INTERVIEW / Kaba Nialé à propos de la circulation de l'argent : ''L'argent circule et sert à faire des investissements au bénéfice de la population''

  • Source: L'Intelligent d'Abidjan
  • Date: mer. 17 juil. 2013
  • Visites: 3101
  • Commentaires: 0
Dans cette deuxième partie, la ministre auprès du PM chargée de l'économie et des finances aborde d'autres dossiers-clés. Notamment l'affaire Webb Fontaine et la circulation de l'argent. Suite et fin de notre interview-vérité.

Récemment l'affaire Webb Fontaine a défrayé la chronique. De quoi s'agit-il exactement ?

Effectivement, ces questions de contrôle des importations sont des questions qui sont forcément en relation avec les recettes fiscales. L'objectif essentiel de ces contrôles est d'aider les Etats à maîtriser les flux d'importations et les recettes qui vont avec. Nous avons connu ce qu'on a appelé les inspections avant embarquement depuis les années 70 pour pouvoir maîtriser les surfacturations éventuelles quand on a voulu faire les sociétés d'Etat. Il s'agit de contrôles autorisés dans nos pays et liés aux insuffisances des services douaniers pour faire des évaluations des valeurs en douane. Ce sont des dispositions qui doivent nous aider principalement à améliorer nos recettes, à faire de bonnes évaluations en douane. Et ce sont des dispositions qui sont transitoires selon l'OMC. Les opérateurs d'inspection avant embarquement ont l'obligation de nous accompagner. Depuis les années 70, nous n'avons pas reçu les transferts de compétence. Le contrat prévoit que Webb Fontaine encadre nos agents, transfère progressivement la compétence pour qu'à terme le pays soit à même de se prendre en charge. On y est encore. La convention qui s'achève date de 2004. Elle a été périodiquement renouvelée sans appel d'offres. Et sous l'instigation des bailleurs de fonds, ils nous ont fait obligation après le 5 juin de ne plus renouveler la convention sans appel d'offres. L'objectif est d'en sortir pour ne pas être indéfiniment accompagné. Je pense que l'Etat avait pris la mesure des choses. L'Etat avait envisagé, en remplacement de ce contrôle avant embarquement, de mettre en place ce que nous faisons avec Webb Fontaine. Il s'agit du guichet unique du commerce extérieur.

Comment fonctionne-t-il ?

C'est une mise en réseau qui a l'avantage de supprimer dans le processus de dédouanement, les supports papiers. Dès que la marchandise est importée, vous êtes en réseau électronique et il n'y a pas possibilité de la falsifier. On vous apporte la sécurité en matière d'information sur la marchandise importée. C'est ce qui se fait dans les pays dits modernes. Cela les aide à contrôler et à être renseigné en temps réel sur les flux. Nous avons doublé donc notre guichet unique d'un mécanisme d'évaluation de la valeur. On a mis en place un dispositif de mise en réseau électronique.

Alors, quelle est la différence entre l'ancien et le nouveau système ?

Vous avez deux types de marchandises. Des marchandises en vrac, souvent de l'alimentaire ou souvent des médicaments. Elles sont censées être contrôlées chez le fabriquant. Elles sont embarquées et arrivent. Cela s'appelle l'inspection avant embarquement. Vous avez par ailleurs les marchandises conteneurisées. Elles attendent à Abidjan, le contrôle se fait au scanner. Mais ce scanner ne contrôle que 10% des marchandises. Les 10% ne correspondant qu'aux éléments les plus risqués. Ceux là passent au scanner et tout le monde paie. Donc 100% des conteneurs passent au scanner alors que 10% sont contrôlés. Un scanner ne dit pas si le produit est avarié ou non. Scanner, c'est photographier. Ce n'est pas faire d'analyses chimiques. Le nouveau système précise lui que ce qui sera fait désormais va nous aider à améliorer nos recettes. Surtout qu'en termes d'amélioration des recettes, nous pouvons faire mieux. Dans un système, pour savoir si les recettes sont bonnes, nous calculons un certain nombre d'indicateurs, appelés la pression fiscale. Les recettes s'apprécient en fonction de votre PIB (Produit intérieur brut). La Côte d'Ivoire a une pression fiscale qui n'est pas des plus élevée. Elle est même des plus faibles de la sous-région. Elle se détériore et elle ne s'améliore pas. En 2012, elle était de 17,4%. En 2013, on l'estime à 17%; en 2014, je pense que nous sommes en train d'aller vers 16%. C'est vous dire qu'on peut faire mieux. La douane, sur au moins 50% des marchandises, les a redressées, les pressions fiscales. Nous aurons donc une indication de la valeur. La douane n'est pas obligée d'accepter la valeur donnée. Elle peut les corriger. Et sachez que sur 50% des cas, la douane a au moins multiplié les valeurs que BIVAC lui a présentées comme étant les marchandises à dédouaner. Quand vous allez dans les pays environnants, ils ont de vrais scanners qui protègent leur économie.

