Transactions commerciales, transport,... : Pourquoi la petite monnaie manque à Abidjan

  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 14 fév. 2018
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La monnaie est définie comme intermédiaire aux échanges commerciaux. Que ce soit dans le secteur de la distribution ou du transport, la petite monnaie, ou plus précisément les jetons, s'impose comme un instrument indispensable. Malheureusement, force est de constater que cet instrument de paiement est d'une rareté inquiétante dans les transactions commerciales en Côte d'Ivoire. A qui la faute ?

La petite monnaie est rare en Côte d'Ivoire. Une situation qui est très souvent source de nombreux désagréments dans les transactions commerciales, notamment dans le secteur des supermarchés, des transports, des officines, etc. C'est au quotidien que l'on assiste à des scènes opposant deux ou trois personnes, voir quatre, pour des questions de pièces de monnaie. Témoin d'une scène dans un supermarché à Adjamé, le vendredi 9 février 2018, nous avons pris l'ampleur de la situation. Il s'agit d'une employée de maison qui réclamait sa monnaie de 75 Fcfa à une caissière qui, en retour, demandait à cette dernière de prendre un autre article pour arrondir le montant de ses achats, faute de jetons. Et à la fille de ménage de lui rétorquer qu'elle avait reçu instruction de retourner avec la monnaie exacte à la maison.

Au sortir de cet espace commercial, notre regard est attiré par un groupe de personnes qui ont formé un cercle autour d'un jeune-homme, un apprenti-Gbaka. Le jeune homme tend deux billets, l'un de 1 000 Fcfa et un autre de 500 Fcfa, à cinq personnes et leur demande de se mettre ensemble pour se partager leur monnaie à raison de 200 Fcfa par personne. Il s'en suit une vive altercation entre cet apprenti-Gbaka et ses clients. Ce dernier, pour se défendre, balance qu'il n'a pas de monnaie. Notre surprise ne s'arrête pas à ces deux scènes. Face à la Pharmacie Makissi, au rond point d'Adjamé 220 logements, des véhicules de transport en commun ou woro-woro, ainsi que des Gbakas font le plein de passagers. Mais la condition pour monter dans l'un de ces véhicule, c'est de disposer de la monnaie. On attend le chargeur répéter à tue-tête : « Montez avec monnaie. 1 000 Fcfa, 500 Fcfa, y a pas monnaie ». Dépitée par cette situation, une dame qui passait son chemin lâche un juron et marmonne : « Matin, y a pas monnaie ; à midi, y a pas monnaie ; le soir, y a pas monnaie. A quel moment y a monnaie alors ? ».

 

Jeton, où es-tu ?

Effectivement, et pour reprendre cette dame, nous nous interrogeons à notre tour : « A quel moment, y a-t-il la monnaie ? Mieux encore, pourquoi la monnaie est si rare à Abidjan? ». Certains justifient la rareté de la petite monnaie à Abidjan par une rétention chez les petits commerçants qui vendent par la suite ces jetons à d'autres commerçants. D'autres personnes font état d'un circuit de fonte de pièces de monnaie en vue de la fabrication de bijoux. D'autres vont plus loin pour dire que les guichetiers des banques et structures de microfinances s'en servent à des motifs de corruption. Le fait décrié est qu'ils donnent la monnaie à des clients qui, en retour, leur remettent un pourboire. La dernière thèse développée, c'est la thésaurisation, c'est-à-dire le fait de garder son argent en dehors du circuit économique. Les différentes personnes mises en causes ont levé une vive protestation contre ces accusations.

Le président de la Fédération nationale des acteurs du commerce de Côte d'Ivoire (Fenacci), Farikou Soumahoro, demande de chercher la rareté de la petite monnaie ailleurs. « C'est chaque jour qu'on dénonce le fait que les jetons ne circulent pas dans le commerce. A côté de ce problème crucial, l'on se retrouve très souvent en face de certains commerçants et chauffeurs qui refusent les pièces de 250 Fcfa qui sont pourtant acceptées dans tous les autres pays de l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). C'est à ce demander ce qui ne va pas », s'est offusqué le président Farikou Soumahoro, joint hier lundi 12 février 2018, au téléphone. Ce dernier a levé une vive protestation contre les commerçants visant à faire croire que le blocage viendrait d'eux. « Chaque matin, nous sommes obligés de batailler fort, surtout auprès de mendiants (personnes de conditions défavorables qui réclament des pièces de monnaie aux passants, ndlr), pour pouvoir acheter de la monnaie. Même quand on décide de se tourner vers la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (Bceao), c'est encore difficile, parce qu'il y a des individus qui gravitent autour de cette structure et qui vendent la monnaie. Leur taux, à savoir 10 %, est vraiment exorbitant », s'est indigné le président de la Fenacci qui souhaite que « tout cela cesse et qu'on mette la monnaie à la disposition de tout le monde ».

Du côté des transporteurs, on préfère chausser des gants avant de répondre à la question relative à la rareté de la petite monnaie. Le Directeur général du Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier de Côte d'Ivoire (Hcpetr-Ci), Diaby Ibrahim, joint au téléphone hier, a feint ne pas être au fait de cette situation. « Je ne savais pas que la rareté de la petite monnaie était un phénomène bloquant dans le secteur des transports », a-t-il dit avant de promettre nous revenir, le temps pour lui de s'informer sur le sujet.

 

Révélations

Les acteurs du secteur bancaire refusent qu'on leur jette impunément la pierre. Selon certains banquiers qui ont requis l'anonymat, la rareté de la petite monnaie ne doit pas leur être imputée. Ils sont catégoriques qu'il faut plutôt regarder du côté de la Bceao. « C'est à peine deux à trois fois dans l'année que la Bceao nous appelle pour nous remettre de la petite monnaie, des pièces. J'insiste que c'est la Bceao qui appelle d'abord, avant que nous ne nous présentions à ses guichets. Et le volume de monnaie est donné en fonction de la taille de la banque. Ce n'est donc pas selon nos besoins, mais selon la taille de la banque », a confié hier, lundi 12 février 2018, très amer un agent de banque. Ce dernier est allé plus loin pour révéler que sa banque ne reçoit, pour chaque appel, qu'une enveloppe de 2,5 à 3 millions de Fcfa. En clair, si l'on s'en tient aux propos de cet (...)

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