Interview / Jacques Anouma : « Les Eléphants sauront, cette fois-ci, mettre de côté leur égo »


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: vend. 13 juin 2014
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Jacques Anouma, l'ex-président de la Fédération ivoirienne de football (Fif) et par ailleurs membre du Comité exécutif de la Fédération internationale de football (Fifa), se trouve au Brésil depuis le début du mois de juin, pour la Coupe du monde. Avant de s'envoler pour le pays du Roi Pelé, il a bien voulu confier ses pronostics et ses attentes à L'inter.

Les Éléphants sont à leur troisième participation, vous qui avez conduit deux expéditions successives, comment jugez-vous cette troisième participation? Qu'attendez-vous? Jusqu'à quel niveau pronostiquez-vous pour les Éléphants?


Je pense qu'on ne va pas redire, chaque fois, la même chose. On dit bénéficier d'une poule assez clémente, mais pas facile. Il faut faire attention. Et je crois que notre premier adversaire, ce sera peut-être notre trop grand optimisme. Parce que beaucoup de gens ont l'impression que nos adversaires ne sont pas de gros calibres. Mais, c'est là qu'il va falloir faire attention. Comme je le dis à tous ceux qui me posent la question, j'ai l'impression et je sens que quelque chose va se passer au Brésil, cette fois-ci. Il n'y a pas de raison qu'avec une équipe qui a pris de la maturité, de jeunes ''loups'' qui ont fait leur entrée dans cette équipe, on n'aille pas au deuxième tour cette fois.


Est-ce une intuition, quand vous affirmez cela, ou voes basez-vous sur votre vécu en tant que président qui a conduit les Éléphants à deux Coupes du monde?

Les deux. Parce que comme je l'ai dit, l'équipe a gagné en maturité. Dans chaque ligne, il y a maintenant des gens d'expérience. Copa a pris de l'assurance, Yaya a un rayonnement mondial. Devant, vous avez des garçons comme Gervinho et Wilfried Bony qui sont capables de créer l'exploit face à toutes ces équipes. Je pense qu'on a les hommes pour aller au deuxième tour. Et mon intuition me dit qu'on le fera. Il suffit qu'on soit tous mobilisés autour de cette équipe pour que l'exploit se réalise.


Vous connaissez parfaitement les joueurs. A chaque compétition, leur ego sur-dimensionné est mis en cause. Est-ce qu'aujourd'hui, les Éléphants peuvent se départir du complexe du héros solitaire pour rester solidaires dans l'effort?

Je ne vais pas me mettre à la place des dirigeants, mais c'est un sujet dont on a tellement parlé. Je pense honnêtement que ça sera l'objectif numéro 1 pour l'encadrement technique et administratif. On a tellement parlé de leur ego que je pense que cette fois-ci, ils devaient en tenir compte. Mais il ne faut pas s'en faire. Dans toutes les équipes, il y a des ego. C'est aux joueurs de prendre leurs responsabilités. Et avec la maturité qu'ils ont aujourd'hui, ils devaient pouvoir surmonter ça.

Il faut leur faire confiance. Le pessimisme a trop gagné les Ivoiriens. Il nous faut sortir de là et faire confiance à cette équipe. Aussi sommes-nous en football, et en football, tout peut arriver. On a vu, dernièrement, la finale de la Ligue européenne des champions. Le football nous réserve tellement de surprises. Pourquoi, cette fois, la surprise ne serait pas de notre côté? Avec un peu de chance, on devrait pouvoir faire ce que le Ghana a fait en 2010.


C'est vrai que c'est une équipe en pleine maturité mais avec des joueurs qui ont aujourd'hui autour de 35 ans, pour certains et d'autres qui n'ont pas beaucoup joué en club, malgré leur expérience. Cela ne peut-il pas jouer des tours ?

Même si vous ne les citez pas nommément, les joueurs dont vous parlez ont pris conscience de leur valeur. Aujourd'hui, même menés, nous ne sommes pas inquiets. C'est quand même un plus. Maintenant, attendons de voir. Il faut concrétiser cela sur le terrain.

