Education/Formation

Université de Bouaké : Les graves problèmes relevés par Mamadou Koulibaly

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A la faveur des enseignements qu’il a dispensés à l’université tout au long de la semaine passée, le président de LIDER, le Pr. Mamadou Koulibaly, a été amené à constater les graves problèmes rencontrés par les étudiants de Bouaké, qui sont similaires à ceux des autres campus, quelques spécificités mises à part. Il les a évoqués devant une foule de jeunes venus écouter la conférence qu’il a donnée vendredi après-midi au restaurant L’Oriental, bondé de monde.

1. Les études, cours et travaux dirigés se déroulent sans que les étudiants ne comprennent grand-chose au système mis en place de façon intégrale l’année dernière et désigné sous l’acronyme de «Lmd». Où est-ce que cette formation les conduit? Quels seront les débouchés pour eux après le parcours Lmd, s’interrogent les étudiants?

2. Le manque de salles de cours, d’amphithéâtres et de salles de travaux dirigés les obligent à s’entasser à plus de 700 pour suivre les cours et à se retrouver dans les mêmes endroits pour faire des travaux dirigés, avec en moyenne un effectif de 300 étudiants pour un enseignant chargé de les superviser. Pendant les deux heures que durent ces séances, combien d’étudiants peuvent passer au tableau faire des exercices, recevoir les avis des enseignants et les questions des autres étudiants? Le rapport d’encadrement est tel que la qualité de la formation est simplement déplorable.

3. Le corollaire est évidemment le manque d’enseignants. Plusieurs professeurs absents continuent d’être payés comme s’ils assumaient leur charge alors qu’ils sont dans les administrations et n’ont pas demandé de mise en disponibilité ou de retraite volontaire. Ce manque de d’enseignants impose aux assistants présents de prendre la responsabilité des cours, ce qui ne leur permet pas de faire de la recherche et retarde par conséquent leurs propres carrières universitaires. Il est choquant qu’un cours de première année, confié en théorie à un professeur chevronné soit, dans les faits, assuré par un doctorant, alors que le titulaire du cours préfère s’activer dans un ministère à Abidjan et que des enseignants plus expérimentés sont cantonnés à la supervision de travaux dirigés.

4. Le manque de logements pour les étudiants est criant. Le peu existant n’est d’une part pas fonctionnel, car non réhabilité. D’autre part, les affectations concernant les logements réhabilités ne sont pas encore faites, ou alors les chambres sont plutôt mises à la disposition de la «police universitaire», tandis que les étudiants sont abandonnés et contraints de chercher à s’héberger en ville. A Bouaké, des particuliers ont bâti des résidences universitaires privées occupées par les apprenants qui peuvent se les offrir.

5. Le manque de salle d’études, de bibliothèques, de laboratoires, de salles d’informatique et de connexion internet même payante réduit les capacités des étudiants à accéder à du matériel didactique et pédagogique de qualité et à jour pour compléter leur formation dans la soi-disant système Lmd, qui exige, selon ses initiateurs, plus d’efforts d’auto-formation chez les étudiants. Mais comment se former et s’auto-former sans salle de documentation et d’expérimentation?

6. Le système des bourses est défectueux. A Bouaké, la bourse de 240.000 francs par an et par étudiant n’est promise qu’à environ 400 étudiants sur 20.000 que comptait l’université l’année dernière. Cette bourse n’est même pas payée à temps, accusant parfois plusieurs mois de retard. Les étudiants critiquent le substitut trouvé à la bourse, qui est «l’aide» pour l’obtention de laquelle il faut constituer un dossier coûtant 3.000 francs non remboursables par demande.

7. Les étudiants se plaignent des querelles de leadership entre leurs différentes structures syndicales. Ils se sentent faible parce qu’incapables de se faire entendre par l’administration universitaire, les autorités étatiques et le corps enseignant. Malgré le grand nombre de leurs syndicats, les problèmes s’amoncellent sans que ni ces organisations, ni les étudiants pris individuellement, ni les parents d’étudiants et d’élèves n’arrivent à inverser la tendance. Ils ont le sentiment de recevoir moins de leur pays que ce que ce même pays a donné à leurs parents il y a 20 ou 30 ans. Plusieurs d’entre eux aujourd’hui sont en deuxième année de fac, alors qu’ils ont eu leur bac en 2008. On trouve dans le même amphithéâtre bondé des jeunes enthousiastes pour apprendre et déterminés à le faire sérieusement et consciencieusement, des gens qui ont eu le bac en 2009 et aussi ceux qui l’ont obtenu en 2010, 2011, 2012.

Il faut que cela change. Une attention accrue doit être portée à la question de l’instruction, de la formation et de l’université ivoiriennes en particulier. Il ne s’agit pas de prôner un «départ nouveau» et en profiter pour détourner des centaines de milliards de fcfa juste pour repeindre des murs, ériger des clôtures ou installer une bande brutale de miliciens recyclés en «police universitaire» cogneuse d’étudiants sur les campus, comme cela est le cas depuis l’arrivée au pouvoir de M. Ouattara. Pour LIDER, il s’agit plutôt de repenser l’université, de mettre en place les infrastructures indispensables à l’apprentissage comme les bibliothèques, les laboratoires, l’outil informatique, de revoir les programmes de formation et de mettre en adéquation les compétences qui y sont enseignées avec les besoins réels du marché du travail en Afrique.

Par exemple, dans le domaine agricole, qui constitue aujourd’hui le pilier de l’économie ivoirienne, la réforme foncière et la distribution des titres de propriété aux populations rurales prônées par LIDER permettraient de booster le secteur. En effet, une fois propriétaires de leurs champs, les gens prendraient conscience de la valeur de la terre et enverraient leurs enfants étudier l’agronomie, l’ingénierie agricole, la gestion domaniale, les techniques d’achat et de vente de produits agricoles etc. Non seulement d’énormes débouchés professionnels s’offriraient alors à eux, réduisant du même coup le chômage, mais de surcroît, la productivité des plantations pourrait être décuplée, compte tenu de savoir-faire technique avec lequel elles seraient gérées. Avec la réforme en profondeur du système éducatif proposée par LIDER, l’enseignement agricole formerait à plus de 70 métiers dans la production agricole, la transformation agroalimentaire, la biotechnologie, l’élevage et les soins animaux, la commercialisation, les services, l’environnement et l’aménagement de l’espace, la conduite et la maintenance de l’agroéquipement, la gestion de chantiers mécanisés et de systèmes pluritechniques etc.

Comme l’a dit le Pr. Koulibaly aux centaines de jeunes venus écouter ses conférences en dehors du campus: «Vous ne pouvez pas être l’avenir d’un pays si vous-mêmes, vous n’avez pas d’avenir. Prenez votre avenir en main. Appropriez-vous votre avenir. Cet avenir, c’est LIDER. Rejoignez-nous et ensemble, nous réussirons à changer le système qui nous maintient dans l’injustice, le chômage, la pauvreté et la désolation.»




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