Faits divers

Infidélité conjugale dans les couples à Abidjan : Des réseaux pour aider les femmes à tromper leurs maris ! Des hommes-étalons loués à 50 000 FCFA !

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L’histoire commence presque toujours dans un endroit neutre… (Photo d'archives pour illustrer l'article)

Fournir aux femmes mariées des hommes-étalons et des cadres sûrs pour des moments de connexions intra-jambaires à haut débit…extra-conjugale.

Sur les bords de la lagune Ebrié, l’idée, depuis, a fait son chemin. Et le business tourne à plein régime, porté par des réseaux bien organisés qui compteraient plus de membres qu’on ne l’imagine. Récit exclusif d’une double vie au féminin, où le sexe a toujours raison, a fortiori, toutes les raisons que la raison n’ignore pas forcément.

Plateau Dokui, dans le périmètre de la grande voie menant à la cité Star 5 d’Angré. Ici où il est le gardien-concierge d’un immeuble à quatre étages, Kani Brahima, la quarantaine passée, croit avoir levé un gros lièvre : au deuxième étage de ‘’son’’ immeuble, un des studios régulièrement loués, a été discrètement détourné de son usage officiel d’appartement dortoir. « Depuis plus de trois ans, j’ai plus ou moins une idée de la plupart des locataires ici. Mais pour ce studio-là, je me posais toujours des questions. Une dame y vient souvent, accompagnée… Mais elle ne dure pas puis repart. Maintenant, j’ai compris. En fait… c’est une garçonnière», explique-t-il, le sourire en coin. Puis d’ajouter, presque envieux : « Y a des hommes qui mangent la vie à Abidjan ici, hein ! » Il faut comprendre : une garçonnière étant, par définition, un appartement ou studio que possède en général un homme marié et qui l’utilise pour s'isoler, mais surtout pour y passer du bon temps avec ses conquêtes féminines à l’insu de son épouse, Kani Brahima ne pouvait que soupçonner un homme d’être derrière ce fameux ‘’appartement secondaire’’.

Et pourtant. De Biétry à Yopougon, en passant par Marcory, Koumassi (Remblais), Cocody, Bassam et même Bingerville, des promoteurs ou propriétaires immobiliers qui ont flairé la bonne affaire depuis quelques années déjà, s’attellent à répondre à la demande en garçonnières. Des appartements qu’on propose sous les dénominations de ‘’studio meublé’’, ‘’résidence-hôtel’’ ou encore ‘’appartement tout équipé’’. « Le phénomène des appartements tout équipés existait bien avant, mais c’est véritablement après la fin de la crise postélectorale qu’il a commencé à vraiment prospérer », croit savoir ASSOUMAN Sylvain, un démarcheur communément appelé ‘’agent immobilier’’ opérant à Marcory.
Ainsi, dans ces immeubles écolos (généralement à quatre étages), qui poussent comme des champignons dans les quartiers cités plus haut, on trouve souvent des studios tout équipés à la location. « Ils sont soi-disant destinés à des célibataires en voyage d’études ou à des hommes d’affaires en mission. Mais en réalité, ce sont des ‘’baisodromes” pour des hommes… et même des femmes qui ne veulent pas prendre de risques avec les hôtels qui ne garantissent pas forcément la discrétion », confirme OKÊNI Parfait, un autre ‘’agent immobilier’’ opérant dans la commune de Cocody.

A l’en croire, certains de ses collègues et même des agences immobilières reconnues feraient de ces ‘’résidences secondaires’’ qui se résument souvent en des appartements ou studios tout équipés leur principal fonds de commerce. Ils sont loués entre 30 000 FCFA et 75 000 FCFA par semaine (soit 120 000 FCFA et 300 000 FCFA/mois). « Et c’est tout ‘’bénef’’ pour les opérateurs et aussi pour les locataires quand on sait qu’une seule nuit dans des hôtels ordinaires coûte entre 10 000 FCFA et 15 000 FCFA », explique OKÊNI. Puis de conclure : « Comme on le dit, quand le bâtiment va, tout va… ». Au point même de poser le bâtiment comme le poumon d’un nouveau business consacré à la promotion de l'infidélité conjugale au féminin. Poussant, du coup, hors jeu tous ceux qui, comme Kani Brahima, se sont bardés de la certitude que les garçonnières ne se conjuguent qu’au masculin…

 

Juste du sexe... Ni vu ni connu

Mais, comment sont nés ces réseaux ? Comment fonctionnent-ils ? Qui sont les femmes mariées qui les sollicitent ? Qui en sont les promoteurs ? Le récit exclusif de cinq semaines au cœur de cet univers singulier vu de l’intérieur d’un de ces réseaux à Abidjan, et reconstitué à partir du témoignage de membres affirmés, éclaire d’un jour nouveau l’infidélité conjugale au féminin, portée par un business carrément effarant et parfois surréaliste…

