Kouassi Kouakou Lambert n'est âgé que de 21 ans. Ce jeune à peine sorti de l'adolescence est, hélas, un tueur impassible. Comme on dit des grands criminels à Abobo où il habite, « il n'a pas froid aux yeux ».

Faisant preuve d'inhumanité, il a attiré sa petite amie, Kragbé Carine, 25 ans, dans un guetapens avant de lui ôter la vie de la façon la plus cruelle.

En effet, le criminel, après avoir violemment poignardé sa victime par surprise, s'est ressaisi un instant face aux cris de douleur de celle-ci. Mais, au lieu de s'apitoyer sur le sort de la jeune femme dont le seul « crime » est d'être tombée amoureuse de lui, Kouassi Kouakou, va achever Carine, agonisante, en lui assenant plusieurs coups de couteau. Comble d'horreur, le criminel va, au niveau du poignet, trancher la main droite en vue de la proposer à 12 millions de Fcfa aux sombres commanditaires de ce crime.

Par bonheur, la Direction de la police criminelle (Dpc) sur les traces de Carine, portée disparue, va remonter jusqu'à son meurtrier et deux de ses complices. Il s'agit de Akligo Koffi, alias Kofa, Togolais, âgé de 30 ans, et Ameké Luc alias Empereur, 22 ans, technicien de froid déjà condamné pour vol.

Il ressort du point de presse animé hier par le directeur de la Dpc, le commissaire Honoré Gnagne Léhikpa, que le trafic d'organes humains est à l'origine du crime.

Interpellé à la suite de la disparition mystérieuse de Kragbé Carine, l'amant de cette dernière avec qui il a souvent passé des nuits, avait vigoureusement nié en être l'auteur. Mais, il va finir par passer aux aveux en reconnaissant l'avoir tuée pour emporter sa main droite.

L'assassin de Carine dit avoir été contacté par un Togolais surnommé Kofa. Ce dernier se serait présenté à lui comme étant le démarcheur d'un homme d'affaires en quête d'organes humains. Et que cet homme connu sous le pseudonyme de « Le Boss » cherchait à acquérir une main humaine au prix de 12 millions de Fcfa pour faire des sacrifices et fructifier ses affaires. Offre alléchante qui va aveugler Kouassi Kouakou Lambert. Voulant empocher coûte que coûte les 12 millions proposés par Kofa, il jette son dévolu sur sa copine pour… se procurer sa main.

Pour réussir ce projet macabre, il va alors attirer Kragbé Carine à Bingerville où il se propose de lui offrir un téléphone portable dans la soirée du 18 mars.

En quittant Yopougon Selmer pour se rendre, insouciante, au rendez-vous de son « bien-aimé », la jeune femme, comme d'habitude, va informer sa tutrice de belle-soeur. Qu'a-t-il bien pu dire à Carine pour se retrouver seul avec elle dans la nuit, dans une maison inachevée, et de surcroit dans la brousse ? « J'ai sorti le couteau que j'avais caché la veille à cet endroit et je lui ai planté un violent coup à la poitrine », a-t-il relaté. Face aux cris de douleur de la victime, le tueur qui s'était ressaisi dit être revenu à la charge pour l'achever.

Malheureusement pour lui et ses complices Akligo Koffi, alias Kofa et Ameké Luc alias Empereur, « Le Boss », l'homme d'affaires qui résiderait dans un hôtel, avait quitté les lieux. Et ne sachant plus que faire de l'organe humain soigneusement emballé dans un sac en plastique, Kofa va s'en débarrasser dans les broussailles à la Riviera palmeraie.

C'est au terme d'une enquête minutieuse que les limiers de la Dpc ont réussi à mettre le grappin sur le principal meurtrier de Kragbé Carine.

L'enquête se poursuit pour dénicher tous les autres membres de ce trafic d'organes humains. Concernant le nommé Ameké Luc alias Empereur, les investigations établissent qu'il s'agit d'un brouteur ayant perdu sa fortune et qui cherche à en gagner à nouveau par tous les moyens. Le Boss et lui seraient le même individu.

En attendant que l'enquête s'achève complètement, les trois individus arrêtés seront déférés demain devant le Parquet pour répondre des crimes de meurtre avec préméditation et complicité.

LANDRY KOHON