malgré un contexte difficile, notamment avec des chocs extérieurs profonds de nature à modifier la trajectoire de développement du pays, ainsi que les incertitudes qui ont entouré la gestion sous-régionale et l'économie mondiale, et les différentes difficultés qui sont enregistrées au niveau du commerce mondial, le Président de la République n'a pas voulu changer de cap en se cherchant des excuses par rapport à ce qu'il a promis aux Ivoiriens eu égard à sa grande ambition pour la Côte d'Ivoire et par rapport à la capacité de ses équipes à mettre en œuvre les ajustements nécessaires pour continuer l’élan de développement. C'est cela un élément important à retenir.
Nous pouvons aussi retenir que 14 ans de gouvernance ont permis de mettre la Côte d'Ivoire à un certain niveau, d'adresser un certain nombre de problèmes structurels, de toucher des millions d'Ivoiriens dans leur quotidien, de faire en sorte que le regard extérieur sur notre pays a totalement changé. Nous sommes désormais un pays vertueux, un pays qui compte. Mais ce bilan permet aussi de nous rendre compte qu'on a des efforts supplémentaires plus importants à faire, parce que quand on fait le premier essai, le second est très important. Et pour y arriver, il faut doubler d'efforts, travailler davantage, faire en sorte que les changements structurels qui sont dynamiques et indispensables pour maintenir la marche soient faits avec acuité, avec l'amplitude nécessaire, mais avec la sagesse nécessaire pour continuer la marche vers le développement. Les réformes doivent donc être continues et approfondies et le développement doit se poursuivre. Raison pour laquelle le gouvernement travaille à élaborer le PND 2026-2030 pour que tous les efforts nécessaires, les amplitudes requises et les alignements indispensables soient mis en place pour continuer la marche et atteindre les objectifs qui sont fixés à l'horizon 2030.
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