Samedi, 11 octobre... Deux semaines plus tôt. Dans le fameux studio qui intrigue tant Kani Brahima, difficile de ne pas être impressionné : air conditionné au Split, sol carrelé, tapis moelleux au pied d’un divan fort confortable, grand lit avec deux ou trois nounours ça et là, petite table basse décoré d’un pot de fleurs synthétiques, tenture bleue fleurie à la fenêtre. Au pied du lit, une télé Plasma de 21 pouces, fixée au-dessus d’un petit buffet incrusté d’un mini réfrigérateur gris métal. A gauche, jolie salle de bain légèrement entrebâillée… Le cadre est enchanteur. Un véritable nid d’amour. Pour un drôle de spécimen. Qui n’était venu et n’était là, ce soir-là, que « pour un petit moment de détente », avait prévenu, directe, celle qui ‘’travaille’’ sous le pseudonyme Miss Méah.

La quarantaine environ, Miss Méah est, en effet, la véritable locataire de ce studio meublé cinq étoiles. Et pour cause, officiellement dans « la Coiffure et la restauration », Miss Méah est aussi et surtout une entremetteuse de grand cru. Avec un physique fort agréable, l’abord facile et le bagout… porté par une maîtrise remarquable de la langue de Molière. Et aussi de Shakespeare. Un pedigree qui fait d’elle l’une des opératrices-références de cet univers secret de l’infidélité conjugale qui a pris les courbes d’une véritable industrie du sexe à la sauce femme mariée. Avec plusieurs ‘’sociétés’’ ou réseaux constitués à travers Abidjan et qui « travaillent au bien-être des femmes mariées et transformées en tableau de décoration par leurs maris, mais aussi des femmes seules qui éprouvent souvent le besoin de quelques moments de détente…sexuelle», se défend Miss Méah, serieuse. Très discrets, voire clandestins mais organisés comme de véritables agences-conseils spécialisées dans le ‘’management’’ des entreprises d’infidélités passagères ou de double vie de femmes (mariées), ces réseaux travaillent selon un système de jeu de rôle bien défini.

 

Des bêtes de sexe à 50 000 FCFA

Primo, le casting : à la base, il se fait via les réseaux sociaux, notamment Facebook. Ainsi, l’Entremetteuse écume les profils Facebook d’hommes en général, entre 30 et 45 ans de préférence et, surtout, résidant dans le district d’Abidjan. Une fois la cible choisie, elle lui glisse, « inbox », ce message on ne peut plus direct : « Bonjour, je suis F.G. J’ai un groupe de femmes responsables, assez aisées mais qui se sentent seules. Pour des moments de tendresse, elles cherchent des hommes dispos et équilibrés pour faire l’amour en toute discrétion, sans engagement. En retour, vous êtes payés à 50 000 FCFA par rencontre. Totale discrétion assurée. Si vous êtes intéressés, prière me communiquer votre numéro. Je vous contacterai. On pourra aussi échanger par Mail. Merci ».

Cette nasse ainsi posée « inbox » permet de prendre quelques ‘’poissons’’ qui s’empressent d’envoyer leurs contacts téléphoniques, fort alléchés par le cocktail-appât ‘’sexe-plaisir-argent’’. Ils sont ensuite contactés par l’Entremetteuse pour un entretien dans un endroit impersonnel (café, bar, maquis, resto discret…). Après cette étape primordiale qui permet à l’Entremetteuse de jauger de visu la ‘’marchandise’’, le futur homme-étalon est inscrit dans un ‘’Carnet blanc’’ et mis en stand by en attendant ‘’l’appel’’ d’une « bonne dame ». C’est-à-dire une cliente-membre du réseau qui en fera la demande à l’Entremetteuse.

Dexuo, le test. A en croire Miss Méah, entre une et quatre semaines suffisent souvent pour qu’un ‘’appel’’ tombe. Une fois les formalités de la ‘’commande’’ bouclées, l’Entremetteuse active ‘’son’’ homme-étalon mis en stand by dans le ‘’Carnet blanc’’, pour son premier test… Qui sera suivi d’un deuxième, puis d’un troisième…peut-être d’un quatrième. Détail de taille : la ‘’confirmation’’ de l’Etalon dépend nécessairement des jugements que rendront les « bonnes dames » qui l’auront ‘’testé’’. Ainsi, selon que la majorité l’aura estampillé comme « un bon coup » ou « un faux type », il est confirmé dans le ‘’Grand carnet’’ ou bouté hors du réseau… sans préavis ni explications. Naturellement, tout ce travail au corps repose sur le troisième pilier qui constitue le ‘’théâtre des opérations’’ : les indispensables garçonnières.

