Enlèvement d'enfants en Côte d'Ivoire : Sur les traces des trois enfants enlevés et mutilés à Yopougon - Les parents racontent comment leurs gosses ont été enlevés et retrouvés décapités


(Photo d'archives pour illustrer l'article)
  • Source: Soir Info
  • Date: sam. 16 mai 2015
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La Côte d'Ivoire, particulièrement Abidjan, la capitale économique a été secouée par un phénomène d'enlèvements d'enfants suivi d'assassinats. Une trentaine de mômes ont disparu entre novembre 2014 et février 2015.

Après quelques semaines d'accalmie, pendant lesquelles la psychose a baissé d'un ton, nous sommes allés sur les traces de trois enfants qui ont été arrachés à l'affection de leurs parents à Yopougon, la plus grande commune de Côte d'Ivoire. Comment ont-ils été enlevés et dans quel état ont-ils été retrouvés mutilés? Les parents racontent la mort tragique de leurs enfants. Notre reportage. 

Marau Essy Benitié est le premier enfant qui a disparu à Yopougon. Agé de cinq (5) ans et inscrit au Cp2 dans une école privée, le petit Benitié a été vu vivant, pour la dernière fois, le 29 novembre 2014, devant la concession familiale. Douze (12) jours après, le corps sans vie de cet enfant a été retrouvé mutilé et baignant dans le plan d'eau lagunaire de Locodjro, non loin de la base navale de Yopougon.

Le dimanche 15 février 2015, quand nous arrivions au domicile familial des Marau à Yopougon « Toits Rouges », après 2 minutes de marche dans une allée, les visages sont toujours marqués par la douleur. Les civilités passées, le père Marius Marau, fonctionnaire de police à San Pedro, installé derrière une table à manger, s'est ouvert à nous et a raconté comment son fils aîné a disparu dans l'après-midi du samedi 29 novembre 2014. Son épouse qui l'a rejoint, entre-temps, lui tient la main.

Lorsque le policier entame son récit pour expliquer les circonstances dans lesquelles son fils a été enlevé et retrouvé mutilé, il ne peut pas retenir ses émotions. Il fond en larme. Sa femme pleure également. Le frère benjamin de ce père de famille qui regardait la télévision dans le deuxième salon, vient précipitamment le consoler. « Je sais que c'est douloureux pour toi mais, tu as demandé à des gens de venir. Maîtrise-toi et raconte au monde entier comment ton enfant a été enlevé et retrouvé décapité», conseille-t-il. Comme revigoré, le malheureux père, après avoir fixé longuement la table, reprend la parole et nous explique que Benitié, comme aimait l'appeler la famille, a disparu le samedi 29 novembre 2014. « Ce jour-là, aux environs de 16h, l'enfant, comme à ses habitudes, a réclamé de l'argent pour acheter de l'alloco, (banane plantain mûre frite à l'huile de palme). Il est revenu quelques instants après s'être assis sur la terrasse de la concession familiale pour prendre son goûter. Mais, comme par enchantement, Benitié a disparu après le goûté. Il n'a été vu nulle part. Des recherches entreprises dans le voisinage et chez des camarades de classe se sont avérées vaines. Alors, nos craintes se sont amplifiées quand l8h a sonné », raconte le père.

Toute la nuit du 29 novembre 2014, la famille s'est mise à la recherche du petit Benitié, sans résultat. Les parents de l'enfant ont même passé au peigne fin la maison de la grand-mère où il avait l'habitude de se réfugier quand il commettait une gaffe. Mais en vain. L'enfant n'a été aperçu nulle part. Le lendemain dimanche 30 novembre, les recherches se sont poursuivies avec, cette fois-ci des affiches estampillées d'images grand format du môme sur différents véhicules. « C'est là qu'une jeune fille m'a informé que l'enfant a été vu et était tenu fermement par un jeune homme, qui le conduisait vers une destination inconnue. Quand elle s'est renseignée, l'homme lui a expliqué que l'enfant se met en spectacle parce qu'il refuse de se laver », explique Marius Marau. C'est le témoignage poignant de cette jeune fille qui a permis de comprendre les autres pièces du puzzle. « Le jeune homme décrit par la jeune fille habite le quartier. Il connaît bien les mouvements et les habitudes du garçonnet. Après plusieurs heures de pression, il a fini par avouer, lors d'un interrogatoire, avoir enlevé mon fils pour le remettre à des sacrificateurs moyennant la somme de 700.000 F Cfa. Il a été arrêté après ses aveux, et incarcéré à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) depuis le mois de décembre », informe le père Marau.