A part le Japon, on ne connaît pas vraiment les autres adversaires des Éléphants

On ne les connaît pas... La Colombie est, je crois, 5è mondiale, la Grèce est avant nous. Et il n'y a que le Japon qui est derrière. Donc, on les connaît. Toutes les équipes sont venues dans les mêmes conditions. Il n'y a en pas une qui a plus de joueurs qu'une autre. Donc, faisons confiance et allons-y à l'unissons. La solidarité, pour moi, n'est pas un simple mot. Si on est solidaires et qu'on se fait confiance, on devrait pouvoir y arriver. Ce n'est pas forcément des foudres de guerre qu'on a devant nous. A l'époque, quand on parlait de l'Argentine, de la Hollande, du Portugal, du Brésil, on se disait ''si Dieu le veut''. Mais, aujourd'hui, on a des adversaires qui ne sont pas forcément des foudres de guerre auxquels il va falloir faire très attention parce que la Coupe du monde transcende.


Psychologiquement, les Éléphants sont-ils mieux armés cette fois-ci, par rapport aux deux dernières fois, pour aborder cette compétition?

Psychologiquement, ils sont plus armés parce qu'il y a des joueurs qui ont pris une valeur internationale sans égale. C'est pour cela que je dis : faisons confiance à cette équipe. Notre seul adversaire s'appelle nous-mêmes. S'il n'y a pas de blessé (je touche du bois), comme ça a été le cas en 2010 avec Didier qui s'est blessé à la dernière minute, si tous les joueurs ont pu récupérer de leur saison, il n'y a pas de raison que l'exploit ne se fasse pas.


Quel regard jetez-vous sur les autres sélections africaines, notamment le Nigeria, le Ghana, le Cameroun?

Sans parti-pris, j'ai une grande confiance au champion d'Afrique qui est le Nigeria. J'ai l'impression que cette équipe pourra aller loin. Le Ghana a moins d'individualités que la dernière Coupe du monde. Le football d'aujourd'hui a cette particularité que tous les joueurs présents au Mondial se connaissent et s'affrontent dans les meilleurs championnats européens. Donc, on n'a plus de complexe. Chaque État a des joueurs qui jouent en Angleterre, en Espagne, au Portugal, en Allemagne. Donc, ils se connaissent tous. Il n'y a donc plus de complexe. Lors de la première Coupe du monde, on était un peu complexés par rapport aux grosses cylindrées qu'on avait en face de nous. La preuve, en 20 minutes, on était chaque fois mené 2-0. On ne se retrouvait pas. Mais, on a pris de la graine. A chaque Coupe du monde, on a progressé. Cette fois-ci, on devrait progresser plus.


Comment justifiez-vous votre confiance à propos du Nigeria?

Ils sont plus complets, à mon sens. Je parle du Nigeria parce que je l'ai vu jouer plusieurs fois. Contrairement au Cameroun et au Ghana que je n'ai pas vu jouer beaucoup cette année, je connais mieux l'équipe de Côte d'Ivoire et celle du Nigeria que j'ai vu évoluer. C'est pourquoi mes faveurs vont en direction de ces deux pays, la Côte d'Ivoire et le Nigeria.

Le Ghana restant un bon outsider, le coup est jouable. Le pays qui est dans la poule de la mort, c'est le Ghana. C'est pourquoi je suis un peu prudent. Le Ghana et le Cameroun sont dans des poules assez relevées. C'est pourquoi mes faveurs vont d'abord à la Côte d'Ivoire et au Nigeria. Pour les autres, il y a un coup à jouer.

Stéphane Keshi, le sélectionneur du Nigeria, pronostique une finale pour ses joueurs. Est-ce réaliste de dire cela?

Oui. Qui attendait le Ghana en quart de finale en 2010? On était à deux doigts d'une demi-finale historique. Pour avoir passé plus de 30 ans dans le milieu du football, je pense que c'est quelque chose d'extraordinaire parce qu (...)

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