Audition à la Cellule spéciale d'enquête ; poursuites à la CPI,... : De nouvelles charges versées aux dossiers d'instruction - Des cas de torture, de viols et de décapité soulevés - Les commandants Ben Laden et Loss épinglés


(Photo d'archives pour illustrer l'article)
  • Source: L'Inter
  • Date: mer. 06 mai 2015
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Les crimes survenus pendant la crise post-électorale font actuellement l'objet d'instructions au double niveau national et international. Notamment devant la Cellule spéciale d'enquête et d'instruction (Csei) et la Cour pénale internationale (Cpi).

Jusqu'à présent, les chefs d'accusation à instruire tournent autour des crimes de sang et de génocide. Des activistes des droits de l'homme estiment que les éléments à charge doivent comporter d'autres types de violations. Ils ciblent, à cet effet, prioritairement les crimes sexuels et les actes de torture. Amnesty International est de cet avis. A propos, en annexe confidentielle (non publique) de son dernier rapport dont nous feuilletons les pages depuis quelques jours, ce document fournit une analyse plus approfondie du contexte, ainsi que des causes et des responsabilités de toutes les parties qui ont commis des crimes de guerre et crimes contre l'humanité au cours des violences qui ont secoué la Côte d'Ivoire.

L'organisation de défense des droits de l'homme basée à Londres (Grande-Bretagne) verse aux dossiers à instruire, les actes de torture survenus dans le cadre de l'opération dite «répression au nom de la sécurité des populations». Les enquêteurs de cette organisation y notent que la vague d'attaques, qui a ciblé des objectifs militaires et stratégiques à partir de 2012, a entraîné des dizaines d'arrestations et a permis aux autorités de justifier, par des considérations sécuritaires, une politique de répression à l'encontre de toute personne soupçonnée d'être impliquée dans des actes ou d'être plus largement hostile au gouvernement. Amnesty croit savoir que les violations enregistrées ont été commises en réponse à une multiplication d'attaques armées contre des objectifs militaires et stratégiques qui ont créé un climat d'insécurité généralisée. Cette organisation des droits de l'homme pense que ces faits doivent être instruits pour retrouver et sanctionner les auteurs. «Tout au long de l'année 2012, la police militaire et les Frci ont procédé, sans aucun mandat d'arrêt et à toute heure du jour et de la nuit, à l'interpellation d'individus se trouvant à leur domicile, dans des lieux publics ou sur leur lieu de travail. Ces personnes ont été détenues parfois durant de longues périodes dans des lieux de détention non reconnus comme tels, et où beaucoup d'entre elles ont été victimes de tortures et de mauvais traitements. Certaines ont été inculpées, souvent sur la base d'aveux extorqués sous la torture, d'une longue liste de charges similaires, notamment d'atteinte à la défense nationale, d'attentat ou de complot contre l'autorité de l'État et de constitution de bandes armées», relève-t-on dans le document, avec un doigt accusateur pointé sur les forces pro-Ouattara.

Amnesty rappelle également qu'en juin 2012, dans les jours qui ont suivi l'embuscade tendue dans le village de Taï, à la frontière libérienne (au cours de laquelle sept Casques bleus nigériens de l'Onuci et au moins huit civils ont été tués), les Frci ont mené des opérations de ratissage en arrêtant des individus aussi bien à Abidjan qu'à San-Pedro et à Tabou. «Il en a été de même, en août 2012, après l'attaque du camp militaire d'Akouédo, à Abidjan et un mois plus tard, en septembre, après l'attaque du camp de gendarmerie de Port-Bouët et du village de Noé, à la frontière avec le Ghana. Si les autorités ont le droit et le devoir de lutter contre les manœuvres de déstabilisation du pays, toutes les informations recueillies par Amnesty international durant sa mission de recherche auprès de dizaines de détenus et d'anciens détenus montrent que les Frci sont allées bien au-delà d'une tâche légitime de maintien de l'ordre en arrêtant de manière arbitraire et en torturant des dizaines de personnes afin de leur extorquer des aveux», indique la note confidentielle.

 

Des sachets plastiques brûlés sur le dos des détenus pro-Gbagbo à San-Pedro

Amnesty dévoile aussi l'existence d'un camp de torture particulier à San-Pedro, où de nombreux sévices corporels ont été infligés aux présumés déstabilisateurs pro-Gbagbo. Et ce, dans l'indifférence des autorités de la ville, qui auraient ainsi affirmé leur complicité «tacite» à ces traitements dégradants de l'homme. En ligne de mire, des chefs militaires pro-Ouattara, dont nous taisons les noms, et qui auraient été instruits de «ne plus jouer avec les assaillants et ne plus leur faire de cadeau». Une consigne qui aurait été suivie 5/5 à en croire le rapport, et qui met les commanditaires dans le viseur des militants des droits de l'homme et de la justice internationale. Certains d'entre eux ont été épinglés pour des cas de crimes survenus pendant le contentieux post-électoral dans la commune de Yopougon où ils règnaient en seigneurs de guerre. «Un détenu du camp des Frci de San-Pedro a raconté : ''Ils nous ont versé de l'eau sur le corps et nous ont marché dessus''. D'autres ont confié: ''Ils nous brûlaient des sachets plastiques dans le dos pour obtenir des aveux''», s'indigne Amnesty. Sur le point des actes de torture, le rapport de la Commission nationale d'enquêt (...)

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