Fouilleur sur un chantier à Cocody-Faya : Comment Tra Bi Gossé Charles a été enseveli vivant dans un trou de 8 mètres


(Photo d'archives)
  • Source: Soir Info
  • Date: sam. 25 juil. 2015
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Tra Bi Gossé Charles, 42 ans, enseveli vivant pendant trois jours, dans un trou d'une profondeur de huit (8) mètres, à la Riviera Faya, a été inhumé, le samedi 11 juillet, à Mioré, son village natal. Retour sur le drame qui a emporté le titulaire d'une Licence en Economie qui, pour assurer la pitance quotidienne de sa famille, s'adonnait à des fouilles sur des chantiers. Reportage.

Le mercredi 3 juin 2015, quand Tra Bi Gossé Charles quitte sa jeune femme et sa fillette de six (6) mois, qu'il embrasse tendrement sur le front frêle, il était loin de s'imaginer qu'il ne les reverrait plus jamais. Qu'il périrait enseveli vivant sous des tonnes de terre dans un trou de huit (8) mètres de profondeur. La mort avait, à cet instant, scellé son sort. Une mort atroce qui hantera, longtemps, l'esprit de ses parents, collègues et amis. Comme à ses habitudes, le sac en bandoulière, Charles emprunte, à Yopougon, plus précisément à Andokoi, où il loue un studio, un municar appelé communément « Gbaka » pour la Riviera Faya, lieu où il exerce la fonction de fouilleur sur l'un des nombreux chantiers ouverts dans ce nouveau quartier de la commune de Cocody. A la montée de la pente, située en face du nouveau camp d'Akouédo, qui mène à son nouveau lieu de travail, Charles rencontre un camarade d'université avec lequel il échange. Dans leurs conversations, ils parlent de tout et surtout de la Licence obtenue à l'Unité de formation et de recherche des Sciences de l'Economie et de Gestion à l'Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, des années plus tôt. Si son ami est fonctionnaire au ministère de l'Economie et des finances, lui, malgré la Licence, est fouilleur sur des chantiers. Métier qu'il exerce après avoir cherché, sans succès, un emploi. Pour faire face à ses obligations familiales, il n'a pas eu le choix que d'entreprendre de petits travaux. Une fois sur le chantier, il en souffle mot à l'un de ses collègues de la rencontre qu'il a faite avant d'arriver au travail. Les conseils du collègue lui donnent du punch. Le découragement fait alors place à l'espoir et l'assurance renaît. C'est même en sifflotant que Charles se change pour mettre  ses habits de travail. Mais soudain, une forte pluie se met à tomber  sur la commune. Le chantier sur lequel il travaille n'est pas épargné par la forte pluie. Ses collègues et lui courent s'abriter et décident d'attendre, le temps que la pluie cesse pour se mettre à la tâche. Ils attendent patiemment dans l'immeuble en construction. Mais quelques minutes après la pluie, Charles se précipite dehors pour entamer la vidange d'un trou de huit (8) mètres de profondeur. Ses collègues s'opposent et lui demandent d'attendre. Attiré comme par un aimant, il refuse de suivre les conseils de ses collègues et descend dans le trou pour le vider. «Il a pris un risque de descendre dans un trou de 8 mètres de profondeur. Il aime prendre des risques. Ses collègues l'ont dissuadé de descendre et lui ont fait comprendre que c'était trop dangereux, après cette forte pluie. Tra Bi était un garçon courageux. En plus, il mesurait près de deux (2) mètres. Il a pris le risque de descendre dans le trou pour le vider et ce qui devrait arriver arriva », confie son oncle, Tra Bi Bolati Ernest, quand nous l'avions rencontré à sa résidence, le vendredi 12 juin 2015, située à Cocody-Angré Star 9. A peine a-t-il entamé la manœuvre que la terre, devenue humide à cause de l'importante quantité d'eau de pluie tombée, la veille et le jour même du drame, se détache et bouche littéralement le trou de 8 mètres de long dans lequel Charles est descendu.

 

La révolte de ses collègues

Charles est enseveli vivant dans les fouilles. Ses collègues accourent pour le sauver mais impossible, le trou est profond et contient également l'eau de ruissellement. Ils essaient d'appeler sur son portable, mais point de réponse. Ils mesurent la gravité des faits. La police est saisie comme d'ailleurs l'Onuci, l'Onpc, les sapeurs pompiers. Le bulldozer convoyé sur le site pour extraire le Licencié en Economie des profondeurs de la terre n'y parvient pas. La pluie qui s'est remise à tomber ne facilite pas les choses. Ni l'Onuci, ni l'Onpc encore moins les sapeurs pompiers  dépêchés sur le chantier ne trouvent de solutions. Pendant trois (3) jours, Charles est resté enseveli sous la terre, sans aucune aide. « C'était très atroce. J'avais un sentiment d'abandon, d'impuissance. Ça été très douloureux en tant que parent de suivre cette scène-là. Je ne le souhaite à personne. Un fils enfoui, et il passe 3 jours sous la terre et chaque jour, la pluie tombe sur lui. Mais vous ne pouvez rien. Tout le monde sait qu'il est là, mais personne ne peut rien faire. C'est terrible », indique l'oncle qui est par ailleurs, Professeur en Sciences d'Economie et de Gestion à l'Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. Englouti vivant le mercredi 3 juin, c'est finalement le samedi 6 juin, à 17 h que le corps de Charles est extrait des fouilles, par la volonté de ses camarades. « Si j'avais été informé de l'accident le premier jour, peut-être que Tra Bi ne serait pas mort, sous les fouilles. J'aurais déconseillé l'utilisation des machines. Quand je suis arrivé, le 2ème jour de l'accident, j'ai demandé que le bulldozer arrête de creuser et qu'il serait mieux de descendre dans le trou pour le récupérer. Les pompiers n'arrivaient pas à retrouver le corps. Ils attendaient que la machine creuse profondément. J'ai dit qu'on ne peut pas retrouver le corps en utilisant un bulldozer. Personne ne voulait aussi descendre dans le trou. J'ai proposé qu'on descende dans le trou pour récupérer Tra Bi.  C'est comme cela que mon grand-frère, moi et le chef de chantier avions proposé de descendre dans le trou pour récupérer Tra Bi qui était déjà mort. Quatre (4) jeunes se sont portés volontaires pour nous aider », indique Yapo Wilfried, l'ami de Tra Bi Charles. «C'est de façon archaïque que le corps a été extrait des profondeurs de la terre. Il était à 8 mètres sous terre. Il y a un bulldozer qui essayait de l'enlever mais ne parvenait pas parce qu'il pleuvait, et puis dès le 4ème jour, ses camarades se sont révoltés et ont décidé de mettre tout en œuvre pour extraire leur camarade englouti sous la terre. De façon archaïque, ils sont descendus dans le trou avec des seaux pour vider, dans un premier temps, l'eau de ruissellement qui s'y trouvait. Après avoir vidé le trou, ils ont creusé petit à petit. A un moment, ils ont com (...)

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