 

L'enfant vendu à 700.000 F Cfa

Selon les résultats de l'enquête menée par la police, le jeune ravisseur était connu pour son activisme dans le milieu de la drogue. Lors de son interrogatoire, il a expliqué, dans les détails, aux policiers, qu'il a enlevé l'enfant et l'a remis par la suite à des sacrificateurs pour la somme de 700.000 F Cfa. « Mon fils ainé a été vendu à 700.000 F Cfa. Pour cette somme dérisoire, mon Benitié a été enlevé et décapité », martèle le fonctionnaire tout en tapant du poing sur la table. « C'est incroyable et impensable », s'indigne à son tour son épouse. C'est au bout de 11 jours de recherches que le corps sans vie du petit Benétié a été retrouvé par des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) flottant dans la lagune Ebrié. Ceux-ci ont aussitôt alerté la communauté villageoise de Locodjro. « C'est la communauté villageoise de Locodjro qui m'a informé de la présence d'un corps sans vie flottant à la surface de la lagune. Quand je suis arrivé, j'ai reconnu immédiatement mon petit Benetié. C'était l'horreur ! L'enfant avait été atrocement décapité et mutilé. Mon fils était sans tête, sans le pied droit, sans le bras droit, sans sexe et d'autres parties de son corps avaient été sectionnées et emportées », explique le flic, les larmes aux yeux.

Identifié comme étant les restes du petit Benétié, le corps a été repêché par les soins des pompes funèbres et conservé à la morgue de Yopougon. Mais, la famille Marau n'était pas au bout de ses peines. « A la morgue, on m'a tendu une facture de 400.000 F Cfa. J'ai voulu abandonner le corps de mon fils. Ce n'était plus un corps. C'était plutôt une sorte de pâte, le corps n'avait pas été traité et était décomposé. C'est donc cette pâte là que j'ai enterré au cimetière de Yopougon, après avoir rempli toutes les conditions et formalités liées à une inhumation », dénonce-t-il.

Il est 16h quand nous quittons la famille Marau, au « Toits Rouges », pour Niangon Anananeraie, toujours dans la commune de Yopougon. Nous nous retrouvons après 15 minutes de voiture au domicile de Jean-Claude Koffi, un homme d'affaires qui a prospéré dans la photographie. Il est le géniteur de Jean Aurelin David Koffi, le deuxième enfant enlevé à Yopougon et retrouvé également mort dans la lagune Ebrié. En classe de Cm1 dans une grande école de Yopougon, Aurélien, né jumeau, devrait avoir 10 ans le 16 décembre 2014. Malheureusement, il a été enlevé le 1er décembre dans son école, après les cours de l'après-midi. Cinq (5) jours après sa disparition, il a été retrouvé dans la lagune Ebrié, du côté du village de Lokoua Kouté, mort et vidé de son sang. C'est un père de famille très affligé et affecté par la disparition de son fils qui s'est confié également à nous. Assis sur un canapé, les traits du visage tirés, et les paupières légèrement enflées, l'homme d'affaires a raconté à notre équipe de reportage comment l'un de ses jumeaux a été enlevé et son corps retrouvé sans vie dans la lagune Ebrié.

 

Mort et vidé de son sang 

« C'est le lundi 1er décembre 2014 que mon fils a été enlevé. Je n'oublierai jamais cette date. Ce jour-là, j'ai fait des courses et je suis rentré à 14 h à la maison pour me reposer. J'étais toujours endormi quand, à 15h45mn, la servante est allée chercher les enfants à leur école. (Dans l'établissement Lkm, les cours prennent fin à 16h). J'étais couché sur le lit lorsque j'ai ressenti une appréhension. C'était comme si quelque chose de grave allait se passer. J'ai sauté du lit, au point où ma femme m'a demandé si j'avais un problème. J'ai répondu par la négation. Par la suite, j'ai dit à mon épouse que je partais chercher les enfants parce que je n'avais pas un bon pressentiment. J'ai ouvert le portail et sorti le véhicule. Ce jour-là, il a plu fortement sur la commune de Yopougon. Au moment où je voulais stationner devant l'établissement, j'ai vu des torrents d'eau venir dans ma direction. Pour éviter l'eau de ruissellement, j'ai préféré garer un peu plus loin . D'autres véhicules étaient stationnés, et des mères de famille, abritées sous des parapluies, attendaient également leurs enfants», raconte le père affligé.

Pour éviter que la domestique et les enfants ne le voient et rentrent sous la pluie, il appelle son épouse pour lui demander d'informer la servante de ce qu'il est garé devant l'établissement. L'homme d'affaires précise même qu'il n'est pas stationné au lieu habituel à cause des eaux de ruissellement. « 5minutes plus tard, madame m'a rappelé pour me dire qu'ils n'ont pas encore fini parce que les élèves étaient en train de balayer la classe. Je suis alors resté dans la voiture en attendant que les enfants et la servante arrivent à mon niveau. Quelques minutes après, je vois la domestique arriver avec l'un de mes jumeaux et deux fillettes. Ne voyant pas David, je l'ai demandé. C'est là qu'elle me fait savoir qu'elle avait pris les deux sacs sur ses épaules, tenait la main de David et celle de son frère jumeau. Mais, quand elle a annoncé ma présence, David a lâché sa main (il a l'habitude de faire ça, chaque fois que je vais les chercher à l'école) et s'est faufilé parmi les élèves. La servante a dit lui avoir couru après mais, il était impossible de le rattraper. Elle croyait qu'il était déjà avec moi », détaille-t-il.

Les propos de la servante paniquent aussitôt le p&egr (...)

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