Cours du mercredi, révocation de directeurs : Kouyaté Abdoulaye livre des secrets


(Photo DR)
  • Source: L'Inter
  • Date: jeu. 20 oct. 2016
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Kouyaté Abdoulalye est le chef de cabinet (chef-cab) du ministre de l'Education nationale. Dans cette interview, il monte au créneau pour faire la lumière sur la révocation des directeurs d'écoles paralysées dans le cadre de l'opposition aux cours de mercredi et la nomination exceptionnelle de 60 inspecteurs.

Les cours de mercredi ont du mal à passer sur le terrain. On parle de paralysie des cours dans la quasi-totalité des écoles du pays. Qu'en est-il ?

Ce point-là est celui du départ de cette crise inutile liée à beaucoup d'amalgames. Sinon, aujourd'hui, la situation commence à se stabiliser. Si l'on s'en tient au point de mercredi dernier, par exemple, je dirais que les choses vont très bien. Évidemment,  il y a toujours quelques poches de résistance et c'est tout à fait normal. Mais, l'écrasante majorité des enseignants a opté pour ce que le gouvernement a décidé d'instituer en toute responsabilité, pour le bonheur de nos enfants. A savoir consacrer la demi-journée de mercredi pour donner des enseignements à nos enfants, augmenter leur temps de travail, augmenter le quantum horaire et ?uvrer à ce que nos enfants soient performants à l'horizon 2020.

 

Le quantum horaire qui était pratiqué en Côte d'Ivoire avant la réforme a permis d'avoir un taux de réussite de plus de 80%, qui est relativement bon. Pourquoi vouloir changer un système qui donne des résultats satisfaisants ?  

Les résultats sont certes satisfaisants, mais les études préalables ont démontré qu'on peut avoir mieux que cela. Les études ont par exemple révélé que nos enfants ont, des difficultés en langues et en mathématiques, dont les temps d'apprentissage sont moins que 20 minutes. Il convenait alors de relever le quantum horaire. Quand nous venions ici au ministère  en 2011, nous avions 675h contre le minima de 800h à 900h. Je dois le rappeler, la norme internationale est comprise entre 900 et 1000h. Il y'a des pays qui sont au-delà de ce volume horaire. En France par exemple, ils sont à 1800h. D'autres pays sont à 1900h. A partir de ces constats, il fallait que la Côte d'Ivoire relève son quantum horaire. Aujourd'hui, avec l'instauration des cours de mercredi, nous sommes proches de 33 semaines alors que la norme est de 34 semaines. Nous étions à 832h. Aujourd'hui, nous passons à 990h. Ce qui correspond à 165 jours de travail par an contre 132h  initialement. Lorsque vous prenez les pays comme le Mali, le Burkina, Faso, la Guinée,  le Rwanda, le Burundi, tous ces pays-là ont plus de 5 à 6 jours de travail par semaine. Ce n'est pas normal que la Côte d'Ivoire qui, des décennies en arrière, était la locomotive du système éducatif en Afrique, soit en reste. Et je dois rappeler qu'a cette époque, certains étudiants venaient du Cameroun, du Gabon, du Maroc, de la Tunisie pour faire leurs études universitaires ici et même leurs études secondaires dans les lycées et collèges de notre pays. Il faut que la Côte d'Ivoire retrouve son lustre d'antan. D'ailleurs, je dois rappeler que ce n'est pas une mesure nouvelle. Préalablement, nous partions à l'école  lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et ce sont les samedi après-midis que nous nous reposions. La Côte d'Ivoire est le seul pays à avoir 4 jours de travailpar semaine et on ne demande pas 5 jours à nos enseignants mais 4 jours et demi. C'est pourquoi, je m'interroge sur les mobiles de cette opposition à une décision aussi bonne.    

 

Le Midd estime qu'il est possible d'arriver à 1000 h sans s'agripper aux cours de mercredi, par exemple en prolongeant l'année scolaire d'un mois...

