1-  Pouvez-vous vous présenter aux "Educanautes"
Bonjour, je m’appelle Polneau Neba (Eddie Ibrahim), j’ai 21 ans et je suis en 2ème année à l’Ecole polytechnique. Sinon, j’aime bien les mathématiques et je suis dans la section basket de l’X. Et bien entendu, je suis Ivoirien.
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2-Â Â Parlez-nous de votre cursus.
Après avoir terminé le lycée à l’Ecole militaire préparatoire et technique (EMPT) de Bingerville, j’ai obtenu mon BAC en 2018. J’ai ensuite passé un concours pour tenter d’intégrer l’Ecole Royale Militaire de Bruxelles. J’ai été admis et j’y ai donc suivi une formation pendant 3 ans. Ensuite, je me suis inscrit pour le concours du Cycle Ingénieur polytechnicien de l’X que j'ai réussi.
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3-  Comment s’est passée (ou se passe) votre adaptation à l’École polytechnique de Paris ?
L’adaptation et l’intégration se sont très bien passées. Je connaissais déjà l’univers militaire donc cela n’a pas été un problème pour moi. D’un point de vue social, cela s’est fait également très rapidement et tranquillement. A l’X, on vit en sections sportives donc cela nous permet de créer facilement du lien entre nous. Je dois reconnaître que quand je suis arrivé, j’ai été agréablement surpris car j’avais un peu d’appréhension mais les gens avec qui je suis sont ouverts d’esprit et le dialogue est facile, que ce soit pour le basket ou pour des questions de cours.
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4-  Pouvez-vous nous raconter votre expérience à International Mathematics Competition for University Students 2022.
Pour vous expliquer comment j’en suis arrivé à participer à ce concours, il faut remonter au lycée. A l’EMPT, un accent très fort était mis sur les matières scientifiques et nous voulions tous être premier de classe. Sauf que pour en arriver là , il fallait obligatoirement être 1er en mathématiques car c’était coefficient 20. Vu que je m’intéressais déjà à cette matière, cela n’a fait que me motiver encore plus. Et quand j’étais en 3ème, j’avais vu un article d’un ainé qui avait participé au Concours International de Mathématiques (avec la mention honorable) et aux Olympiades Panafricaines de Mathématiques (OPAM) et sur le coup, je m’étais dit que je voulais faire la même chose ! Quand j’ai été recruté par la Société Mathématique de Côte d’Ivoire (SMCI), je me suis dit que c’était ma chance. En participant à mes premières compétitions en tant que membre de l’équipe nationale de mathématiques, je me suis rendu compte que les mathématiques, ce n’est pas seulement aller à l’école et faire ses devoirs ! Dans ce cadre précis, on est sur quelque chose de beaucoup moins formel, notamment avec les professeurs, et plus dans l’échange où l’on cherche tous à se surpasser. Ce furent des expériences très enrichissantes. C’est pour cette émulsion de savoirs et de connaissances que je continue de participer à ces compétitions.
Pour les IMC 2022, je n’étais pas très optimiste par rapport à mon auto-évaluation lors des entraînements. Je craignais de tomber sur des exercices qui n’appartenaient pas aux sujets dans lesquels je me sentais le plus à l’aise. Je me suis donc entraîné en conséquence pour pallier au maximum à ces petites « faiblesses ». Le premier jour, les exercices étaient faisables, aussi bien d’un point de vue de la difficulté que du temps. Le deuxième jour, cela a été plus compliqué car les domaines me parlaient un peu moins mais j’ai fait appel à toutes mes connaissances pour avancer au maximum de mes capacités sur ces problèmes. Maintenant que la compétition est terminée, j’en tire des leçons pour tâcher de m’améliorer pour la suite. La prochaine étape, travailler encore plus pour obtenir les points qui m’ont manqué cette fois-ci !
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5-  Qu’est-ce qui détermine la qualité de l’École polytechnique de Paris, selon vous ?
