Politique

Crise Rhdp-Pdci / Ouattara-Bédié : qui a peur de qui ?

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(Photo d'archives)

Angoisse et peur semblent s'entremêler, depuis un certain temps, principalement dans les rangs du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp unifié), car la rupture avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire-Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda) rend hypothétique son maintien au pouvoir en 2020.

Depuis que le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié dit HKB, a officiellement rompu le cordon d’alliance avec le Rhdp, un vent d’affolement semble s’emparer des hauts responsables du Rhdp unifié. Au lieu de se consacrer à consolider leurs bases et leurs acquis, dans la perspective de 2020, ils passent plutôt le clair de leur temps à multiplier des opérations de charme envers un allié qui leur a tourné le dos ou à lui porter la réplique, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’à l’extérieur… Les partisans de cette formation politique que préside le chef de l’État, Alassane Ouattara, par ailleurs président d’honneur du Rassemblement des républicains (Rdr), redoutent pour la Côte d’Ivoire, des scenarios catastrophes, si Bédié ne revient pas au Rhdp. Après avoir adhéré librement au Rhdp, il a décidé volontairement de quitter cette formation où ses avis et visions ne passent plus. HKB a, en effet, dénoncé, le 24 septembre 2018, l’accord politique du 12 avril 2018, pour la création du parti Rhdp unifié. En conséquence, il a officialisé le retrait du Pdci du processus de mise en place de ce parti, ainsi que du groupement politique dénommé Rhdp.

A relire: Crise Rhdp-Pdci : Tout sur la stratégie de Bédié contre Ouattara

Dès lors, un véritable branle-bas, qui frise la frilosité, s’est alors emparé des partisans du Rhdp unifié, et plus globalement de ceux issus du Pdci, qui roulent ouvertement pour Alassane Ouattara. Ici et là, on agite le chiffon rouge de l’instabilité du pays. Ce qui fait dire aujourd’hui aux nombreux observateurs de la vie politique ivoirienne, que le départ de Bédié du Rhdp semble avoir fait perdre les pieds aux dirigeants de cette formation… Au point qu’on lui court après pour le ramener au Rhdp vaille que vaille. L’argument avancé est que l’équilibre politique et social du pays pourrait en pâtir… Les partisans du retour de HKB au Rhdp, pour justifier leur démarche, crient sur tous les toits et dans tous les micros et mégaphones, que tout basculerait en Côte d’Ivoire, et que ce serait le noir en plein jour. Ils donnent le sentiment, par leur entêtement à le ramener, qu’ils ont perdu leur sérénité, se sentent mal dans leur peau devant cette rupture avec Bédié. C’est pourquoi, du côté du Rhdp, des initiatives se multiplient pour convaincre le «  Sphinx de Daoukro » du bien-fondé de son retour à la « maison ». « Pour la paix et la stabilité », Bédié doit changer de fusil d’épaule, argue-t-on. La question que l’on se pose est de savoir en quoi l’absence de Bédié au Rhdp peut être source de conflit en Côte d’Ivoire ?

 

Bédié va perdre le Rhdp. Jean-Marc Bédié Anyra, petit neveu de Bédié ; des élus, cadres et responsables du Pdci ; Henriette Dagri Diabaté et Kandia Kamissoko Camara, respectivement présidente et Secrétaire générale du Rdr ; les rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire ; le Vice-président Daniel Kablan Duncan ; le président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio ; l’épouse du chef de l’État, Dominique Ouattara seraient à la manœuvre pour appuyer des actions souterraines qui seraient en court. Mais, des Ivoiriens et des observateurs neutres sont à se demander sur les fondements réels de toutes ces démarches. Qu’est-ce qui peut bien fonder tant de débauche d’énergie autour du retour de Bédié au Rhdp ? Qui, au fond, dans cette situation, a peur de qui ? Est-ce parce qu’au Rhdp on est si soucieux de la stabilité et de la paix en Côte d’Ivoire, qu’on a perdu le sommeil ou alors est-ce parce qu’on est convaincu que sans le Pdci et son président, HKB, le Rhdp est une coquille à moitié vide ? Et pourtant, le parti d’Alassane Ouattara est sorti largement vainqueur des élections locales (municipales et régionales) du samedi 13 octobre 2018. Ce qui, selon plusieurs de ses responsables, augure des lendemains qui chantent en 2020. C’est alors que des Ivoiriens sont surpris de constater que le Rhdp continue de faire des appels de phares à Bédié. Au sortir des élections locales du 13 octobre 2018, des responsables du Rhdp, dont le député Abel Gbakayoro Djohoré (Ouragahio), se sont empressés de proclamer, haut et fort, la « victoire au premier tour en 2020 » du Rhdp. Les Ivoiriens sont donc à se demander pourquoi tiennent-ils encore à ramener Bédié au Rhdp, si les scores qu’ils ont réalisés leur garantiraient une large victoire au premier tour en 2020. Si tant est que Bédié et le Pdci ont perdu leurs poids et leur influence sur l’échiquier social et politique en Côte d’Ivoire, après les débauchages et les démembrements dont a été l’objet le Pdci, pourquoi alors les dirigeants et partisans du Rhdp unifié continuent-ils de faire feu de tout bois, pour avoir avec eux, HKB ?

La logique aurait voulu que les responsables du Rhdp ignorent totalement Bédié dans leur stratégie. Qu’ils adoptent l’attitude responsable et conséquente de Sangaré Abou Drahamane vis-à-vis de Pascal Affi N’Guessan, dans la crise au Fpi. Convaincu que Pascal Affi N’Guessan, selon lui, tenait un Fpi factice, et que la réalité du parti de Gbagbo était avec lui, Sangaré Abou Drahamane a gardé le cap de la rupture avec celui-ci jusqu’à son dernier souffle, le samedi 3 novembre 2018. En continuant de démarcher Bédié, le Rhdp, non seulement se couvre de ridicule, mais donne le sentiment de vouloir une chose et son contraire. On est tenté de se demander, dans le cas de cette crise entre le Pdci et le Rhdp, pourquoi les partisans de Ouattara se font-ils tant de soucis avec le départ de Bédié ? Peut-être qu’au Rhdp, on a de sérieuses appréhensions quant à l’issue de la présidentielle de 2020 sans le Pdci.

Et pour cause ! Si la coalition du Rhdp s’est taillée la part du lion (46 % aux municipales et 60 % aux régionales), il reste qu’à l’arrivée, des observateurs ont noté une victoire à la Pyrrhus du parti d’Alassane Ouattara, c’est-à-dire une victoire difficile et très chèrement acquise.

Des candidats de gros calibre, issus de ce groupement politique, ont mordu la poussière dans des localités den (...)

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