Education nationale / L'Ecole va mal : Les révélations d'une enquête d'enseignants craie en main
« Des parents ont peur de leurs enfants, des enseignants ont peur de leurs élèves... »

  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 29 mars 2017
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Le Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d'Ivoire (Synesci) a rendu publics, le samedi 25 mars 2017, à Adjamé, les résultats des investigations effectuées sur l'état de l'Ecole en Côte d'Ivoire, sur une longue période, avant de proposer des solutions. Le document intitulé '' conditions pour une Ecole émergente vraie (mars 2017)'' a été présenté par le secrétaire à la communication de ce syndicat, Ekoun Kouassi, en présence du secrétaire général national, Traoré Siaka.

«En 2012, la demande du Synesci d'accepter que tous les élèves admis au Certificat d'études primaires élémentaires (Cepe) soient orientés en classe de sixième, a été exaucée par l'Etat de Côte d'Ivoire, donnant alors la chance à des milliers de jeunes Ivoiriens, d'accéder à l'enseignement secondaire. Mais, l'indigence des infrastructures scolaires, résultat des nombreuses crises militaro-politiques qui ont plombé l'économie de notre pays, durant une décennie, a entraîné un retour aux effectifs pléthoriques. De fait, le nombre moyen d'élèves, dans les classes en Côte d'Ivoire, tourne entre 80 et 120, de la 6 ème à la Tle. Au sortir de la crise post-électorale, le Gouvernement a certes fait des efforts en termes de réhabilitation des établissements tombés en disgrâce, et de construction de nouvelles salles de classe.Toutefois, le constat susmentionné est sans ambiguïté», a d'emblée relevé le Synesci, relativement aux effectifs pléthoriques dans les classes, non sans souligner l'inexistence de salles de collection et le sous-équipement en matériels didactiques.

Et ce syndicat de se poser la question de savoir ce qu'attendre des élèves faisant le lancer de poids, avec des pierres à la place des poids, si ce n'est formater des lanceurs de pierres, à tout venant. ‘'D'ailleurs, aujourd'hui, la valeur marchande du sport devrait inspirer davantage les gouvernants à favoriser le concept Sport-Etude, pour renforcer l'éducation dans nos écoles. D'autant plus que la professionnalisation du sport est devenue un secteur pourvoyeur d'emploi (...) l'environnement immédiat de nos établissements scolaires, favorise des déviances de toutes sortes. Y a-t-il encore en Côte d'Ivoire, un établissement secondaire dont la clôture, si elle existe, n'est pas constituée de bistrots, de maquis où l'alcool et la prostitution sont les repères et les véritables tuteurs de nos élèves ? (...) Ce qui a offert grandement les abords de nos lycées et collèges aux bars où enseignants et élèves s'enivrent, des fois même, avant ou entre les cours'', poursuit le Synesci qui note que face à la démission des parents, des enseignants et de l'Etat, l'indiscipline caractérisée des élèves apparaît comme le levain essentiel des mauvais résultats.

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«Oui, il ne faut pas se voiler la face, nos résultats ne sont pas bons. Avoir plus de 40% d'échec au Bac ou au Bepc (...) Les parents ont de plus en plus peur de leurs enfants. Ces derniers désormais, dans certaines familles détiennent le cordon de la bourse et donc toute l'autorité financière, politique et ...morale pour gérer la famille. Ils sont nombreux les parents qui montrent la confusion qui les habite, quand ils daignent répondre à une convocation, avec leur (s) enfant(s), à l'école, tellement ils ne comprennent plus eux-mêmes, leur rôle de parents. Du côté des enseignants, la situation n'est guère reluisante. Là, c'est l'autorité du maître qui a foutu le camp, tout comme le respect de l'autorité, du fait de certains comportements peu orthodoxes. Résultats, les conseils de discipline peinent à se réunir pour statuer sur des cas d'indiscipline avérés car, la peur de représailles annihile toute volonté de prise de décisions courageuses pour ramener les brebis égarées dans l'enclos», font savoir Traoré Siaka et ses camarades qui dépeignent leurs conditions de travail (toilettes, salle des profs, chaises, bureaux...).

A en croire les enseignants, les salles de classe sont mal ou non éclairées, les tableaux n'existent que de nom, confondus qu'ils sont avec le mur. «En plus, la mauvaise qualité de la craie, n'est pas faite pour arranger les choses. Aujourd'hui, des études ont montré que la craie, cette alliée quotidienne de l'enseignant, est nocive pour l'organisme humain. Bref, les contraintes et les risques physiques et matériels, les postures pénibles, sont encore trop fréquents dans le cadre de travail des enseignants du secondaire. Ce qui les expose aux risques psycho-sociaux», dit le Synesci qui déplore les conditions de vie des enseignants, le coût des loyers. «Et ils sont de plus en plus malades, les enseignants. Les consultations se font chez les spécialistes des poumons, des nerfs, du dos, de la peau etc. Autant à la maison qu'à l'école, les conditions de travail sont si pénibles qu'il est de plus en plus courant de voir les enseignants victimes d'Accident vasculaire cérébral (Avc)'', apprend-on.

 

‘'Cafouillage dans l'application des réformes''

 

Selon les enseignants, depuis le début des années 2000, il y a un cafouillage dans les réformes pédagogiques. « Sur le terrain, il y a trois approches pédagogiques qui sont pratiquées : la Pédagogie par objectif (Ppo), la Formation par compétence (Fpc) et l'Approche par compétence (Apc). Nous sommes donc dans un système hybride qui ne permet pas de savoir quel type d'ivoiriens nous voulons former. On fait donc, et on défait au rythme des humeurs des autorités et des bailleurs de fonds. Et comme cela vient avec les diminutions de volume horaire, selon les disciplines, les dégâts, naturellement, vont avec», soutiennent les enseignants qui déplorent les arrêts intempestifs des cours, avec les grèves des enseignants et des élèves, mais aussi les nombreuses absences injustifiées des enseignants, le déficit d'examinateurs (surveillants, interrogateurs et correcteurs) aux examens à grand tirage, comme le Bac et le Bepc. Ce qui ouvre de nombreuses issues à la fraude. Pour le Synesci, le Comité de gestion des établissements scolaires (Coges) ne répond pas aux besoins des écoles.

Face à cette situation, ledit Syndicat propose de réduire les effectifs de 40 à 50 élèves maximum par classe, réhabiliter les salles de classe hors d'usage, construire de nouvelles salles de classe, renforcer le recrutement d'enseignants de qualité, construire les salles de collect (...)

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