Santé

Puissance sexuelle, érection longue durée... : Voici la face cachée de ces médicaments qui ''rendent garçon'' - Les graves révélations de médecins

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Les produits ‘’made in China’’ sont beaucoup prisés par les amateurs de performances sexuelles.

Alors qu'ils font grosse recette auprès des hommes, les produits censés booster les virilités engourdies exposent à bien d'inconnue

Ces dispositifs ‘’thérapeutiques’’ vendus de façon anodine aux coins des rues d’Abidjan et de l’intérieur du pays sont de véritables bombes à retardement aux conséquences inattendues. Enquête sur l’envers du marché juteux de cette quête effrénée de puissance et de performance sexuelles.

Le « pays de l’hospitalité » a la libido en bandoulière. Et les Ivoiriens n’ont plus que ‘’ça’’ en tête. Et à la bouche. Deux faits majeurs l’attestent : après la fièvre des pommades boosters Bobaraba (pour fesses) et Lolos (pour seins), la transition naturelle s’est opérée : le sexe est devenu le principal sujet de prédilection. En termes de préoccupations. Et donc, – naturellement – d’offres… de ‘’solutions’’. Thérapeutiques ou pharmaceutiques, c’est selon. Deux constats le certifient : le taux de ‘’consommateurs’’ (clients et/ou patients) de produits ou médicaments inducteurs d’érection est en constante progression. Quatre vendeurs sur cinq ‘’consultés’’ dans le District d’Abidjan assurent écouler en moyenne entre trois et six bouteilles, pots, paquets, sachets ou plaquettes des différents dopants sexuels par jour, contre deux à trois au lendemain de la crise postélectorale ivoirienne. Mieux, l’explosion du marché est telle que la pratique s’est, depuis, installée dans les habitudes – thérapeutiques et même culinaires – de nombreux Ivoiriens, toutes couches confondues. Résultat, c’est cet ami qui vous conte ses incroyables performances intra-jambaires du week-end, grâce à un seul ‘’petit’’ comprimé de Black Cobra; ce proche qui confirme que les ‘’compléments alimentaires’’ à base de Moringa qu’il prend ont réglé ses soucis de contrôle (parlant d’éjaculation précoce, Ndlr) ; ce collègue qui vous vante les mérites de 4 Air Cola, une certaine boisson ‘’énergétique’’ qui lui permettrait de « piquer dur » (être endurant au lit, Ndlr); ou ce ‘’grand frère’’ qui assure retrouver « la fougue de [ses] 18 ans », grâce à de justes doses d’Atoté, le dernier produit à la mode...

A Abidjan comme à l’intérieur du pays, ces produits versés et vendus à la criée ou dans des véhicules équipés de mégaphones dans les rues et points de grandes affluences, jouissent d’un franc succès auprès de la gent masculine. Sur 10 clients pris sur les faits (d’achat), 6 affirment y avoir recours « très souvent», quand 4 soutiennent n’en prendre que « parfois, quand ce n’est pas la grande forme ». Cependant, tous sont unanimes : ces produits « font du bien, ils sont effcicaces ». Du moins pour le traitement des hémorroïdes, ‘’plaies de ventre’’, fatigue générale et autre faiblesse sexuelle pour lesquels ils seraient indiqués. Et, tous prétendent avoir appris, depuis, à « bien connaître ces médicaments ». Ce que l’on connait moins – et que les bienheureux clients semblent ignorer – en revanche, c’est le versant silencieux de cette ruée vers ces dopants sexuels censés ‘’rendre garçon’’. Versant qui, au terme de trois mois d’investigations, s’est révélé aux antipodes du cliché servi bruyamment aux grands carrefours de la capitale économique.

 

Un marché fabuleux

D’abord, il y a le marché fabuleux que représentent ces produits, rien que dans la capitale économique : une croissance qui ne connait presque pas la crise ces quatre dernières années et qui se nourrit de prix non encadrés, laissés au bon vouloir des opérateurs du secteur. Un véritable pactole que se disputent fabricants, naturothérapeutes, tradipraticiens, importateurs, distributeurs, promoteurs et (re)vendeurs de tout acabit à travers un marketing de proximité acharné voire agressif.

