2 semaines après la libération des sites de la BAE et des gendarmes : Les riverains entre joie et craintes - Ce qu'elles redoutent des ex-combattants déguerpis de Yopougon et d'Abobo


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: mer. 20 mai 2015
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Dans le cadre de l'opération ''Bonheur'' portant désarmement, démobilisation et réintégration des ex-combattants, le vendredi 24 avril à la caserne de la Brigade anti-émeute (Bae) et le mardi 5 mai 2015 au camp de gendarmerie d'Abobo, les autorités militaires ont officiellement rétrocédé lesdits sites aux généraux Brédou M'bia de la Police et Gervais Kouassi de la gendarmerie nationale.

Aujourd'hui, quelle est la nouvelle vie des populations riveraines de ces deux sites libérés, après le départ des squatters et le retour des vrais propriétaires des lieux. Notre reportage !

En ce début d'après-midi de samedi, il règne un silence autour de la caserne de la Bae de Yopougon, première étape d'une visite des sites anciennement occupés par les ex-combattants, que nous avons entreprise. Les commerces sont ouverts, mais on note moins d'affluence. A l'entrée de la cité policière, deux agents en tenue montent la garde. A l'intérieur, un autre groupe d'environ quatre policiers veillent sur les entrées et sorties. Des enfants vont et viennent, les uns portant des bouteilles de gaz qu'ils venaient de charger, et les autres des objets divers. Tout indique que les policiers ont effectivement repris possession de leur caserne, qui présente un autre visage que celui observé au cours de l'opération de libération du site. Jardins tondus, aux coins bien arrondis. Balais à la main, des policiers nettoient leurs aires. Dans un des immeubles, nous trouvons des agents regroupés autour d'un repas. Un d'entre eux confie qu'ils prennent leur pause, car avant notre arrivée, c'était la corvée. Ces policiers font partie de l'équipe que le chef du service assainissement de la caserne a mis en place pour nettoyer les aires. Puis d'expliquer: « Comme vous pouvez le constater, on s'installe. En attendant la réhabilitation promise, on essaie, à notre niveau, d'assainir comme on peut notre environnement». Pour ce faire, «les chefs ont acheté des machettes et chaque jour, on s'emploie à désherber la cité. Ils ont aussi acheté une débroussailleuse et prévoient d'en acheter une seconde», poursuit notre interlocuteur. Selon lui, les patrons avaient contacté un opérateur mais celui-ci leur a produit un devis onéreux. «Il a demandé 250 puis 350 mille Fcfa par jour, par machine. En plus, il a dit que nous devions payer 300 mille Fcfa au porte-char qui doit faire venir le tracteur, que le carburant pour le travail, qui selon lui devrait durer plus d'un mois, serait à notre charge». Devant cette réalité, «on fait des portions pour avancer», affirme-t-il en rassurant qu'ils n'ont pas besoin de grand-chose ; juste le minimum. «Quand on va en mission, au cours des visites d'État par exemple, c'est dans les salles de classe qu'on dort. Imaginez ce que va coûter à l'État s'il doit loger des milliers de corps habillés dans des hôtels!», nous le fait-il savoir.

 

Les policiers redonnent une nouvelle santé à la cité Bae

Notre interlocuteur admet que la construction de la caserne aurait été un chef-d'œuvre, si le projet avait été mené à terme. Après avoir pris le pouls de la situation au sein de la caserne, nous nous dirigeons vers les riverains. Dadis Traoré, tenancier d'un kiosque à café en bordure de la clôture de la caserne, est le premier visité. Il est seul dans son kiosque. Pas un seul client. En tout cas depuis le départ des ex-combattants, les choses ne marchent pas bien pour lui. Ces derniers étaient ses clients. N'empêche, il est heureux parce que «il y a du mieux» depuis le retour des policiers dans leur caserne. « Les policiers ne se mêlent pas aux mouvements de rue», nous dit-il. Mais surtout parce que ses souffrances avec les ex-combattants sont terminées. «Ils mangeaient parfois à crédit et quand vient le moment de payer, ils font des palabres et emploient la manière forte pour ne pas solder», s'en souvient Dadis. Par contre, les sœurs Sangaré affirment que les ex-combattants ne les dérangeaient pas. « Ils n'étaient pas mêlés à des braquages», soutiennent-elles. Même opinion de la part des employés de la station-service en face de la Bae. «Avec les ex-combattants, c'était la vraie sécurité. Quand il y avait de petits problèmes entre populations, ils intervenaient et ils réglaient. Parfois, ils amenaient les gens dans le camp. Pour l'instant, on ne voit pas les Bae puisqu'ils ne sont pas totalement revenus», disent-ils. Mais le témoignage d'une tenancière de maquis qui a requis l'anonymat, est accablant. C'est d'abord par un grand soupir qu'elle réagit, pour indiquer son soulagement. La commerçante raconte que plusieurs fois, ses collègues et elle ont été victimes de vols de leurs matériels de travail par les ex-soldats. «Je suis contente. C'est mieux qu'ils soient partis, le quartier respire mieux. Ce sont des voleurs. Ils ont volé mes chaises et mes bouteilles de gaz. Celles de ma voisine aussi. Ils rackettaient les passants, frappaient et torturaient les gens, jeunes comme vieux, qu'ils emmenaient dans le camp. Ils arrachaient même les sacs des passants», s'en plaint-elle. Mais, côté recette, elle avoue que le départ des ex-combattants ne leur est pas favorable, car il a provoqué la chute de la clientèle. Gueye Éric, conducteur d'un transport en commun, lui, indique n'avoir jamais eu de problème avec les ex-occupants de la caserne. La dernière fois qu'il est passé devant le camp remonte à trois mois.

 

Le retour des p (...)

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