Interview exclusive / Après deux ans d'exil, Serges Kassy crache ses vérités à Alpha Blondy - Ce qu'il dit de Ouattara et de Gbagbo - Comment il vit son exil en France - « Mes conditions pour rentrer en Côte d'Ivoire »


''Je souhaite me retrouver dans mon pays avec le retour du Président Laurent Gbagbo, seul gage d'une paix durable en Cote d'Ivoire''
  • Source: L'Inter
  • Date: sam. 28 sept. 2013
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Depuis Paris, l'artiste-chanteur de reggae, Serges Kassy, en exil en France, suit de près l'actualité ivoirienne. Dans cet entretien, l'enfant de Port-Bouët parle de Gbagbo, Alpha Blondy, sa vie privée et sa carrière. Causerie à bâtons rompus...

Serge Kassy, qu'est-ce qui explique votre engagement féroce pour la cause du Président Laurent Gbagbo ?

Je n'aime pas le mot ''féroce'' qui me rappelle les dozos et les FRCI, dans leur animosité sur les Pro-Gbagbo. Je dirai plutôt ''indéfectible soutien'' car j'ai horreur de l'injustice, et je crois que le Président Laurent Gbagbo est victime d'une injustice criante qui se dévoile peu à peu.

Certaines personnes estiment que vous avez mis votre carrière musicale en veilleuse pour vous consacrer à Laurent Gbagbo. Qu'en dites-vous ?

C'est leur point de vue, que je ne partage pas parce que l'artiste engagé que je suis, est resté toujours constant dans la poursuite de sa carrière. Sauf que ses prises de position n'ont pas toujours été faciles pour lui, alors que d'autres avaient le tapis rouge devant eux. Dans mon cas, je n'ai pas eu droit au tapis rouge car défendant mon peuple. Ce qui n'a rien à voir avec mon talent. Sinon, j'avance lentement et sûrement.

Vous reprochez souvent à votre ami Alpha Blondy son inconstance politique, pourtant vous aussi vous avez été, en son temps, un proche du Président Ouattara ?

J'ai été, dans ma vie, constant dans mes faits et gestes et je les assume. Je n'ai jamais été un proche de M. Ouattara, jamais. En sont temps, j'étais contre cette polémique du ''Et'' et du ''Ou'', car pour moi, les esprits n'étaient pas encore préparés à cela. Il fallait éviter les amalgames. Pour moi, cela pouvait entraîner une guerre civile, si l'on y prenait garde. Concernant ADO, j'ai dit : ''ayant une partie du peuple avec lui, il serait souhaitable de lui permettre de se présenter aux élections afin d'éviter sûrement une guerre''.

C'était en 2000, sous le général Guei, paix à son âme. Du coup, en son temps, on a dit que Serges Kassy soutient ADO. Et comme je ne voulais pas rentrer dans la polémique, j'ai laissé l'histoire se construire et des années après, ce que je craignais s'est réalisé. Une guerre est survenue après l'éviction de Ouattara. Gbagbo a pris sur lui l'article 48 pour lui permettre de se présenter, on est tombé dans une guerre civile. Voilà la vérité. Ma constance ne souffre d'aucune ambiguïté.

Alpha Blondy dit d'arrêter de jouer au ''Couillons'' et de rentrer en Côte d'Ivoire. Que vous inspire cette prise de position de votre frère ?

Alpha Blondy a dit, sur les antennes de RFI, d'arrêter de jouer au ''Couillon''. Moi, je lui réponds qu'en fait, c'est à lui d'arrêter de faire le c... Si malgré ce qui se passe au pays, lui il feint de ne rien voir, ni entendre, qu'il ne vienne pas nous emmerder. Pour notre peuple, nous avons un devoir. Alors, qu'il la ferme et qu'il mange.

Dites-nous, que vous faut-il pour rentrer au pays comme votre ami John Yalley, qui était lui aussi proche du Président Laurent Gbagbo ?

Pour mon retour au pays, il faut que tous les prisonniers politiques soient libérés. Il faut que tous les exilés rentrent. Il faut que les conditions sécuritaires soient réunies. Que tous les exilés rentrent sans crainte dans un environnement sain, au pays. Si toutes ces conditions sont en place, alors je penserai, en ce moment, que ma sécurité peut être garantie. Je penserai, ce moment, à un retour au pays.

Que pensez-vous du retour au pays de John Yalley ?

Écoute, frère, chacun a son destin en main. Celui qui juge que le moment pour lui de rentrer au pays est arrivé, qu'il rentre. Mais pour moi, le combat continue pour ramener la paix et la réconciliation vraie entre les Ivoiriens.

Recevant John Yalley, après son retour au pays, le ministre Bandaman affirmé qu'il n'a aucune nouvelle de vous ?

Le ministre Bandama vient souvent à Paris (…). S'il voulait me voir et avoir de mes nouvelles, il allait le faire (…) Il rencontre pourtant d'autres artistes...