Quand on voit le calendrier, le baccalauréat est fini le 25 juillet. Donc, nous sommes déjà dans le mois d'août. Et la rentrée était fixée à mi-septembre. Cela n'est donc techniquement pas possible. Avec le quantum horaire qu'on leur donne, les enfants auront un temps suffisant d'apprentissage. Ils sauront alors mieux s'exprimer, mieux calculer. Avec la réforme, ils ont maintenant entre 40 et 60 minutes de temps d'apprentissage de la langue et des mathématiques. Cela est largement suffisant pour apprendre à un enfant à lire et à calculer. Nous sommes en train de revenir à la méthode syllabique. C'est-à-dire, l'alphabet pour que les enfants apprennent ce que c'est que le mot, la lettre, la syllabe, la phrase, le texte. Lorsque l'enfant est habitué à cette construction, automatiquement, il peut repérer n'importe quel mot dans n'importe quelle phrase. Cela ne peut pas se faire sans qu'il y ait un volume horaire suffisant pour permettre aux enfants d'avoir cette connaissance. C'est pour cette raison que madame le ministre voudrait inviter nos enseignants à donner une chance à nos enfants. Il ne s'agit pas de nous, mais, des enfants de Côte d'Ivoire. Il faut que nous nous sacrifiions pour donner plus de chance de réussite scolaire à nos enfants. Nous sommes en train de chercher 1000 h. Actuellement, nous ne sommes qu'à 990h avec la réforme. Le Midd dit qu'il a des méthodes pour avoir 1000 h. Je dis ok. Mais, en attendant, le gouvernement a décidé d'instaurer des cours dans la matinée de mercredi, appliquons déjà cela. Tant que nous n'avons pas cette preuve, on ne peut pas lâcher la proie pour l'ombre.

 

Il semblerait que vous soyez fermés à la négociation pour faire avancer les vues et sortir de l'enlisement...

Cette porte est ouverte à Mesmin Komoé. Il peut venir quand il le souhaite. Le mercredi dernier, nous étions à la Fonction publique. Nous avons échangé avec lui pendant 2 h. Chaque fois qu'il demande une audience, il est reçu. Il faut qu'il se trouve des arguments pour chauffer ses militants à blanc. Il n'informe pas ses militants sur toutes les rencontres que nous avons avec lui pour évidemment mieux dominer. Aucune porte ne lui est fermée. Madame le ministre nous a donné des instructions fermes de recevoir tout syndicaliste qui le souhaite et c'est ce que nous faisons. Même mercredi dernier, nous l'avons rencontré et nous avons échangé avec lui. Nous lui avons dit de nous faire ses propositions. Si ses propositions montrent qu'on peut laisser de côté les cours de mercredi, et avoir 1000 h voire plus, alors, pas de problème. Nous, notre problème, c'est de relever le niveau d'apprentissage sans affecter les enfants. Mais, je ne vois pas par quelle magie, on y arriverait en laissant de côté les cours de mercredi. Avant qu'on se fasse une proposition de relèvement du temps d'enseignement, il faut déjà appliquer la décision du gouvernement. Le président de la République a inscrit dans son discours-programme baptisé ''Vivre ensemble'' ceci : « Notre politique concours rendre l'école obligatoire et gratuite pour tous les enfants jusqu'16 ans ». Tout le monde sait le contexte dans lequel il a accédé au pouvoir d'Etat. Cette ambition ne pouvait donc pas être appliquée dans l'immédiat. Il fallait accroître l'accès à l'école en bonifiant les infrastructures scolaires et la rémunération des acteurs. Avec le Programme présidentiel d'urgence (Ppu), nous avons commencé par la construction de 15000 classes. Aujourd'hui, nous sommes plus de 27000 classes construites en 5 ans. A ce jour également, nous sommes à plus de 35.000 enseignants recrutés. Je ne parle même pas des réhabilitations d'école et des kits scolaires pour lesque (...)

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