Infidélité dans les foyers à Abidjan : Des réseaux pour aider les femmes à tromper leurs maris (Suite & fin) - Miss Méah (Responsable d'un réseau) : « Si je devais citer des personnalités cocues que je connais, ce serait une explosion ! »


(Photo d'archives pour illustrer l'article)
  • Source: Soir Info
  • Date: lun. 24 nov. 2014
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Embarquée par la force des choses dans la ''couverture'' des escapades extra-conjugales de femmes mariées, celle qui se présente comme Miss Méah sait qu'elle a le pied sur une mine. D'où son refus de s'exprimer à visage découvert. Mais elle non plus n'en demeure pas moins une bombe qui ferait d'énormes dégâts… si elle venait à exploser. Interview.

Miss Méah, c'est un pseudonyme, n'est-ce pas ?

Ça, c'est vous qui le dites et c'est votre droit. Mais c'est aussi mon droit de vous demander de vous en contenter. J'ai accepté de vous parler, mais je vous l'ai dit, je ne veux pas qu'on me reconnaisse, ce n'est pas négociable.

Oui, mais vous n'êtes quand même pas un membre de Boko Haram…

Mais c'est tout comme ! Parce que les affaires de sexe, surtout quand c'est en mode ‘'extra-conjugal'', avec des femmes de boss et tout, c'est une véritable bombe atomique, hein ! Imaginez, si je devais me dévoiler et citer des tanties qui font ‘'ça'' et des personnalités sérieusement cocues que je connais à Abidjan ici… ce serait l'explosion, croyez-moi !

Mettons les pieds dans le plat : vous êtes une proxénète…

Quoi ! (Elle fait une moue dubitative : Ndlr). Vous êtes sûr ? Parce qu'à ma connaissance, un proxénète, c'est celui qui gère des prostituées et en retour, ces dernières lui versent un peu de sou, non ? Moi, je ne gère pas de prostituées. Ce sont des tanties responsables, mariées, qui vivent des situations assez difficiles dans leur foyer par rapport à leur vie sexuelle. Donc, elles me demandent un service, leur trouver des mecs pour un petit moment de ‘'détente'', c'est tout ! Aussi simple…

Et tellement facile que vous êtes aujourd'hui à la tête d'un véritable réseau dit de ‘'femmes libérées'', n'est-ce pas ?

(Elle sourit en remuant la tête) : Ecoutez, avant tout, sachez que ce n'est pas ça mon job. Moi, j'ai une Maîtrise Appliquée en Histoire depuis 1998. Faute de débouché, je me suis lancée dans la Coiffure. J'ai pu ouvrir un petit salon quelque part à Port-Bouët, j'ai embauché deux jeunes filles qui s'y connaissaient et nous avons commencé à travailler ensemble. En 2002, j'ai ouvert un deuxième salon à Treichville, où j'ai commencé à vendre aussi des mèches. Aujourd'hui, j'ai mon salon quelque part à Cocody. Et puis, depuis le 14 février 2012, j'ai ouvert un restaurant quelque part, à une trentaine de kilomètres d'Abidjan. La coiffure et la restauration, voilà mes principales activités…

En Off, vous évoquiez l'homme qui vous a aidée à ouvrir votre premier salon d'une manière si impersonnelle ! Les choses n'ont pas marché entre vous, c'est cela ?

Oui … Nous nous sommes séparés, mais c'est daté ça ! Avant même que je n'ouvre mon salon de Treichville. Ce sont des choses de la vie hein !...

Des choses de la vie… comme l'infidélité par exemple ?

Quoi ! Non ! C'est moi qui ai arrêté, parce qu'il était marié. C'est vrai, il me l'avait dit et je m'étais engagée en connaissance de cause. Mais après, il a commencé à foutre la m… dans son foyer ! Il voulait faire partir la mère de ses cinq enfants et, ainsi, pouvoir m'amener chez lui. Là, c'était trop fort pour moi. Je ne pouvais pas supporter de détruire le foyer d'une autre pour bâtir le mien.

Quel paradoxe ! Parce que ‘'brancher'' des tanties à des Etalons comme vous le faites aujourd'hui, n'est pas le genre de pratique qui préserve un foyer…

Bon… Ne faites pas de confusions avec mes convictions personnelles. Vous savez, les femmes qui ont des problèmes dans leur foyer ont souvent besoin de parler, de se confier. Et dans les salons de coiffure, on a souvent tendance à causer beaucoup, à se faire des confidences. C'est ainsi que dans mon salon à Treichville, je me suis retrouvée à écouter des tanties, responsables, mariées et mères de famille, me confier leurs frustrations et blessures intimes par rapport à leur vie conjugale. Là, j'ai commencé à comprendre que le titre de ‘'femme mariée'' est souvent une couverture tape-à-l'œil qui ne cache pas toujours des rêves roses, il y a des cauchemars en dessous… Et quels cauchemars ! Parce qu'en réalité, ce n'est pas l'homme qui se met la corde au cou dans le mariage, c'est la femme qui se retrouve attachée. Tandis que l'homme, lui, se fait libre et laisse libre cours à ses envies dehors, sans trop craindre les ‘'qu'en dira-t-on''…

A ce point ?

