L'ancien ministre Sama Damalan Henri César s'est révélé au public ivoirien à la suite du pustch de 1999 avec feu le Général Robert Guéi. Ministre de la communication, de la culture et de la francophonie, il a été également porte-parole du Conseil national du salut public (Cnsp) sous le régime militaire. L'homme a également servi sous le régime de Laurent Gbagbo avant d'aller en exil au Ghana, suite à la crise post-électorale. Il rentrera en Côte d'Ivoire le 5 août 2011. A la retraite depuis le 31 décembre 2013, l'officier de la marine s'est retranché dans sa ville natale à Fresco dans la région du Gboklê. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il jette un regard sur le régime Ouattara et donne sa vision de la réconciliation en Côte d'Ivoire.
Soir-Info : On vous a véritablement connu en 1999 avec le coup d’Etat de feu le général Guéi Robert. Aujourd’hui que devient Damalan Henri César ?
Sama Damalan Henri César : C’est un honneur que vous me faites en vous rendant chez moi à Fresco et j'en profite pour saluer tous les responsables qui déploient des efforts pour porter la vraie information. Je suis un officier de la marine à la retraite depuis le 1er janvier 2014 à ma demande personnelle car après 34 ans de service rendu à la Nation, j’ai décidé de retourner sur mes terres pour me mettre au service de mes parents mais surtout me consacrer à mes enfants et petits enfants qui n’ont véritablement pas eu la chance de bénéficier de la chaleur parentale en raison de mes activités administratives et diplomatiques. On ne peut pas faire son temps et faire le temps des autres et je pense que le moment est venu de regarder les autres en restant chez moi.
Cela fait pratiquement 15 ans lorsque vous avez fait vos premiers pas dans politique. Que retenez-vous de cette aventure ?
S.D.H.C : Ce passage m’a permis de connaître d’abord un grand homme en la personne du Général Palenfo. C’est un grand conseiller, un père pour moi dans la mesure où il a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je n’ai pas un regard particulier. Mais je pense que le Forum pour la réconciliation avec le Premier ministre Seydou Diarra, a permis de débattre de la question. Actuellement nous sommes dans la phase de la recherche de la paix, c'est-à-dire comment faire pour que le pays sorte de cette situation de ni paix ni guerre où tout le monde se regarde avec méfiance. Vous savez, en 1999, on a créé le Cnsp ( Ndlr Conseil national de salut public) avec en toile de fond, la notion de « salut public ». Le coup d’Etat portait tout son sens dans ce vocable parce qu’on était arrivé à une situation de blocage. On se regardait en chien de faïence avec des boycotts actifs. Il fallait qu’une solution vienne du haut pour éviter de déborder dans un bain de sang. Nous avons jugé qu’il était opportun de sauver la République pour épargner des morts inutiles. Ensuite nous avons donné une Constitution à la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, les Ivoiriens ne sont plus prêts à faire la guerre. C’est même impensable et inutile parce que les Ivoiriens ont compris que les armes ne peuvent rien garantir de solide. Le rêve des ivoiriens aujourd’hui c’est de briser le mur de la méfiance et de la division pour qu’on parle de l’Ivoirien où qu’il se trouve et non des chapelles politiques. C’est une notion fondamentale qui doit guider le Président ( Ndlr Alassane Ouattara) dans sa vision de la paix en Côte d’Ivoire.
Quel jugement portez-vous sur le régime Ouattara ? Ses points de satisfaction mais aussi vos attentes ?
S.D.H.C : Il serait difficile de porter un jugement sur la gestion politique du Gouvernement Ouattara, parce qu’il hérite d’une situation extrêmement difficile. Comme le disait un homme politique, « On ne sort pas d’une crise comme on sort d’un dîner-gala ». Il fait beaucoup d’efforts et je le reconnais. La preuve, je suis revenu de l’exil avec d’autres camarades pro-Gbagbo. Des prisonniers politiques ont été libérés. Ce sont des indices notables, mais le Président Alassane Ouattara, doit aller plus loin en libérant tous les prisonniers politiques. Il permettrait ainsi aux familles disloquées et désemparées de se reconstituer. Chaque jour, il doit faire un pas en avant qui puisse insuffler une dynamique de paix et de développement. Le vrai problème des Ivoiriens, c’est la fracture sociale. On a des familles divisées. On parle de pro-Gbagbo, de pro Ouattara, des termes qui portent des germes de la division souvent créée par les Blancs pour nous dresser les uns contre les autres. Nous devons penser à nous affranchir de nos anciens maîtres qui n’ont aucun intérêt à nous voir unis. Les exemples sont multiples. Aujourd’hui, les conflits sont comme un cyclone qui traverse le continent. Mon séjour en Afrique du Sud m’a beaucoup apporté. Une nation arc-en ciel sous Mandela. C’est ce que nous devons importer en Côte d’Ivoire. Pour y parvenir, il faut jouer la carte de l’humilité et de la sincérité. Qu’on évite les propos de défiance et d’arrogance que ainsi les propos guerriers. Nous voulons une vraie démocratie où le Gouvernement veille au bien-être des Ivoiriens. Il faut également que l’opposition comprenne et accepte sa place. Nous avons des atouts immenses et le Président Ouattara devra les exploiter en mettant l’accent sur le pardon et la cohésion. A mon sens, cet aspect n’est pas véritablement consolidé.
Vous parlez de réconciliation alors que la Cdvr (Commission dialogue-vérité-réconciliation) a terminé sa mission ...
S.D.H.C : La réconciliation est un long processus qui doit avoir un aboutissement. On ne la décrète pas. Le président Charles Konan Banny ne doit pas jeter l’éponge ni céder au découragement. Qu’il accepte plutôt que c’est un sacerdoce. Ce n’est pas facile mais la Cdvr ne doit pas disparaître. La réconciliation doit se faire de façon franche, dans la discrétion, dans la négociation et le compromis. Sur ce point, je reconnais que Banny a beaucoup fait dans ce contexte difficile. En termes de réconciliation, je voudrais inviter le Président (Ndlr Alassane Ouattara) à reconsidérer sa position sur les Etats généraux de la République. Peut-être que le terme ne convient pas mais, il gagnerait à encourager l’alternance en prenant certaines propositions dans leur opportunité. Ne dit-on pas que l’amitié se nourrit de vérité ?
La détention de l'ex-Président Laurent Gbagbo par la Cpi alimente les débats nationaux et internationaux. Quel est votre avis sur cette incarcération ?
S.D.H.C : J’ai travaillé avec Laurent Gbagbo ; j’ai plusieurs fois discuté en têt (...)
Lire la suite sur Soir Info
Côte d'Ivoire monde sociale service don Afrique communication épargne Laurent Gbagbo Alassane Ouattara Banny Côte d’Ivoire Ghana Cpi réconciliation Gouvernement Constitution ivoiriens opposition développement information crise post-électorale permis