Webinar #Covid-19 : Stratégie de gestion de la dette pour les TPE/PME ivoiriennes par l'Agence CI PME

  • Source: Agence CI PME
  • Date: lun. 17 août 2020
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Le Mardi 21 Juillet 2020, c'est sous la thématique « Stratégie de gestion de la dette par les TPE/PME ivoiriennes » que l'Agence Cote d'Ivoire PME a réuni en ligne une soixantaine de Très Petites Entreprises (TPE) et de Petites et Moyennes Entreprises (PME). Le webinar a été conduit par Mme Valérie N'Takpé-Seri, experte Banque-finances et assurances.

En avant-propos, l'experte a indiqué qu'en Côte d'Ivoire toutes les TPE/PME ont été impactées dans leurs activités par l'avènement de la pandémie de la COVID-19. Poursuivant, elle a souligné que pour faire face à cette crise, l'État de Côte d'Ivoire a initié différents programmes de soutien aux secteurs de l'économie nationale, dont le Fonds FSPME Covid-19 dédié aux TPE/PME. Ce fonds se compose notamment de prêts à intérêts réduits.

« L'engouement à ce programme est tel que près d'un millier de PME ont été enregistrées au titre de sinistrées de la COVID-19 depuis le lancement de l'opération d'identification sur la plateforme fspme.ci de l'Agence CI PME », a fait remarquer Mme Valérie N'Takpé-Seri.

Dès lors des interrogations sont légitimes :

Le recours à l'endettement est-elle la solution pour une TPE/PME en situation de crise?

Quels bénéfices pour la TPE/PME d'y avoir recours ?

Que pourraient être pour elle les risques encourus à terme ?  

Comment gérer la dette contractée ?

Avec la pandémie de la COVID-19, la dette publique de l'État a explosé suite aux prêts obtenus auprès des institutions internationales pour une meilleure gestion de la crise. Et d'ajouter que c'est aussi le cas de la dette privée. Les TPE/PME sont en train de lourdement s'endetter pour pouvoir faire face aux conséquences de la COVID-19 sur leurs activités. On dénote en moyenne une baisse substantielle d'au moins 30% de leur Chiffre d'Affaires estimé sur la période. La pandémie, dira-t-elle, a contraint les TPE/PME à vouloir contracter des prêts, auprès de toutes les structures qui en offrent l'opportunité. Il s'agit des banques, des microfinances, de divers fonds de soutien étatique. Cet endettement est estimé à 15 milliards de FCFA.

À titre d'illustration, elle a rappelé que le FSPME Covid-19 a enregistré plus de 900 inscrits au titre des TPE/PME dites sinistrées par la COVID-19 lors de sa phase transitoire.  

Pour autant, vu que plusieurs propriétaires d'entreprise qui ont réouvert leurs portes disent ne pas être sûrs de pouvoir rembourser les dettes qu'ils ont accumulées jusqu'ici pour garder la tête hors de l'eau. La reprise ne se fera donc pas du jour au lendemain. Pour l'experte, ces données soulignent le risque de voir la dette privée des TPE/PME se transformer en dette personnelle du propriétaire est réel. Si l'on ne prend garde, la majorité des propriétaires de TPE/PME devront à terme contracter des dettes personnelles afin de pouvoir traverser la crise de la COVID-19 et beaucoup estiment déjà qu'il leur faudra plus d'un an pour pouvoir les rembourser.

Évoquant le recours à la dette privée comme issue de sortie de crise, Mme Valérie N'Takpé-Seri a indiqué que pour financer les pertes de revenus engendrées par la crise et faire face aux coûts additionnels que celle-ci représente, les dirigeants/propriétaires de TPE/PME ont recours à divers moyens. À savoir :

Les économies personnelles

Le crédit fournisseur

Le prêt bancaire

L'épargne-assurance – retraite

Le prêt hypothécaire ou emprunt auprès d'amis et de membres de la famille.

Poursuivant, elle a soutenu que l'endettement peut être perçu comme un effet de levier pour le résultat de l'entreprise.

« Lorsqu'une entreprise dispose d'opportunités (nouveaux marchés ou débouchés, lancement de produits etc …), elle peut recourir au financement de son développement par la dette. Si le taux de rendement de l'investissement est supérieur au coût de l'endettement (ce qui est généralement le cas), l'endettement permet d'augmenter les revenus d'exploitation et donc le rendement des capitaux propres. C'est ce qu'on appelle l'effet de levier », a-t-elle précisé.

