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En attendant le pont : Une ''bombe'' se prépare à Jacqueville - Voici le projet qui divise - Un village annexé

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Le drapeau de Sassako flottant à l'entrée du village d'Adoukro.

La tension monte dans le département de Jacqueville. A quelques jours de l'inauguration officielle du pont qui traverse la lagune Ebrié, les prémices d'une crise liée au foncier se font sentir. Deux villages sont au bord de l'affrontement, si rien n'est fait pour un règlement définitif du problème qui les oppose. Notre enquête!

Les populations de Jacqueville attendent avec impatience l’inauguration du pont. Cet ouvrage qui viendra désenclaver dans quelques jours la région restée longtemps dépendante du bac, certes incontournable pour la traversée de la lagune Ebrié, mais très capricieux à cause de ses récurrentes pannes mécaniques. Le samedi 14 février 2015, il nous aura fallu attendre près de 2 h pour effectuer la traversée, en partance pour Jacqueville. En cause, un problème sur l’accélérateur de l'engin. Mais, il ne reste plus que quelques jours pour connaître la fin du calvaire des peuples des 3A (Aladjan, Avikam et Ahizi).

L'ouvrage est achevé à près de 98%, selon des travailleurs que nous avons interrogés sur le chantier. «On met le bitume et c'est fini», assure un ingénieur égyptien, sous le couvert de l'anonymat. Si la construction du pont marque une étape importante dans le développement du département de Jacqueville, la mise en place de cette infrastructure risque de générer d'autres problèmes dans la localité. Déjà, des signaux se font sentir.

A N’djem, premier village après la traversée de la lagune, une vaste superficie de de cocoteraies, située à moins d'un kilomètre des lieux, est au centre d’une forte dispute entre deux villages. Sassako et Adoukro réclament tous les deux, la propriété du site. Un bras de fer s'est engagé depuis peu entre les habitants de ces villages. Mais, Sassako a pris un avantage sérieux avec ''l'annexion'', depuis le 17 janvier 2015, d'Adoukro par une partie de ses habitants. Un camp de fortune y a été érigé et un chef de village nommé dans la foulée, en la personne de Lezou Ambroise. Cette action a valu à certains habitants de Sassako une convocation au tribunal de Dabou. L'affaire est pendante devant la justice. «Nous n’avons pas assiégé Adoukro, nous sommes allés nous installer sur nos terres», précise Lezou Ambroise, croisé à Sassako. «Nous allons nous battre jusqu’à ce que justice soit faite», martèle-t-il.

 

L'origine du litige

Pour comprendre l'origine de la crise, il faut remonter au 09 mars 2009, date de l'érection du campement d'Adoukro en village. Cet arrêté porte le N°118/AT/DGAT et est signé par Bamba Cheik Daniel, à l'époque ministre de l'Administration du Territoire. Cette action est perçue par les habitants de Sassako comme une trahison, car ce village réclame la paternité du site. «Adoukro est notre propriété. On ne peut pas l’ériger en village et nommer un chef sans notre consentement», explique Beugré Germain, un habitant de Sassako.

Logbo Léon ajoute, pour sa part, que le plan de masse, diligenté par les autorités préfectorales et réalisé par le ministère de l’Agriculture, tranche définitivement le litige. Ce site d’une superficie totale de 709,87 hectares est occupé à 80% par les exploitations agricoles du village de Sassako, soit 574,81 hectares. «Ce plan cadastral montre bien que nous sommes majoritaires, car c’est notre territoire», observe M. Logbo. Pour ces villageois donc, ce qui se passe à Adoukro cache des desseins inavoués. «Les gens savent qu’avec la construction du pont, on peut facilement rallier Jacqueville. Donc, ils veulent tout faire pour se trouver des lots ici», soutient Beugré Germain, qui révèle d'ailleurs que de nombreux lots ont déjà fait l'objet de vente illicite à des opérateurs privés. Des soupçons sont élevés contre le ministère de la Construction et de l’Urbanisme sur la vente probable de lots importants. «Ils veulent créer une seconde baie des milliardaires à Adoukro, car ce site est bien placé», affirme-t-il.

Un autre nom qui revient dans les propos, au sujet de ce dossier, Edouard Oda, un cadre de la région. Dans leur volonté de régler ce litige, les autorités préfectorales de Jacqueville ont tenté de concilier les deux parties. Mais, la rencontre convoquée le 29 janvier 2015 enregistra l'absence de M. Oda et du chef du village. «Ne pas répondre à une convocation du préfet est une offense à notre administration», estime Beugré Germain. En attendant qu'une solution soit définitivement trouvée, le drapeau de Sassako flotte à l'entrée du village d'Adoukro. Une situation qui inquiète de plus en plus les autorités locales. Le jeudi 12 mars (...)

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