Indemnisation des victimes de la crise post-électorale / Issiaka Diaby (Pdt du CVCI) : « Des ministres sabotent l'opération » - « Nous avons 300 cas de blessés graves et 4.500 orphelins »


Issiaka Diaby a confié que sa structure envisage de traduire des ministres en justice.
  • Source: Soir Info
  • Date: mar. 19 mai 2015
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Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes en Côte d'Ivoire (Cvci), sort ici de ses gongs, menace de traduire en justice des ministres, et se prononce sur l'opération d'indemnisation des victimes de la crise post-électorale.

Comment appréhendez- vous l'opération d'indemnisation et de dédommagement des victimes de la crise post-électorale, que vient d'initier le gouvernement ?

Issiaka Diaby : Nous avons salué, depuis son annonce par le président de la République, cette opération inédite. Pour nous, l'indemnisation doit passer par la prise en charge médicale de nos concitoyens qui portent des stigmates de la guerre. Elle doit commencer par la réinsertion des orphelins de la crise, qui ont le droit d'aller à l'école. Ce sont nos préoccupations majeures, et sans oublier les mutilés. Ils doivent être immédiatement assistés.

 

Votre structure compte combien de victimes de ce type ?

Aujourd'hui, nous sommes à près de 300 cas les plus graves, que nous avons déjà identifiés et remis à l'époque à Mme la ministre Anne Désirée Ouloto. Malheureusement, 5 victimes sont décédées. Nous ne voulons pas laisser ces choses prospérer en Côte d'Ivoire. La dernière personne est décédée le vendredi 1er mai 2015, alors que le Premier ministre a mis les moyens nécessaires pour qu'on s'occupe des victimes. Concernant les orphelins, nous avons dit qu'en Côte d'Ivoire, ils sont prêts de 4 500 personnes pour lesquelles, l'État doit mener des actions concrètes. C'est une obligation régalienne pour l'État d'assurer leur scolarité. Nous avons l'intime conviction que l'État n'est pas contre. Mais, ce sont des animateurs de certaines structures qui bloquent l'opération. Il y a aussi des ministres qui sabotent l'opération en gardant par devers eux des sommes décaissées.

 

Comment et par quels procédés ces animateurs et ces ministres bloquent-ils l'action de l'État ?

Quand des ministres qui ont en charge de mettre ces enfants à l'école ne le font pas, et qu'ils font main basse sur cet argent pour s'offrir des villégiatures, et qu'ils ne donnent aucune explication à leur attitude, qu'ils n'avancent pas d'arguments juridiques légaux pour nous convaincre, nous disons qu'ils bloquent ou même qu'ils sabotent délibérément le processus. Nous envisageons de les traduire en justice.

 

Est-ce que l'État a dégagé des moyens pour agir dans ce sens ?

Les moyens ont été mis à la disposition de certains ministres pour soigner les personnes qui portent encore des stigmates des violences post-électorales. Mais, c'est leur manque de volonté qui est en passe d'annihiler tous les efforts de l'État. On ne sait pas pour quelles raisons ils agissent de la sorte. Vraiment, nous sommes sidérés. Nous voulons voir l'État à la tâche. Dès que nous verrons que ces enfants ont commencé à aller à l'école, nous pourrons commencer à croire effectivement à la mise en œuvre du dédommagement et des indemnisations des victimes.

 

En ce qui concerne les dédommagements, quelles sont les périodes qui sont prises en compte ?

La période de référence est la période à partir de laquelle la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) a commencé à faire sa part d'audition. Je crois que c'est de 1990-1992 jusqu'en 2010-2011. Donc ce sont ces périodes qui sont couvertes par les cas de dédommagements.

  

Aujourd'hui, globalement, combien de victimes ont été recensées au plan national ?

La Cdvr nous parle de 72 200. La direction des victimes de guerre avance le chiffre de 60 000, le collectif des victimes, lui, parle de 75 000. Certaines associations soutiennent avoir recensé 100 000 tandis que d'autres parlent de 50 000. Nous nous sommes rendu compte que les mêmes victimes ont été identifiées auprès de toutes ces structures, ce qui fait qu'il y a des cas de doublon.

 

Donc vous allez assainir les listes par le système de croisement des données…

C'est ce que nous avons demandé. Le Programme national de cohésion sociale (Pncs), grâce à son esprit d'ouverture, a pris nos préoccupations en considération. La structure est en train de centraliser toutes les listes pour qu'on fasse un toilettage, les croisements, pour avoir une fiche unique. La fiche que la Cdvr a déposée au Pncs, la fiche de la direction des victimes de guerre et des associations, nous allons procéder à un toilettage, et tout le monde va s'accorder sur une liste unique.

 

Quels sont les cas qui sont pris en charge et comment vont se faire les indemnisations ?

Pour le moment, les outils chargés du dédommagement, n'ont pas encore communiqué avec nous sur le mécanisme. Comme ce sont des structures qui sont ouvertes à nous, on est en train de préparer les propositions. On a tiré leçon de la remise, par le président de la République, des médicaments pour soigner les gens pendant la crise. A la sortie de la crise, on a parlé de la gratui (...)

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