Que préconisez-vous à Bivac Scan-CI ?

Il ne faut pas crier au loup. Je pense qu'on a eu largement le temps d'amortir tout cela. Je souhaite que l'opérateur vienne nous voir pour qu'on voit comment on peut revoir notre coopération, comment on peut l'améliorer au regard des nouvelles données de notre relation. On peut étoffer le parc des scanners et en faire une autre gestion. Je pense qu'on a besoin de scanner à la fois à nos frontières terrestres. Au port, on va mettre plusieurs scanners car un seul n'est pas suffisant. L'opérateur est très compréhensif surtout qu'il est en partenariat avec le port et la BNI. Mais je pense que l'Etat va rapidement acquérir des scanners. Je regrette que depuis 2004, la grande Côte d'Ivoire n'utilise qu'un seul scanner. C'est vraiment désolant.

Et comment se faisaient les contrôles ?

La douane peut contrôler. Le scanner contrôle 10% et les autres sur la base d'une analyse de risque. Aujourd'hui, il y a la possibilité d'un contrôle à domicile. Quand vous indexez tel ou tel conteneur, vous le suivez et on dépote.

Pour quoi le choix de Webb Fontaine ?

Il est au Nigeria, au Bénin, au Ghana pour des analyses de risque. C'est un opérateur assez compétent, mondialement connu et qui a un bon réseau en termes de gestion de la valeur.

Mme la ministre, vous semblez rassurer. Mais votre ministère est souvent l'objet d'attaques et d'incompréhensions ?

Ecoutez, je ne sais pas. Je pense que depuis que nous sommes au ministère de l'Economie et des Finances, nous avons fait preuve d'écoute avec la presse. Chaque fois qu'elle nous a sollicité pour avoir des observations, des informations, nous avons toujours ouvert nos portes et donné les informations qui sont sollicitées. Bien entendu, nous ne voulons pas nous interroger à leur place. Je pense que les Ivoiriens constateront que nous faisons l'objet de beaucoup d'intérêts. Je voudrais dire aux uns et autres que nous attendons toujours qu'on vienne nous voir pour recueillir les informations. Nos portes sont toujours ouvertes. S'ils estiment qu'il y a encore des interrogations, qu'ils viennent car nous sommes disposés à apporter des réponses à leurs interrogations pour informer davantage

On dit souvent que l'argent ne circule pas. Qu'en est-il exactement ?

(Rires). Il y a des informations qui ne sont pas très connues. Mais sachez que pour l'accès au crédit, les premiers effets positifs de l'action du gouvernement se font sentir. En effet, l'accès à l'emprunt a augmenté ces dernières années avec une hausse de plus 335,7 milliards net entre décembre 2009 et avril 2013. Et cela s'est traduit par l'injection de ressources importantes dans l'économie à travers des crédits à court et long termes notamment pour les ménages et les Pme. Le Trésor public a injecté dans l'économie ivoirienne, de l'argent. Des efforts ont été faits sur l'investissement, la masse salariale et la réduction des restes à payer. En 2012, plus de 200 milliards de Fcfa ont été injectés par rapport à 2009. De janvier à mai 2013, le gouvernement a déjà injecté plus de 1000 milliards de Fcfa dans l'économie dont 216,8 milliards pour le paiement de la dette fournisseur de 2012. L'argent circule et sert à faire des investissements au bénéfice de la population. Mon souhait est que ceux qui attaquent le mministère de l'Economie et des Finances viennent à la source. Nous sommes ouverts.

Charles Kouassi


Côte d'Ivoire monde service don Abidjan fonds investissements BNI Nigeria Ghana Bénin gouvernement PIB Trésor public partenariat information Ivoirien



Educarriere sur Facebook

Offres d'emploi du jour