5 ans après la crise post-électorale : Comment les partisans de Gbagbo survivent au Ghana
De réelles difficultés au pays de John Dramani Mahama


(Photo d'archives pour illustrer l'article)
  • Source: L'Inter
  • Date: vend. 22 avr. 2016
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Accra, capitale du Ghana. Cette métropole de plus de 2 millions d'habitants abrite une forte communauté ivoirienne.

La crise post-électorale de 2010 – 2011 aura entraîné au pays de John Dramani Mahama, de nombreux Ivoiriens, partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo, déchu de son fauteuil présidentiel à l'issue d'une rude bataille avec son adversaire Alassane Ouattara, actuellement au pouvoir. Depuis, la plupart de ces partisans de Laurent Gbagbo, parmi lesquels des anciens ministres, des leaders politiques ou d'opinions, des populations fuyant  les atrocités de la guerre et les règlements de compte, ainsi que des militaires et ex-combattants des mouvements de résistance, ont élu domicile sur le sol ghanéen, refusant de regagner la mère patrie pour diverses raisons. Certains redoutent d'être harcelés par les adversaires d'hier, au pouvoir, s'ils reviennent au pays. D'autres préfèrent rester loin de la terre natale pour constituer un moyen de pression sur le pouvoir en place en vue de la libération de tous les prisonniers encore détenus, surtout de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, leurs mentors comparaissant devant la Cour pénale internationale (Cpi). Fondus  quasiment dans la population ghanéenne, il est difficile de distinguer ces exilés dans la circulation à Accra. A moins de se rendre dans les camps de réfugiés qui existent encore dans la capitale ghanéenne, et dans certaines localités sur l'axe conduisant à la frontière ivoirienne. Notamment à Amping, un grand camp abritant encore de nombreux fugitifs de la guerre de 2010 – 2011 en Côte d'Ivoire. S'ils ont en commun le même idéal, au Ghana, les partisans de Laurent Gbagbo en exil vivent diverses fortunes. Chacun se débat comme il peut pour survivre.

 

Le sort des jeunes leaders de l'ex-galaxie patriotique 

C'est le cas de la plupart de ces jeunes leaders de l'ex-galaxie patriotique qui pouvaient se réjouir, à l'époque, des avantages et autres intéressements que leur octroyait le pouvoir. Le changement de régime a sonné la fin de la manne en provenance du Palais d'Abidjan pour ces partisans de l'ex-président ivoirien, dont la situation s'est davantage aggravée avec leur départ en exil. Un schéma que n'auront jamais imaginé tous ces leaders de l'ex-coalition de La majorité présidentielle (Lmp). Ils ne sont plus nombreux, ces exilés qui tiennent financièrement encore sur des terres étrangères au Ghana. Ces jeunes, pour la plupart des quarantenaires, qui soulevaient de grandes foules à Abidjan et autres villes de l'intérieur, n'ont, certes, rien perdu de leur verve, mais ils sont soumis à un régime difficile pour survivre à Accra. A leur arrivée, il y a 5 ans, certains ont pu acquérir des biens immobiliers. D'autres ont élu domicile dans des villas à la périphérie, voire dans des quartiers chics de la capitale ghanéenne. Ils ne pouvaient s'imaginer, certainement, à cette époque, que le séjour allait prendre autant de temps. Mais, des semaines, des mois et des années après, les moyens se sont considérablement étiolés, au point de réduire certains de ces exilés en indigents à l'étranger. Une situation qui les met à la solde de leurs camarades les plus nantis, notamment les membres du carré de l'ancien chef de l'Etat, qui ont eu le temps d'épargner suffisamment, ou d'anciens ministres dont le train de vie n'aura pas considérablement varié. « Ce n'est pas du tout facile ici. Je ne peux pas souhaiter la vie qu'on mène ici même à mon pire ennemi. On dit qu'on n'est mieux que chez soi ; il faut vivre en exil pour le savoir », nous lâche un jeune leader, partageant sa villa avec un déserteur de l'armée, avec qui nous avons eu à échanger.

 

Une vie dans l'incertitude

Ce jeune leader, dont nous taisons le nom, qui a pu sortir du pays avec son épouse et ses enfants, n'a pas hésité à donner son cas en exemple. Il venait de faire le marché (lui-même) pour sa famille, mais surtout, avec des sous à lui envoyés par un ami vivant en Europe« Je viens de retirer, ce matin même, l'argent expédié par une agence de transfert d'argent. Aussitôt, je suis allé faire des achats pour la provision de la maison. Nous allons tenir un peu avec ça, en attendant que d'autres bonnes volontés pensent à nous ». Sans commentaire ! Une vie dans l'incertitude, donc sans lendemain, en quelque sorte, aux crochets de camarades, pour ce père de famille qui aura grillé toutes ses ressources et 5 années de sa fraîcheur juvénile loin de ses terres natales. Comme lui, beaucoup d'autres sont réduits à une sorte de mendicité qui ne dit pas son nom. Certains sont confinés dans une posture assimilable à des individus faisant l'âne pour avoir le foin auprès de leurs camarades. Ils se sont accrochés à des gros bonnets jouissant encore d'une opulence malgré l'exil, pour trouver leur pitance. Ces ex-barons, pour qui le retour au pays n'est pour le moment pas à l'ordre du jour, vivent pour la plupart, dans le quartier huppé de East Lagoon. Un peu ‘'la Riviera d'Abidjan'', où villas de haut standing se disputent avec les grosses cylindrées dans un environnement calme et paisible. C'est dans ce quartier qu'on retrouve la plupart des anciens ministres et présidents d'institutions sous Laurent Gbagbo qui ont fui la guerre après le changement brutal de régime depuis le 11 avril 2011. « Ceux-là, ce sont des exilés à part. Ils sont très mauvais. Ils ne sont pas du tout solidaire. Pour eux, c'est comme si nous, on n'existait pas ici à Accra», récrimine un leader d'un ancien mouvement de résistance durant la rébellion en Côte d'Ivoirequi broie du noir dans la capitale ghanéenne. A côté de ces différents groupes d'exilés, certains qualifiés en Côte d'Ivoire, des universitaires notamment, ne se sont pas posé de question depuis leur arrivée à Accra. Nombre de ces hauts cadres de l'intelligentsia ivoirienne, qui ont choisi de se réfugier chez le voisin de l'Est, ne chôment pas du tout. Ils ont pu se trouver des occupations. Notamment  se faire engager comme enseignants dans des grandes écoles, tant &agr (...)

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