Prenons un exemple simplifié pour comprendre la logique. Lorsqu'une entreprise dispose : d'un capital de 2.000.000 FCFA et qu'elle réalise un résultat de 200.000 FCFA. Elle a un rendement du capital de 10%. Si cette entreprise prévoit qu'en investissant 1.000. 000 FCFA de plus, elle réalisera 80.000 FCFA de résultat supplémentaire. Ladite entreprise a alors deux possibilités :

-       Financer l'investissement de 1,000,000 FCFA en augmentant le capital à 3.000.000 FCFA ce qui amènera un rendement du capital de (200,000 FCFA + 80,000 FCFA) / (2,000,000 FCFA +1,000,000 FCFA) soit 9,33%. 

-       Financer l'investissement par la dette qui lui couterait 30,000 elle aura un rendement du capital de (200,000 FCFA +80,000 FCFA -30,000 FCFA) / 2,000,000 FCFA soit 12,5%.

Abordant les risques de l'endettement pour l'entreprise, elle a indiqué qu'en parallèle, lorsqu'une entreprise s'endette, les actionnaires qui détiennent le capital augmentent leur niveau de risque en imposant un remboursement prioritaire au paiement des dividendes : le remboursement de la dette. « Le risque est d'autant plus sensible lorsque des cautions sont posées sur des actifs du dirigeant ou de l'entreprise. L'effet de levier permet par conséquent d'améliorer le rendement du capital investi, mais augmente la prise de risque des investisseurs », a expliqué Valérie N'Takpé-Seri.

Cependant, elle fera remarquer que lors d'un projet d'investissement, l'enjeu majeur ne se situe pas dans la qualité du projet, même s'il paraît être une excellente affaire, mais sur la justesse et la pertinence du prévisionnel financier. En effet, l'endettement augmente la rentabilité des capitaux propres lorsque l'activité induite est porteuse, si au contraire les prévisions ont été surévaluées et que l'activité est plus faible qu'attendu, le niveau de dette dégrade alors la performance des capitaux propres.

En ce qui concerne le niveau d'endettement maximum, elle a soutenu que pour réduire le risque pris par les partenaires bancaires, il faut le répartir. Et cela, en modifiant la durée et/ ou la rémunération de la dette. Et en réduisant l'exposition au risque par des cautions ou autres systèmes de garantie (ce qui revient à réduire le niveau d'endettement).  Il n'existe pas de règle quant au niveau d'endettement acceptable qui est différent pour chaque dossier, chaque secteur. L'endettement est un outil à double tranchant et peut être nécessaire pour développer une activité professionnelle, mais reste à utiliser avec modération, car il peut facilement mener au surendettement.

S'agissant du revers de l'endettement, elle a souligné que bien qu'il soit normal pour les professionnels, le crédit est une solution utile qu'il faut choisir avec précaution. Car lorsque les échéances deviennent difficiles à honorer, la situation de surendettement apparaît automatiquement. Et d'ajouter : « Le crédit devient dès lors un danger pour les entreprises qui ne parviendraient pas à maîtriser leur taux d'endettement. »

Poursuivant, elle a fait remarquer qu'il y a des professionnels qui disposent de plusieurs dettes à leur actif, mais qui continuent de fonctionner. Pour cause, ils génèrent régulièrement du profit et leur bénéfice est respectable. Mais dès que cet équilibre est compromis, les soucis d'ordre financier apparaissent. 

Pour mieux gérer sa dette, elle a conseillé de la percevoir comme instrument de gestion de la productivité des TPE/PME. Cependant, il faut savoir pourquoi s'endetter (en période de crise COVID-19). Et surtout savoir quand s'endetter et auprès de qui s'endetter.

 

Pour rappel, au titre du FSPME Covid-19 ce sont 13 microentreprises (chiffre d'affaires inférieur à 30 millions de FCFA), 21 petites entreprises (Chiffre d'affaires compris en 30 et 150 millions) et de 34 moyennes entreprises (Chiffre d'Affaires compris en 150 millions et 1 milliard) qui ont bénéficié d'un appui du Gouvernement de Cote d'Ivoire.

Cet appui est structuré comme suit :

Au titre de la typologie des bénéficiaires

 

-       Microentreprises : 54 248 750 F représentant 2% du montant accordé ;

-       Petites entreprises : 243 618 674 F représentant 11% du montant accordé ;

-       Moyennes entreprises : 1 912 570 829 F représentant 87% du montant accordé.

 

Au titre de la répartition des montants accordés

 

-       Subvention : 4 700 000 F

-       Prêt à taux zéro : 130 048 750 F

-       Prêt à taux réduit : 1 912 570 829 F.

 

Au titre de la répartition sectorielle des TPE/PME bénéficiaires

 

-       Services (26%)

-       Tourisme et l'Hôtellerie (22%)

-       Commerce (18%)

-       Transport (13%)

-       BTP (7%)

-       Industrie (6%).

-       Restauration (4%)

-       Agriculture (3%)

 




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