Président de la Fédération nationale des Confréries Dozos de Côte d'Ivoire (Fenacodoci), Dosso Sory tient à redorer le blason terni de ses confrères. Dans cet entretien qu'il nous a accordé le vendredi 31 janvier 2014 au siège de sa structure à Abobo, il répond, notamment, aux accusations portées par certaines organisations de défense des droits humains contre les Dozos.
Dosso Sory, à quand le départ définitif des Dozos d’Abidjan ?
Dosso Sory : Pourquoi voulez-vous que les Dozos quittent Abidjan ? Les Dozos ont toujours été à Abidjan, où voulez-vous qu’ils aillent ?
Mais, on ne les voyait pas avant comme c’est le cas maintenant. En plus, les autorités demandent aux Dozos de retourner dans leur espace originel qui est le nord du pays.
D.S : Je vous rappelle que du temps du président Houphouët-Boigny, lorsqu’il est venu du Liberia, ce sont les Dozos qui l’ont accueilli. Donc, qu’on ne dise pas que les Dozos sont seulement au nord du pays. Les Dozos sont des cultivateurs, des éleveurs, ils sont partout. Récemment, à Anyama, nous avons découvert une statue de Dozo qui date de plusieurs siècles. A Grand-Bassam aussi, les Dozos sont installés depuis longtemps, avant même l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, nous nous battons pour qu’ils ne se promènent plus avec leurs tenues et leurs armes dans la rue. C’est cela notre combat. Parce qu’ici, nous ne partons pas au champ. Ce n’est pas un endroit où porter la tenue pour se promener. Sinon, on ne peut pas demander aux Dozos de quitter Abidjan parce que nous sommes des Ivoiriens et comme tous les Ivoiriens, Abidjan nous appartient aussi.
Est-ce que ce n’est pas à cause de leur participation à la guerre que leur présence traumatise les populations qui demandent aussi leur départ ?
D.S :Ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, tout le monde y a participé. On ne peut pas accuser seulement les Dozos. Si les Dozos ont combattu, c’est uniquement pour se défendre, défendre leurs familles et protéger les biens des personnes. Mais, aujourd’hui, la crise est terminée. Donc, les Ivoiriens n’ont plus rien à craindre des Dozos qui font aussi partie de la population.
Mais il y a eu aussi des problèmes après la crise entre les Dozos et les populations, notamment à l’intérieur du pays...
D.S :Ces problèmes n’ont pas impliqué seulement les Dozos. Les Frci ont aussi eu des histoires avec les populations. Après la crise post-électorale, tout était désordonné. Chacun était touché mentalement. Dans ce genre de situation, beaucoup ne savent pas vraiment ce qu’ils font. Beaucoup de choses se sont passées. Mais, aujourd’hui, je vois beaucoup de changements dans notre confrérie. Donc, je demande encore une fois à l’Etat et à la population de nous faire confiance. Nous avons promis que les Dozos aussi seront émergents. Vous allez voir cela. On ne verra plus les Dozos dans leurs tenues sauf s’il y a danse traditionnelle. Lors des danses, je veux voir beaucoup de Dozos dans leurs tenues. C’est notre culture, on ne peut pas l’abandonner.
L’Onuci a publié, il y a quelques mois, un rapport pour dénoncer des exactions que vous auriez commises. Egalement, par rapport aux élections de 2015, plusieurs leaders politiques disent que tant que vous n’êtes pas désarmés, il ne peut pas avoir d’élections crédibles dans ce pays. Qu'en pensez-vous?
D.S : Les Dozos ont quoi à voir avec les élections ? Ceux qui disent cela n’ont pas d’arguments. La Côte d’Ivoire est indépendante depuis 53 ans. Il y a eu plusieurs élections. Un fusil calibre 12 n’est jamais allé voter. Après le vote, il y a des gens qui déclarent le nom du vainqueur. Vous voyez que nous n’avons rien à voir dans tout le processus. Comme je vous le dis, les Dozos font partie de la population. Il ne faut pas que les Dozos soient ciblés. C’est aussi leur pays. Les Dozos n’ont même pas en tête de créer des troubles. Celui qui a cette intention n’est pas un vrai dozo. Le Dozo est juste. S’il doit aller voter, il le fait et rentre chez lui. En ce qui concerne l’Onuci, nous sommes prêts à livrer aux autorités ceux qui ont commis des exactions. Nous tous, sommes soumis à la Loi. Sanctionner un dozo, c’est sanctionner un citoyen. Nous sommes satisfaits que la Loi soit revenue en Côte d’Ivoire.
On parle également du désarmement. On sait que les Dozos portent souvent des fusils de calibre 12 sans permis. Aujourd’hui, êtes-vous prêts à être désarmés ou à faire enregistrer vos armes de façon régulière ?
D.S :Le désarmement est important. Mais, on ne peut pas désarmer les Dozos parce que leurs armes ne sont pas comptées parmi les armes de guerre, ce sont des armes traditionnelles. On les fabrique ici. A Abobo par exemple, on peut fabriquer cent (100) armes traditionnelles par jour. C’est pareil à Adjamé et à Anyama. Ce qu’on peut leur demander, c’est de ne pas porter leurs armes n’importe comment. Maintenant, c’est à l’Etat de décider s’il faut donner des permis de port d’armes à ces gens.
Donc il y a ici, à Abobo des gens qui fabriquent des armes ?
D.S :Oui, ce sont des armes traditionnelles et non des armes de guerre. Ce sont des armes que nous fabriquons.
C’est vrai que ce n’est pas une arme de guerre mais, elle donne aussi la mort. N'est-ce pas ?
D.S : Oui, c’est vrai. Mais, même un bâton peut aussi tuer.
Les Dozos sont aussi accusés de jouer, à certains endroits, le rôle des Forces de l’ordre. Il y en a qui font du gardiennage. Est-ce normal ?
D.S : Vous savez, les gens n’aiment pas dire la vérité. J’ai eu le temps de sillonner le pays et d’aller même à l’extérieur au cours de ma vie. Dans le passé, des gens venaient voler les bœufs en Côte d’Ivoire pour les conduire au Mali. C’est à la suite de cela que les gens ont sollicité les Dozos pour faire de la sécurité. Tout est parti de là. Mais, si aujourd’hui, l’Etat demande qu’on arrête cela, on le fera. Nous suivons l’Etat. Quand un pays veut être émergent, il faut que la sécurité soit confiée aux Forces régaliennes. Il faut des gens qui ont été form&eac (...)
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