Interdiction de sachets plastiques : Les dessous d'une affaire aux multiples rebondissements - Cacophonie au ministère de l'Environnement - Vers la prise d'un troisième décret pour mettre de l'ordre


Malgré la mesure, les sachets plastiques continuent d'être utilisés...
  • Source: L'Inter
  • Date: mer. 13 mai 2015
  • Visites: 2577
  • Commentaires: 0
Plus de cinq mois que la production et l'usage de sachets plastiques, excepté pour certains services, sont officiellement interdits, selon un décret pris par le président de la République. Cette mesure suscite beaucoup de remous à la fois chez les fabricants que chez les vendeurs et usagers. La contradiction entre les textes censés réglementer ce secteur d'activité en rajoute à la cacophonie déjà présente autour du sujet. Enquête.

Jamais un décret pris par le président Alassane Ouattara n'a été aussi contesté et n'a suscité autant de mécontentements. Depuis son entrée en vigueur, le samedi 8 novembre 2014, le décret n°2013-327 du 22 mai 2013 portant « interdiction de la production, de l'importation, de la commercialisation, de la détention et de l'utilisation des sachets plastiques » provoque de vives réactions aussi bien chez les producteurs, les industriels que chez les employés. En représailles, ces derniers ont souventes fois été  gazés, bastonnés et arrêtés. Chez les consommateurs, si la nouvelle est bien accueillie, elle engendre cependant des plaintes et des mécontentements, quand vient le moment de débourser de l'argent pour acheter des sacs désormais autorisés dans les supermarchés, pour y mettre les produits achetés. Au niveau des industriels, tandis que certains sont traqués, en l'occurrence les producteurs d'eau en sachets plastiques, d'autres comme les fabricants de yaourt et de lait, peuvent continuer librement leurs activités. Dans la foulée, il ressort de nos investigations que le ministère de l'Environnement a accordé des dérogations à certaines entreprises pour continuer à produire ou à utiliser les sachets plastiques. Cette dérogation est prévue dans le décret qui interdit pourtant la production et même la détention de sachets plastiques.


Un décret qui sème le flou

Le décret portant interdiction des sachets plastiques pour l'usage courant, contient en lui les germes de la discorde. Il a même subi des amendements pour recadrer les choses.Dans un premier temps, le chef de l'État s'est vu obligé, quelque six mois après la prise de la décision, de signer un autre décret. Il s'agit du décret n° 2013-803 du 22 novembre 2013 qui proroge de six mois le délai, afin de permettre « aux entreprises de production, d'importation, de commercialisation de sachets plastiques, ainsi qu'aux utilisateurs de sachets plastiques, de se conformer aux dispositions du décret n° 2013-327 du 22 mai 2013 ». Une première. C'est pourquoi Yavo Jean Baptiste, responsable des ressources humaines à Plastica, dira : « Si le président de la République signe un premier décret et prend un deuxième décret pour suspendre le premier décret c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas ». Mais quand vient le moment de la mise en vigueur de la loi, le dossier échoit au Premier ministre Kablan Duncan, en raison des difficultés de son application. En février 2014, il produit l'arrêté n° 065/PM/CAB du 19 février 2014 qui détermine les modalités d'application des décrets précédents. Il y prévoit un comité paritaire (État-secteur privé) chargé d'évaluer mensuellement la mise en application de la mesure d'interdiction. Le nœud du problème entre le gouvernement et les acteurs de la filière sachets plastiques se situe au niveau de l'intitulé du décret, à savoir « l'interdiction », relevé en son article 2, la « dérogation » au niveau de l'article 7 et l'article 10. En effet, l'article 2 interdit la production et même l'utilisation, exception faite à certains domaines, du sachet plastique. « Ce n'est pas possible. On ne peut pas interdire l'utilisation des sachets plastiques. Même dans les pays développés, on utilise le sachet plastique », a déclaré le juriste Yavo. Il ajoutera que « si on applique de manière pure et dure ce décret, il fait de notre président le premier prisonnier de la Maca, parce que tout détenteur de sachets doit être arrêté. Au niveau de la Présidence, ils ont réfléchi et compris que si on appliquait ce décret, il entraînerait les conséquences dont nous avions parlé. C'est cela le motif essentiel de la suspension du décret ». Mais en même temps qu'il interdit la production, le décret donne la possibilité aux entreprises, en son article 7, d'obtenir une dérogation pour en produire. La mise en vigueur de cette disposition a provoqué une cacophonie au ministère de l'Environnement, au regard des documents que nous avons reçus.

 

Cacophonie au ministère de l'Environnement

Au début du mois de décembre 2014, nous recevons d'une personne qui a requis l'anonymat, des documents produits par le ministère de l'Environnement, dans lesquels il dénonce une corruption autour de l'application de la dérogation prévue par le décret. Si les services du ministère, que nous avons rencontrés, ont authentifié les documents, ils ont, par contre, rejeté l'accusation de corruption. Il s'agit de deux arrêtés contradictoires. L'un signé du Pr Alexandre N'guessan, directeur de cabinet adjoint du ministère de l'Environnement, et l'autre de son supérieur hiérarchique, Nasséré Kaba, directeur de cabinet du ministre Allah Kouadio Remy. Par le premier arrêté pris le 22 novembre 2014, le directeur de cabinet adjoint accorde une dérogation aux entreprises qui en font la demande, contre une forte somme d'argent, à en croire notre source.  A la grande surprise, le directeur de cabinet prend une autre décision, sixjours plus tard, soit le 28 novembre, pour abroger l'arrêté de son adjoint. C'est par les soins de l'huissier de justice, Me Samelé Bitty Jules, que le ministère fera savoir aux entreprises la suspension de la dérogation dont elles ont bénéficié. Ce même 28 novembre 2014, le Groupe Amis, l'un des bénéficiaires de la dérogation, reçoit des mains de l'huissier une correspondance relative à la dernière décision. Le mis en cause dans cette cacophonie est Dr. David Atsé, conseiller technique du ministre. « C'est lui qui a traité les dossiers et qui a induit le directeur de cabinet adjoint en erreur. C'est pourquoi il a été démis de ses fonctions », a expliqué monsieur N'da (...)

Lire la suite sur L'Inter


service secteur application consommateurs entreprises Environnement plastique don production État Alassane Ouattara Kablan Duncan gouvernement corruption




Educarriere sur Facebook

Offres d'emploi du jour