Qu’elles soient localisées à Marcory, Koumassi (Remblais) ou Cocody, aménagées en ‘’appartements tout équipés’’ ou ‘’studios meublés’’ ou même en ‘’résidences secondaires’’, les garçonnières constituent le poumon de tout le système. D’où les critères très pointus qui guident le choix des lieux. Et aussi la discrétion quasi-paranoïaque qui entoure les rendez-vous. En tout cas, toutes les dispositions imaginables et possibles sont prises par l’Entremetteuse pour garantir à la « bonne dame » la discrétion, la sécurité et la sérénité avant, pendant… et même après son rendez-vous avec ‘’son’’ Etalon...

Comme dans ce studio du Plateau Dokui. Ici, tout respire l’appel de la chair, la pulsion des sens. Une ambiance savamment entretenue par la « bonne dame » qui vous accueille, vêtue très relax, presque sexy, un sourire mi-gêné mi-coquin au coin des lèvres, vous installe dans le canapé... Mais dès qu’on passe le cap des échanges de civilités très superficiels du reste (Voir l’encadré), bien d’illusions se dissipent tout de suite.

 

Un sentiment bien troublant

Quelles que soient la tournure que prendront les événements, l’ambiance sympathique et intimiste qui prévaudra, impossible d’en apprendre davantage de la bouche de ces amazones du sexe. « Là-bas, on ne parle que de ce pourquoi on est là. C’est-à-dire des attentes de la bonne dame, de ses goûts, de ses fantasmes… Enfin, tout ce qu’il faut pour son plaisir, quoi ! Jamais de questions en dehors de ce cadre », avait prévenu Miss Méah. Et pour cause, subsiste une obsession : l’infidélité conjugale au féminin ne bénéficie pas de la même tolérance que celle des hommes, alors...

Résultat : après tout un après-midi, ou tout un week-end ou encore toute une nuit passée à suer sang et eau pour ‘’détendre’’ une ‘’bonne dame’’, il arrive souvent, que l’Etalon, une fois ‘’libéré’’ et la prime (50 000 FCFA) empochée, se sente envahi par un sentiment bien troublant : à l’idée d’avoir à coucher avec de ‘’grandes’’ dames dont on ignore tout (véritable identité, profession, nationalité, provenance, contact, véritable situation matrimoniale…), on ne se sent pas vraiment à l’aise. Cependant, cet arrière-goût de ‘’revenez-y’’ propre au cocktail ‘’sexe-plaisir-argent’’ finit presque toujours par l’emporter. Et ainsi, nombreux sont ces ‘’petits messieurs’’ (l’autre appellation des hommes-étalons), qui se laissent happer par l’engrenage des ‘’appels’’ des « bonnes dames » que seule l’Entremetteuse, responsable du réseau, connaît réellement. Mais qu’à cela ne tienne ! Le besoin bien humain de communiquer et les quelques (rares) éclairs d’égarement qui zèbrent parfois le ciel bien voilé de leurs secrets de foyer, amènent souvent certaines de ces ‘’tanties’’ passées maîtresses dans l’art de se déshabiller sans jamais se livrer, à laisser s’échapper quelques lambeaux de… confessions. Sur l’oreiller.

Et là, on y apprend des choses : les « bonnes dames » en question ne sont pas des amoureuses éperdues en quête d’amour, non. Elles sont plutôt des femmes d’aujourd’hui, modernes et modèles de réussite, mères de famille, mariées ou vivant en couple… « Mais qui ont décidé d’assumer pleinement leur désir ». Des femmes qui vivent très mal leur sentiment d’être «dépréciée en tant que femme capable d’émoustiller un homme ». Des femmes qui ont choisi de soigner leurs frustrations et blessures conjugales « en revendiquant une certaine indépendance et [leur] liberté de corps ». Des femmes dont la détermination à ne pas « se laisser mourir avant l’heure » composent des personnalités « de femmes de caractère ». Et pourtant. Se mentent-elles à elles-mêmes, ces ‘’tanties’’ qui s’attachent parfois (d’affection ou d’amour) à un de leurs Etalons qu’elles se risquent à voir régulièrement, en cachette, en dehors du réseau et à l’insu de l’Entremetteuse ? Rien n’est moins sûr.

Mais, même si elles savent que la société ne les fera jamais bénéficier du crédit de tolérance qu’elle accorde aux hommes mariés et infidèles, cette posture de « femmes qui assument pleinement leur désir » reste sans doute celle où ces « bonnes dames » puisent le plus de ressources intimes. Même si la discrétion demeure le maître mot de leur modus opérandi.

 

Tromper pour tenir au foyer

Ainsi, au jeu des confessions sur l’oreiller reconstituées à partir de témoignages, quatre ‘’tanties’’ ont marqué et des points et les esprits de leurs différents Etalons. A commencer par celle à qui nous attribuons le pseudonyme de Mme G., la cinquantaine légèrement passée, mère et femme au foyer. Entre deux connexions intra-jambaires apparemment bien ‘’établies’’ par ‘’son’& (...)



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