Santé

Coronavirus / Yamoussoukro : Des malades refusent de se rendre à l'hôpital ; Des témoignages émouvants

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Le Chr n'est plus fréquenté comme dans un passé récent. (Photo d'archives)

De plusieurs témoignages des populations locales, il ressort que les différents centres de santé, en particulier le Centre hospitalier régional (Chr) de Yamoussoukro, seraient, aujourd'hui, de moins en moins fréquentés par les patients. Qu'est-ce qui pourrait justifier pareille situation aux graves conséquences sur la santé des habitants de la capitale politique ivoirienne, en ces temps de maladie à Coronavirus ? Nous avons décidé d'en savoir davantage.

Quelques jours seulement après le déclenchement de la maladie à Coronavirus en Côte d’Ivoire, des rumeurs des plus persistances ont fait état de la présence d’au moins deux (2) cas confirmés à Yamoussoukro, la capitale politique. Ajouté à cela, le ballet incessant d’ambulances sur l’artère principale de la ville, ralliant visiblement la ville d’Abidjan, tous les ingrédients se trouvaient, du coup, réunis pour créer la psychose chez les populations.

Dès lors, et en dépit des assurances données au quotidien par les responsables locaux de la santé et de l’hygiène publique, qui se veulent formels concernant l’inexistence de cas confirmé de malade à Coronavirus dans la cité des lacs, les populations ont commencé à ‘‘fuir’’ les centres de santé de Yamoussoukro, plus particulièrement, le Centre hospitalier régional (Chr) et cela, pour deux raisons principales. La première, c’est que les établissements sanitaires sont vus par certains comme des endroits où le risque de contamination serait particulièrement élevé en ces temps de pandémie à Covid-19. La seconde, c’est que pour d’autres personnes, de loin, les plus nombreuses, si elles manifestent de plus en plus très peu d’engouement à aller à l’hôpital, surtout au Chr, c’est simplement par peur de se voir ‘‘injustement’’ sinon ‘‘abusivement’’ soupçonné voire déclaré positif à la maladie à Covid-19 et être mis en quarantaine ou en isolement, conformément aux dispositions prises à cet effet.

Les partisans et défenseurs de cette seconde position sont issus de toutes les couches sociales. Ceux-ci affirment, unanimement, que les symptômes des maladies étant généralement très proches, les uns des autres, il serait injuste de confiner quelqu’un sur la base d’une fièvre élevée. «Je n’ai pas confiance en leur thermomètre qu’ils placent à votre front. Lorsque tu vas à l’hôpital, c’est parce que tu es malade et cela va généralement avec la fièvre. Donc, on ne peut pas, à priori, te soupçonner d’être porteur de Coronavirus parce que tu as de la fièvre. Or, c’est ce à quoi on assiste dans bien des cas. C’est pour cela que les malades ont peur de se rendre dans les centres de santé, à moins que leur situation soit vraiment critique», fait savoir un cadre des finances, à la retraite, interrogé le mardi 14 avril 2020, alors qu’il se trouvait à bord de son véhicule, devant le Chr.

Réticence

Il est soutenu en cela par B.K Augustin, employé d’un établissement hôtelier de la place. «Aujourd'hui, beaucoup de personnes ont peur de se rendre à l'hôpital. Tous ceux qui, pour un paludisme, ‘‘couraient’’ à l'hôpital pour les soins, ne le font plus. Ils ont peur d’être mis en isolement sous prétexte qu'ils ont le Covid-19. Mais ils ont aussi peur de prendre le Coronavirus. Car, on ne sait pas quand, où et comment on peut attraper cette grave maladie», indique-t-il, en prenant la résolution ferme de faire en sorte que sa famille et lui respectent les instructions et recommandations du gouvernement en matière de mesures de protection contre la maladie. «Je souhaite que Dieu me garde pendant cette période de Coronavirus, afin que je ne sois pas obligé de me rendre à l’hôpital», prie-t-il.

Approchée, O. Pauline, aide soignante en service dans un centre de santé d’une grande ville du centre-ouest de la Côte d’Ivoire, présente à Yamoussoukro dans le cadre des obsèques de son oncle, se montre plutôt réticente vis-à-vis des moyens de confirmation des cas de Covid-19. «Je ne suis pas sûre de la fiabilité du dépistage. J’estime que des personnes souffrant de grippe ou du paludisme sont  abusivement gardées, sous prétexte qu’elles sont atteintes de cette pathologie dont on cerne encore mal les contours réels», lance-t-elle. Avant d’ajouter : «Je ne dis pas que le Coronavirus n’existe pas. Mais on ne le maîtrise pas encore, puisqu’en même temps qu’on nous dit qu’il n’y a pas de remède, on annonce, chaque jour, les cas de guérison de malades. Certes, c’est réconfortant, mais en même temps, on se demande comment cela est possible en absence de traitement spécifique».

Pour sa part, K. Stéphane, élève au lycée mixte-2 de Yamoussoukro, domicilié à l’Habitat, non loin du rond-point, invité à se prononcer sur la situation, profite de notre présence pour réaffirmer les vertus de la médecine traditionnelle, qu’il a présentée comme un puissant mode de traitement. «Je ne tombe pas malade comme ça. Mais quand cela arrive, mes parents me soignent plus à l’indigénat. Et depuis que qu’on parle de Coronavirus en Côte d’Ivoire, mes parents ne vont plus trop au Chr. Récemment, lorsque ma tante avait des douleurs au sein, peu de temps après son accouchement, en plus de médicaments traditionnels, elle a préféré se rendre dans une clinique  privée pour se soigner. Selon eux, le Chr fait peur actuellement à cause du Coronavirus. Parce qu’on peut se tromper sur ton cas et te garder pendant des jours là-bas, pour rien», a expliqué Stéphane.

Comme on peut le voir, elles sont nombreuses, les personnes qui, par ces temps de Coronavirus, ont peur de se rendre dans les hôpitaux publics, notamment au Chr de Yamoussoukro.

Le service des hospitalisations

Mais qu’en pensent les responsables sanitaires chargés de ces structures et les autres personnels du corps médical ? Nous les approchons et la première réaction vient d’une infirmière jointe par téléphone, le lundi 13 avril 2020. « (…) Nous sommes là. Même si la population nous fuit depuis un moment à cause du Coronavirus», laisse entendre notre interlocutrice, sans plus de précision. C’est que les échos de la réticence des populations locales à se rendre à l’hôpital sont parvenus aux personnels soignants, notamment du Chr. 

Le mardi 14 avril 2020, nous voilà devant les locaux du Chr. Il est environ 08h30, lorsque nous passons le portail principal de l’entrée de l’hôpital. Un des vigiles, vigilant, nous interpelle, en demandant qu’on se conforme à la mesure de lavage des mains. Cette formalité remplie, nous fonçons droit dans le couloir principal du Chr. Première escale: le service des hospitalisations de la Médecine générale, où un nombre respectable de patients se trouvent assis sur les bancs à l’entrée, avec en face, des agents qui se chargent de récupérer les carnets de santé, suivant l’ordre d’arrivée. C’est que l’hôpital n’est pas aussi dé (...)

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