Un de mes aînés, Soro Tangnat, m’a fait comprendre que je pouvais avoir le concours de l’X et que cela serait une bonne opportunité pour avoir une formation scientifique solide. C’est-à -dire que, même dans le cas où je ne ferais plus de mathématiques dans le futur, j’aurais les bagages nécessaires pour tenter une vie académique ou une vie professionnelle dans un autre domaine scientifique. En intégrant l’X, cela me permet donc d’améliorer mes connaissances en mathématiques tout en suivant une excellente formation scientifique pluridisciplinaire.
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6-  Qu’est-ce qui vous a le plus marqué au sein de ce prestigieux établissement ?
Ma réponse peut surprendre, mais ce qui m’a le plus surpris, ce sont les élèves. Je m’attendais à voir des personnes un peu déconnectées, toujours le nez dans des bouquins etc... Mais en fait, ce sont des êtres humains comme tout le monde. Il y en a beaucoup qui sont très actifs en ce qui concerne la vie associative et je trouve que cela rajoute une dimension humaine à laquelle je ne m’attendais pas. Par ailleurs, il existe un séminaire de mathématiques des élèves, qui a lieu tous les 6 semaines environ, où une conférence d’une heure est menée par un élève qui présente un sujet pour le partager aux personnes présentes. C’est très intéressant et j’espère avoir l’occasion, cette année ou l’année prochaine, de présenter, à mon tour, un sujet.
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7-  Vous avez brillé lors du concours d’entrée du cycle ingénieur polytechnicien. Quel est le secret de votre réussite ?
J’ai beaucoup travaillé en autodidacte et j’ai été bien entouré. Mon aîné, Soro Tangnat, m’a beaucoup aidé, notamment en physique et, lorsque j’étais à Bruxelles, avec un autre ami dénommé Bakayoko Sidik, on discutait quasiment tout le temps de mathématiques. Tout cela m’a aidé pour préparer le concours de l’X.
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8-  Quelles sont les difficultés académiques que vous avez rencontrées pour le moment, pendant vos études ? Qu’aimeriez-vous améliorer ?
Comme je le disais un peu plus tôt, le Cycle Ingénieur polytechnicien est une formation scientifique pluridisciplinaire et je dois reconnaître que l’informatique n’a jamais été mon fort. Mais je m’accroche et je continue de travailler pour « raccrocher les wagons ». J’ai également commencé à suivre des cours d’allemand et disons que ce n’est pas toujours simple d’apprendre une nouvelle langue.
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9-   Quel métier voudriez-vous exercer ?
Depuis mes 13 ans environ, j’aime profondément les mathématiques et en grandissant, je me suis rendu compte que je voulais vraiment en faire mon métier. Je voudrais faire de la Recherche pour combiner le fait d’être un mathématicien et un bon professeur. J’aime beaucoup l’idée de transmettre les connaissances que je peux avoir. Cela me tient à cœur car je trouve cela très important.
10-   Reviendrez-vous en Côte d’Ivoire après votre formation ? Si oui, que ferez-vous pour aider votre pays à aller de l’avant ?
Les résultats obtenus pendant mes études sont la force de mon travail mais c’est mon pays qui me permet de réaliser ma formation. Je n’aurais probablement jamais eu ce cadre pour étudier les mathématiques si mon pays ne m’avait pas soutenu. Je lui dois beaucoup et je contribuerai à lui rendre ce qu’il m’a donné.
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11-   Quels conseils pourriez-vous donner à vos jeunes frères désireux d'intégrer l'X ?
Je ne sais pas si je suis la meilleure personne pour donner des conseils mais si je devais, par rapport à mon expérience, m’adresser à des jeunes ivoiriens qui s’intéressent aux mathématiques, j’insisterais sur deux points : bien se connaître et avoir les bonnes informations. Pour faire ce type de formation, l’environnement est très important. Il faut donc bien se renseigner sur comment intégrer les écoles ou les établissements qui permettent d’atteindre les objectifs que l’on se donne. D’où l’importance de se connaître soi-même, et notamment ses limites, car sur le long terme, il peut y avoir des hauts et des bas, des doutes etc. Le mental est très important pour évoluer sainement dans l’activité que l’on choisit de poursuivre.
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