Ensuite, l’incroyable obsessionde puissance sexuelle et de performances intra-jambaires dont Abidjan est en train de devenir la plaque tournante, avec la multitude de produits (décoctions, comprimés, écorces, racines, boissons…) inducteurs d’érection qui inondent les marchés, coins de rues et même ruelles des quartiers.

Enfin, la facilité avec laquelle les clients/patients se laissent convaincre par les vendeurs/promoteurs de ces produits. Mais il faut l’admettre : ces hommes ou femmes qui s’échinent à jouer les pharmaciens ou médecins du sexe dans les rues ont le don des mots justes et forts. Pour dire les maux réputés pour être de redoutables ‘’empêcheurs d’être garçon’’ au lit. Et, partant, pour inciter les concernés à l’achat. « Si je mentais, je ne serais pas ici tous les jours à la même heure. Parce que les clients insatisfaits allaient m’attaquer », argue Cissé G.P, comme preuve de sa bonne foi et de l’efficacité de la dernière décoction à la mode, qu’il ne se lasse pas de vanter à tue-tête via des mégaphones, aux grands carrefours du District d’Abidjan.

Ici, sur les grands marchés, aux points de grandes affluences, jusqu’au cœur-même des quartiers, à Port-Bouët, Koumassi, Treichville, Adjamé, Abobo, Yopougon…, on y croise ces ‘’dealers’’ du sexe, hommes, femmes, jeunes, parfois même des adolescents, proposant, en toute quiétude, leurs produits. Les uns avec des véhicules lestés de potions embouteillées dans des bidons récyclés. Les autres avec leurs étals ou mallettes achalandés de paquets ou tubes aux emballages assez particuliers. Les plus expressifs affichant d’énormes pénis impressionnants d’érection ou des félins rugissant, tous crocs dehors. Pourtant, au sud comme au nord de la capitale économique ivoirienne, quelle que soit l’ambiance ou l’heure, l’image, à l’observation, est quasi-identique : a priori, ces produits n’intéressent pas grand monde. Mauvaise lecture en vérité. « En fait, c’est connu, tout ce qui touche au sexe publiquement, est tabou chez nous. Donc, les gens sont gênés et ceux qui viennent directement comme pour un achat ordinaire ne sont pas nombreux. Mais, détrompez-vous ! La plupart des clients ont développé des techniques bien à eux pour se procurer le médicament. Beaucoup attendent la nuit tombée vers 19-20h pour passer », explique Sékongo F., vendeur à la Siporex (Yopougon), du fameux Atoté.

 

Des érections… pour rentabiliser

Trois ‘’petites journées’’ passées avec Sékongo F., Ladji B. et Zéi C. à leurs ‘’bureaux de vente’’ respectifs à Yopougon, Adjamé et Koumassi, et le voile de doute que nous commencions à déployer sur la rentabilité de ce business se déchire : quadras, quinquas, hommes d’affaires, fonctionnaires, jeunes mais aussi paumés en tous genres sont, en effet, des clients fidèles de ces ‘’pharmaciens’’ du sexe. Des vendeurs à qui ils s’ouvrent d’ailleurs volontiers, avec en bandoulière, toujours, leur libido et en point de mire leur obsession de puissance sexuelle. « Entre un client et nous, ce n’est pas le sexe en lui-même qui est tabou. Ce sont plutôt les problèmes sexuels, les éjaculations précoces, les érections molles ou courtes... Ou même quand c’est totalement ‘’mort’’. Parce que très souvent, les hommes ont du mal à dire toute la vérité à ce niveau-là. Or, à ma connaissance, les produits qui sont sur le marché, c’est juste pour booster la virilité et non réssuciter ce qui est déjà ‘’mort’’. Donc, on tente d’être clair là-dessus », explique Yves Kadio, vendeur spécialisé en comprimés et autres gélules dopants sexuels aux 220 logements (Adjamé).

