Présidentielle 2015 / Les évêques de Côte d'Ivoire : « Les bourreaux des deux camps doivent regretter leurs torts » - « Trop de mensonges ont été semés » - « Il faut une justice équitable pour juger les coupables des deux camps »


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: mar. 12 mai 2015
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La Conférence des évêques catholiques de Côte d'Ivoire vient de clôturer sa 101è assemblée plénière, tenue du 4 au 10 mai à Taabo, dans le diocèse d'Agboville. Au terme de 5 jours de réflexion, l'épiscopat ivoirien a produit une déclaration dans laquelle il se prononce sur la situation socio-politique du pays, à quelques mois des prochaines élections présidentielles.

Ci-dessous, les vérités crues qu'ils ont tenues à faire savoir pour prévenir tout risque à l'horizon.

 

Les conditions d'une réconciliation vraie pour des élections apaisées

Au terme de la 99ème Assemblée plénière de notre Conférence, tenue à Abengourou, nous avons adressé un message à la nation. Dans ce message, nous avons fait une analyse de la situation qui prévaut dans notre pays la Côte d'Ivoire en vue de proposer une voie de sortie susceptible de consolider la paix. Dans cette nouvelle adresse, nous souhaitons, une fois encore, partager avec vous, nos compatriotes, le souci de la construction d'une société ivoirienne toujours plus fraternelle et ouverte à tous, respectueuse de la dignité et des droits de la personne humaine et préoccupée d'établir entre tous les citoyens des liens d'amitié, de confiance et de respect mutuel. En effet, il est de la mission de l'Eglise de s'engager à promouvoir en son sein et dans la société, une culture soucieuse de la primauté du droit (cf. Africae Munus 81). Pour ce faire, vos Pères, les Archevêques et Evêques de Côte d'Ivoire, vous rappellent à nouveau les conditions d'une vraie réconciliation, pour des élections apaisées. Cela nécessite tout d'abord que l'on fasse brièvement l'état de la situation actuelle.

 

I-Situation actuelle

Au sortir de la crise née des dernières élections, les nouvelles autorités du pays, conscientes de la fracture sociale, ont opté pour la réconciliation des fils et des filles du pays. Aussi avaient-elles mis en place la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), dont la mission principale consistait à ramener la paix et la concorde entre les différentes composantes de la société ivoirienne. Cette mission serait vaine sans le désarmement. C'est pourquoi les autorités compétentes ont procédé à la création d'un organe chargé de désarmer les ex-belligérants et de les réinsérer dans le tissu social. Ainsi l'on a vu le retour progressif à la vie civile de plusieurs ex- combattants qui, aujourd'hui, après une formation reçue dans les centres d'apprentissage, mènent une activité génératrice de revenus. Parmi les actions réalisées par le pouvoir, il faut relever le procès d'un grand nombre de détenus de la crise post-électorale, le retour au pays de certains exilés et le dégel des avoirs de certains concitoyens. Toutes ces actions visaient sûrement à ramener la confiance et la concorde perdues entre les fils et les filles de notre pays. Cependant, malgré toutes ces actions menées en si peu de temps, force est de constater que beaucoup reste à faire. En effet, la Cdvr qui avait si bien commencé et qui suscitait beaucoup d'espoir chez les populations, est arrivée au terme de son mandat sans avoir relevé le défi de la Réconciliation. A vrai dire, les rancœurs, les tensions, les frustrations, les traumatismes et la pratique du rattrapage ethnique sont toujours présents dans notre pays. Le pouvoir et l'opposition continuent de se défier. L'on reste toujours arc-bouté à son appartenance régionale, tribale ou ethnique. Par ailleurs le problème foncier reste entier dans certaines régions. Aujourd'hui, cette commission s'est vue remplacée par une autre structure appelée à parachever le travail déjà entrepris, cette fois-ci, en insistant sur l'indemnisation des victimes. Par ailleurs le front social en ébullition, ces derniers temps, nous inquiète tous. Aussi les archevêques et évêques encouragent – ils les uns et les autres à créer les conditions d'une réconciliation vraie.

 

II- Les conditions d'une vraie réconciliation 

Une vraie réconciliation, dans notre contexte actuel, nécessite un certain nombre de conditions dont, entre autres: la rencontre entre les leaders politiques, l'unité au sein de chaque parti politique, le désarmement, la vérité, une justice équitable et le pardon.

 

Rencontre et dialogue entre les leaders politiques 

«Si ton frère a quelque chose contre toi…va d'abord te réconcilier avec lui et viens…» (Mt 5,23-24). Une vraie réconciliation exige une rencontre entre les belligérants d'hier. C'est pourquoi nous souhaitons vivement que tous les leaders politiques se rencontrent et fassent la paix.

 

Unité au sein de chaque parti politique

Nous invitons les partis politiques à œuvrer à l'unité et à la paix en leur propre sein pour contribuer ainsi à la réconciliation du pays.

 

Désarmement

Nous encourageons la poursuite et l'achèvement effectif du processus de désarmement, condition indispensable pour des élections apaisées.

 

Vérité

Il est évident qu'on ne peut pas arriver à une vraie réconciliation dans le mensonge. C'est pourquoi, chacun devra reconnaître sa responsabilité dans les crises successives qui ont secoué notre pays. En effet, trop de mensonges ont été semés dans la vie socio-politique de notre nation. L'heure est venue de sortir courageusement de cette culture de mensonge pour accéder à la vérité.

 

Justice équitable

Dans la crise ivoirienne, des crimes ont été commis dans les deux camps. Une justice équitable devrait juger les coupables de l'un et l'autre camp.

 

Pardon

Sans le pardon demandé et r (...)



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