Début des audiences publiques de la CDVR, hier / Banny : « Je ne veux pas faire du voyeurisme » - « Voici comment, nous allons agir »


« Nous n’avons pris du retard sur rien du tout », a fait savoir M. Banny. (Photo d'archives)
  • Source: Linfodrome.com
  • Date: mer. 10 sept. 2014
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Les Ivoiriens vont peut-être pouvoir regarder en face l'horreur des conflits qui ont émaillé leur histoire récente. Trois ans après sa mise en place, la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr), lance ses premières audiences publiques.

Elles débutent ce lundi 8 septembre 2014. Plusieurs dizaines de personnes raconteront en public ce qu'elles ont subi au cours des différentes crises depuis 1990. Des criminels présumés devraient également venir demander pardon. Ces séances organisées à Abidjan doivent aider le pays à exorciser ses démons. Le président de la Cdvr, Charles Konan Banny, répond à Sébastien Németh de Rfi.

RFI: Quel est l'intérêt de ces audiences publiques dans le processus de réconciliation?

Charles Konan Banny: Pour que la nation ivoirienne rejette définitivement, pour qu'elle puisse dire plus jamais cela. Il est bon que la nation se regarde dans ce miroir pour savoir que ces choses qui sont inimaginables se sont produites dans notre pays. Et le fait de catharsis nous amène à produire devant la nation une partie des horreurs dont on leur demande de faire la typologie. Le peuple de Côte d'Ivoire va écouter, voir, entendre des cas, pour certains insoutenables. Et pourtant, c'est la réalité. Si cela peut l'aider à comprendre qu'il n'y a rien de bon dans la violence, ce serait une excellente chose.

Très concrètement, comment ces audiences vont-elles se dérouler?

Soixante-trois mille victimes sont venues librement et c'est dans ce fichier que nous avons choisi les cas que nous baptisons d'« emblématiques ».

Pourquoi ne choisir que quelques cas «emblématiques» ? Est-ce qu'il n'y aura pas un goût d'inachevé à la fin?

Notre rôle, ce n'est pas de faire du nombre, c'est de faire de la catharsis. C'est de produire un effet de réprobation, de répulsion, ce n'est pas du cinéma, pour que les Ivoiriens rejettent leurs violences.

Comment choisissez-vous ces cas, parce que c'est compliqué, il y avait différents camps?

Ce n'est pas parce que c'est compliqué que ce n'est pas possible. Choisir ces cas, je ne veux pas déflorer, je ne veux pas faire du voyeurisme. Un cas «emblématique» : une dame à qui on inflige l'horreur d'assassiner son mari, qu'on le découpe. Je ne veux pas le dire. On oblige les gens à faire du cannibalisme. Je ne veux pas faire du voyeurisme. Faites-nous confiance. Ce sont les cas les plus horribles. Nous voulons qu'à partir de ces cas-là, ils considèrent que la guerre est à éloigner de leur vie.

A la différence de l'Afrique du Sud post-apartheid, la Côte d'Ivoire n'appliquera pas le principe « aveux contre amnistie ». Quelles motivations alors pour les criminels présumés de venir se confesser en public?

Bonne question! Nous voulons persuader, convaincre et non contraindre que nonobstant cela, il est souhaitable qu'ils viennent participer à ce processus qui doit permettre à la Côte d'Ivoire de trouver un nouveau che (...)

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