A côté des comprimés et autres gélules généralement signés ‘’Product of China’’ qui ont un certain succès, depuis fin 2014, les décoctions de plantes embouteillées recoltent les plus gros suffrages des clients/patients. A ce titre, Bamba V. passe pour être l’un des plus gros vendeurs actuels du marché, avec son produit en vogue porté par le slogan « un coup démarrer » auquel nombre d’Abidjanais sont aujourd’hui familiers. Une décoction censée neutraliser, sans coup férir, toutes les maladies dérivées de l’hémorroïde tout en administrant, par ricochet, de vigoureux coups de fouet aux virilités engourdies. « Mais, si on insiste sur le ‘’un coup démarrer’’ pour mettre en avant les qualités aphrodisiaques du produit, c’est parce que c’est ce côté qui intéresse et attire les clients. C’est vrai, par pudeur, la plupart des clients parlent toujours des maladies comme le ‘’Kôôko’’ (Hémoroïdes, Ndlr) ou les ‘’plaies de ventre’’. Mais, on le dit même, ce sont ces maladies qui favorisent les éjaculations précoces, des érections molles ou de courte durée et même des pannes sèches. Donc, on se comprend, on sait que le vrai probème des clients, c’est le ‘’démarrage’’ (capacité à obtenir et/ou maintenir une érection conséquente et de longue durée, Ndlr) et donc, c’est le côté ‘’un coup démarrer’’ qui les intéresse », explique Siama K., vendeur du fameux philtre au grand marché de Treichville. Puis de poursuivre : « Les femmes aussi peuvent utiliser ces produits puisqu’ils soignent tous les maux internes ». Mais la majorité de la clientèle reste constituée d’hommes malmenés à des dégrés divers dans leur orgueil de mâle par quelques soucis…’’virilitaires’’ qui mettent à mal leur harmonie conjugale. Mais pas seulement ! A en croire les explications de Seydou B., un autre vendeur qui trahit des confidences de clients/patients, la ruée constatée vers les divers dopants sexuels cacherait une autre explication. Chez bien des hommes, en effet, de plus en plus, il est question de ‘’rentabiliser’’ les investissements financiers que leur coûtent leurs « conquêtes de dehors ». Il s’agirait, pour les concernés, de parer à toute éventualité de méforme ou panne à ‘’l’heure de vérité’’ avec leur belle de « dehors ». En s’offrant des érections de Grec ou de barreau de chaise. Qu’importent les risques inconnus liés à l’usage régulier de ces produits qui, d’ailleurs, font également fureur chez les plus jeunes de 18 à 30 ans. Ici aussi, croit savoir Diarra T., un autre vendeur, les ‘’petites’’ de leur catégorie laisseraient éclater un tel tempérament de feu au lit… que ces « jeunes gens » ne voient pas d’autre choix que de recourir au soutient de ces produits. Qu’importent, en définitive, les complications post-usage de ces produits qu’il incombera toujours, naturellement, aux uns comme aux autres, de gérer seul à l’heure des comptes.

 

Des revers terribles

Ces produits qui font, à Abidjan comme à l’intérieur du pays, la fortune de promoteurs et vendeurs de tout acabit, sont souvent responsables de situations qui se dénouent aux urgences des hôpitaux, pour les plus chanceux. Ou, pour d’autres, virent à des drames que la honte les oblige à cacher… à vie. En effet, ces médicaments dont les vendeurs/promoteurs vantent à tue-tête les actions sécurisées aussi bien pour le traitement de maux divers que pour l’induction d’érection, produisent parfois des revers magistraux. Et surtout mémorables. Mais, on en parle (très) peu. Ou presque pas. Parce que notre système de veille sanitaire a déposé depuis longtemps les armes – ou même ne les a jamais prises – quant au contrôle du marché des ‘’médicaments sauvages’’ entrant et/ou vendus sur le territoire national et leurs effets sur les populations. Et aussi et surtout, parce que, face aux médecins dans les hôpitaux, les victimes, honteuses, ont souvent tendance à s’arranger avec la vérité, préférant signaler « un médicament traditionnel pris contre le ‘’Kooko’’» plutôt que d’avouer un dopage qui a mal tourné. Or, des victimes, nous en avons rencontrées. Et les avons fait parler. Sexualité ‘’addictée’’ aux dopants pour les unes, libido exacerbée avec des envies répétées et irrépressibles de faire l’amour pour certaines, voire crise de priapisme pour d’autres. Des ‘’ennuis’’ toujours consécutifs à l’usage d’un de ces multiples dopants du marché dont personne ne connaît vraiment les effets secondaires qui (...)

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