Ne pensez-vous pas que la cause de votre mentor, le Président Laurent Gbagbo, est perdue à La Haye ?

Laurent Gbagbo est un leader africain victime d'une injustice, et j'ai pris fait et cause pour lui. Je l'ai fait, non pas pour sa beauté, mais pour la défense des institutions qu'il incarnait. C'est depuis les années 90 que nos positions se sont rapprochées. L'artiste que je suis, n'a pas de mentor, comme vous le dites. Mon mentor, c'est le peuple. Pour revenir a votre question, je pense que la dernière décision de ne pas confirmer les charges contre le Président Laurent Gbagbo est une preuve que c'était du mensonge. Que c'était un complot monté de toutes pièces et qu'au finish, il manquait une pièce au puzzle. Vu sous cet angle, nous avons espoir qu'il sortira de prison.

Avez-vous eu le privilège d'avoir une communication avec lui, depuis qu'il est en prison ?

Depuis qu'il a été déporté à La Haye, je vais souvent suivre son procès, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir ou de rentrer en communication directe avec lui. Cependant, par personnes interposées, nous parlons. Il m'envoie des messages.

Avez-vous les nouvelles de vos amis artistes exilés ?

Oui. Je suis en contact avec mes amis artistes exilés. Je suis en contact avec Gadji Celi, qui réside en France comme moi. Je suis souvent en ligne avec François Kency qui est en Belgique. C'est la même chose avec Dohoun Kevin et Zongo qui sont, eux, en Allemagne. Ils vont tous bien. Ils continuent leurs carrières ici, en plus du combat qu'ils continuent également pour la paix et la réconciliation en Côte d'Ivoire.

Avez-vous les nouvelles de votre ami Charles Blé Goudé ?

Frère, comme tous les Ivoiriens, je n'ai aucune nouvelle de Charles Blé Goudé. Comme nouvelle que j'ai, c'est celle de son conseil d'avocats qui dit qu'il serait à la DST, dans un piteux état. Qu'a-t-il fait ? Comment est-il traité ? Est-il encore en vie? Je ne saurais le dire. C'est pourquoi j'interpelle toutes les organisations internationales de défense des droits de l'homme afin qu'elles soient regardantes sur le cas de Charles Blé Goudé qui, avec les mains nues, a prôné la paix en Cote d'Ivoire à travers des tournées, meetings, caravanes et autres... Sa détention est arbitraire et injuste. Il faut le libérer, lui et tous les autres prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles au Nord de la Côte d'Ivoire.

Votre femme vous aurait quitté depuis que vous êtes en exil ?

Ecoute, retiens seulement que je suis un cœur à prendre...

Comment vous vous sentez dans votre peau d'artiste exilé et comment vivez-vous ?

Ecoute, c'est une nouvelle vie qui a commencé pour moi, depuis la Ghana. C'est quelque chose que nous n'avons pas préparé. Mais c'est arrivé et nous l'assumons dans la dignité. Je continue ma carrière musicale, tranquillement. Je viens de boucler une tournée qui s'est terminée à Paris, le 5 juillet dernier, lors d'un grand concert où nous avons fait le plein de la salle.

Pour cette fin d'année, nous nous préparons. Je suis présentement en studio pour la sortie prochaine, sur le marché français, de mon nouveau single de deux titres dénommé ''Devoir de vérité''. Je demande à tous les Ivoiriens de bien accueillir ce nouveau single, disponible fin octobre 2013 dans les bacs et sur internet. Voilà de quoi je vis et je me sens très bien, Dieu merci.

Quels sont vos projets au niveau musical ?

Mes projets futurs, c'est incontestablement un grand concert que nous projetons d'organiser au Bataclan, à Paris, en mars 2014. En février, un autre grand concert à Bois-Colombes, dans la banlieue parisienne, et vous serez informés à temps.

Quels sont vos souhaits ?

Je souhaite me retrouver dans mon pays, avec le retour du Président Laurent Gbagbo, seul gage d'une paix durable en Côte d'Ivoire. Je souhaite que la paix gagne tout un chacun afin que le peuple ivoirien, dans son entièreté, retrouve la joie de vivre. Je voudrais dire à toute la jeunesse ivoirienne de croire en la Cote d'Ivoire, de ne jamais désespérer, de se battre pour que la Cote d'Ivoire se retrouve, demain, dans le concert des nations.

Que l'Afrique, ce berceau de la richesse et de l'humanité se retrouve dans le concert des grands continents. Je salue, à travers le journal L'inter, tous les Ivoiriens. Bientôt, par la grâce de Dieu, nous nous retrouverons dans notre pays, la terre de nos ancêtres. Que Dieu béénisse mon pays, la Côte d'Ivoire.

Une correspondance particulière de Thibault R. GBEI, à Londres


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