Oui, monsieur le journaliste, à ce point ! Figurez-vous que tout est parti d'un soir, dans mon salon de Treichville. Alors que j'avais fini avec elle depuis un bon moment, ma dernière cliente, une jolie tantie, responsable dans une grosse société, avec une grosse voiture et tout, s'est mise à causer à n'en pas finir. Il était 20h passées, j'étais fatiguée, mes deux collaboratrices étaient rentrées et il fallait que je rentre aussi à Port-Bouët où j'habitais. Mais la tantie, elle, ne semblait pas pressée de rentrer. Finalement, je lui ai dit : « Tantie, il faut que tu rentres. Sinon, t'es tellement ravissante ce soir que tonton risque de croire que tu t'es faite embarquer par un petit pompier hein ! »… Vous savez ce qu'elle m'a répondu ?

Et qu'a-t-elle répondu ?

(Rire) Vraiment… Elle m'a dit : « Ma petite, si c'est pour ça, t'inquiète ! Où j'en suis en ce moment, moi-même je cherche un bon ‘'petit pompier'' (un jeune amant : Ndlr), mais bon… Ce n'est pas évident pour moi, tu vois ». Et puis, sur un ton sérieux, elle me dit : « Mais toi, tu peux faire ça pour moi ! Trouve-moi un bon petit pompier qui peut faire mon affaire, tu vois ce que je veux dire… Il me fait un bon boulot, je lui donne son blé et basta ! J'en ai besoin, franchement »… Je vous assure que je n'en croyais pas mes oreilles !

Mais vous avez cru vos narines, en flairant la bonne affaire, n'est-ce pas ?

(Sourire). Franchement, attendez-vous souvent à des incidents désagréables si vous tombez sur des gens qui n'ont pas votre sens de l'humour !... Pour l'histoire, je n'avais pas vraiment pris au sérieux ce qu'avait dit la tantie. Mais, c'est quand le lendemain, elle m'a appelée au téléphone pour me demander si j'avais pensé à ce qu'elle m'avait dit, que j'ai tiqué. Pendant près de trente minutes, elle m'a ouvert son cœur : son mari, un homme d'affaires et politicien très engagé, assez cossu, avec qui elle a eu cinq grands enfants, était devenu son ‘'voisin'' depuis plus de neuf mois… sans aucun rapport sexuel ! Il paraît que le monsieur avait quelques problèmes avec sa ‘'machinerie'' qui tournait très mollement. Mais lui, prétend toujours qu'il est fatigué, qu'il a d'autres préoccupations, qu'à son âge, il n'a plus la tête à ça et tout… Bref, la situation était sans issue, la tantie n'en pouvait plus, elle était malheureuse…

A partir de votre expérience, pourquoi, à l'instar de cette tantie, beaucoup d'autres se confient à une entremetteuse pour trouver un ‘'petit pompier'', au lieu de le faire elles-mêmes ?

D'abord, ce sont des femmes d'un certain âge et d'un certain niveau social. Elles ont un fort charisme. Ce qui ne les rend pas vraiment accessibles, à part quelques rares audacieux. Ensuite, les gens se disent que ce sont des femmes mariées qui, plus est, fréquentent souvent des milieux très limités, qui ne permettent pas beaucoup d'occasion de rencontres. Enfin, pour boucler ma boucle, je vous cite exactement ces paroles d'une tantie qui me sont restées en mémoire : « Quel qu'il soit, un homme, quand il a envie, à défaut d'une copine ou maîtresse, il peut s'attraper une prostituée pour se payer un bon moment. Mais, et nous, les femmes, responsables, mères de famille ? Lorsque nous avons envie, pouvons-nous attraper aussi facilement, un prostitué, jeune et bien fougueux pour nous payer du bon temps ? »

Violente question…

Et, voilà ! En tout cas, sous la pression de la tantie qui me relançait pendant près de deux mois, j'ai fini par contacter un camarade de quartier et je lui ai parlé de l'affaire. Au début, il était un peu réticent. Mais je l'ai supplié d'accepter de rencontrer la tantie'' pour échanger avec elle et après, il pourra décider de la ‘'gérer'' ou non. Dieu merci, ça a été… Et ils ont commencé à se ‘'mettre bien''. Et là, en l'espace de quelques semaines, j'ai vu la tantie se métamorphoser ! La lumière était revenue dans ses yeux, elle avait retrouvé une seconde fraicheur, son air trop sérieux, un peu sévère a disparu ! C'était extraordinaire !

De cette première tantie que vous avez ‘'branchée'', jusqu'au réseau que vous gérez aujourd'hui, il y a eu du chemin, n'est-ce pas ?

Oui, ce n'est pas faux. Mais ce n'est pas qu'à mon seul niveau. Vous le savez, les hommes sont les plus prompts à tromper leurs femmes ou à en rêver secrètement. C'est dans leur gène ! Mais pour qu'une femme en arrive à penser à ‘'ça'', ensuite à en rêver, jusqu'à passer à l'acte, c'est un long processus. Mais à la fin, comme on le dit, une femme, c'est aussi un Homme comme les autres ! Donc, vous comprenez que ce n'est pas moi qui ai provoqué le phénomène, je suis plutôt tombée dans un engrenage.

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