Côte d'Ivoire : Julien Kouao appelle à un régime parlementaire et un État fédéral


Geoffroy-Julien Kouao propose un État fédéral et un régime parlementaire comme solutions aux défis de la Côet d'Ivoire
  • Source: linfodrome.com
  • Date: mar. 29 mars 2016
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Juriste politique reconnu pour ses analyses pointues sur l'actualité nationale et internationale, Geoffroy-Julien Kouao saisit l'occasion de la reforme de la constitution ivoirienne, dans un contexte d'attaque terroriste pour, proposer de repenser l'État de Côte d'Ivoire. Il a lancé son appel depuis Grand-Bassam, le samedi 26 mars 2016.

Quel est l'objet de votre présence à Grand-Bassam ?

«(...) Les terroristes pensent idéologiquement avoir vaincu la mort. Je viens pour leur dire que s'ils ont vaincu la mort, ils ne pourront jamais vaincre la vie.Comme le dirait Jacques Vergès, les poseurs de bombes sont des poseurs de questions. Au delà de l'émotion, nous devons nous poser des questions.Nous sommes confrontés aujourd'hui à un défi sécuritaire. Ce défi sécuritaire vient s'ajouter aux autres défis déjà existants. Le défi social avec le chômage endémique des jeunes, le problème de la cohésion sociale donc le défi politique. Je pense que pour relever ces défis, nous devons nous inscrire dans la réflexion. Nous devons penser à remodeler l'organisation et le fonctionnement de notre société. Il nous faut réinventer l'État et je pense que la réforme constitutionnelle annoncée par l'exécutif parait comme une opportunité. Cette réforme doit être l'occasion de redéfinir la nature de notre régime politique et la forme de notre État. Nous devons arrêter de confier, au regard des nombreux défis qui sont les nôtres, l'entièreté du pouvoir entre les mains d'une seule personne. Autrement dit, le régime présidentiel devient à mon sens un non-sens. Il devient obsolète. Il faudrait que nous pensions, dans le cadre de la réforme à venir, à nous inscrire dans un régime parlementaire qui va permettre une gestion collégiale du pouvoir d'État pour mutualiser les intelligences afin de répondre aux nouveaux défis.Mais ceci n'est pas suffisant. Il faut aller plus loin. Pour créer la justice sociale, la cohésion nationale au niveau des entités locales sur l'ensemble du territoire national. Il faudrait que nos autorités locales, nos organes décentralisés aient plus de moyens sur le plan sécuritaire, politique et économique pour pouvoir répondre aux nouvelles attentes créées par le terrorisme, le chômage et la fracture sociale. Pour y arriver nous devons dans le cadre de la réforme constitutionnelle, penser à un État fédéral, avec des entités fédérées qui auront plus de pouvoirs sur le plan local pour amener les Ivoiriens vers la prospérité et vers la sécurité. (…) La réforme constitutionnelle annoncée ne peut être l'affaire du seul pouvoir Exécutif. C'est pourquoi l'Exécutif doit dès maintenant essayer de prendre en compte toutes les propositions et ouvrir le débat sur la question».

 

Quelles sont les méthodes pour y parvenir?

Nous faisons des propositions qui vont participer à la construction de l'édifice théorique de la réforme constitutionnelle. Pour le moment, rien n'est défini. Mais l'Exécutif a nommé une personnalité pour conduire la réflexion et nous sommes prêts à y participer. Nous faisons à notre niveau des propositions qui peuvent améliorer l'image politique, économique et social de la Côte d'Ivoire. Si on devait seulement s'arrêter, comme l'écrivent certains journaux, à instaurer un poste de vice-présidence ou bien simplement à revoir les conditions d'éligibilité du président de la République, nul besoin d'entrer dans une troisième République. Une simple révision constitutionnelle aurait suffi. Ce ne serait pas de trop».

 

Le chef de l'État actuel est-il dans les dispositions pour associer tout le monde ?

La constitution est l'affaire de tout le monde. Elle est la base juridique de l'organisation et du fonctionnement de l'État. Tout le monde est donc concerné. On ne peut pas lancer un projet d'une telle envergure de façon solitaire, il faut associer toutes les intelligences. Dans tous les cas, nous, intellectuels, notre contribution c'est d'avancer des idées, c'est de donner des pistes de réflexion. Et je pense que le régime parlementaire et l'État fédéral sont des pistes de réflexion à étudier et à approfondir.

 

Les terroristes n'ont pas vaincu la vie. Que voulez-vous dire ?

La question du terrorisme est idéologique. Il faut donc combattre le terrorisme idéologiquement. Ils veulent créer un khalifat, un état islamique. Il faut leur opposer la laïcité. Pour eux, il faut tuer des gens pour y parvenir. Il faut leur proposer l'amour. Ils méprisent la vie en adorant la mort. Ils triomphent de la mort mais ils ne triompheront pas de la vie. Idéologiquement, nous devons leur dire que, quelle que soit leur action, eux ils vont mourir mais la vie continuera comme elle continue depuis le 11 septembre 2001. C'est un appel que je lance à toutes les intelligences ivoiriennes de pouvoir dès maintenant aider le gouvernement en apportant des réflexions, des idées. Le courage politique, c'est de faire des propositions dans le sens d'améliorer la vie de la société.

 

Quels sont les avantages d'un régime parlementaire ?

Regardons bien. Prenons le cas de l'État fédéral sans rentrer dans les détails. La première puissance économique du monde, c'est le États-Unis et c'est une fédération. La première puissance économique du Mercosur, c'est le Brésil et c'est une fédération. La première puissance économique de l'Europe, c'est l'Allemagne et c'est une fédération. Les deux premières puissances économiques de l'Afrique, c'est le Nigeria et l'Afrique du Sud et ce sont des fédérations. C'est déjà suffisant pour vous montrer la pertinence d'une tell (...)

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