Société

Processus électoral 2020 : L'OIDH communique les résultats du monitoring réalisé sur la désinformation en ligne du 17 août au 11 octobre 2020

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L’OIDH met en œuvre avec l’appui financier du National Endowment for Democracy (NED) et le soutien technique du National Democratic Institute (NDI), un projet dénommé:   “Projet de lutte  contre la désinformation en ligne  en période électorale”. Entamé depuis le 1er juin 2020, il s’étendra sur huit (8) mois. Ce projet vise à atténuer les effets des fausses informations sur le processus électoral de 2020 et consiste à monitorer les réseaux sociaux notamment Facebook afin d’identifier les cas de désinformations.

 

A l’instar de la phase de la révision de la liste électorale, l’OIDH a observé la seconde phase du processus électoral qui se rapporte à la collecte des parrainages suivi du dépôt et de la validation des candidatures. Cette période d’observation a révélé une persistance de profusion de fausses informations dont le point culminant est intervenu après la décision du conseil constitutionnel.

 

Ce sont au total, quarante-trois (43) cas de désinformation qui ont été identifiés

 par l’équipe de veille de l’OIDH au cours de cette période d’observation.

 

Ces désinformations pour la plupart, ont eu ou étaient susceptibles d’avoir un impact sur la vie socio-politique, particulièrement sur le bon déroulement du processus électoral de 2020.

 

LES TENDANCES RELEVÉES À L’ISSUE DU MONITORING COUVRANT LA PÉRIODE DU 17 AOÛT AU 11 OCTOBRE 2020

Au terme de cette deuxième période d’observation, les principales tendances ou variables de désinformation relevées par l’OIDH au cours du monitoring des réseaux sociaux donnent la primeur aux contenus inventés ou montés de toutes pièces en vue de tromper l’opinion ou de causer du tort. Ces contenus fabriqués qui représentent 45 % des cas de désinformation observés ont consisté, pour la plupart, à diffuser des rumeurs infondées et à attribuer des propos mensongers à des personnalités politiques. Au nombre des exemples y afférent, l’on peut citer la fausse déclaration attribuée à M. Francis Wodié le 16 septembre 2020 à la suite de la décision du conseil constitutionnel et la rumeur relative à la remise de passeport des sieurs Laurent Gbagbo et Blé Goudé par la Cour Pénale Internationale le 01 octobre dernier.

La deuxième tendance de désinformation observée se rapporte à certains propos ou contenus qui ont été manipulés afin de tromper l’opinion ou de nuire. Cette tendance a représenté 23 % des cas de désinformation identifiés. Dans le cadre de cette tendance de désinformation, l’OIDH a observé des contenus manipulés relatif au nombre total de parrainages citoyens collectés par certains partis politiques.

La troisième tendance de désinformation observée par l’équipe de veille de l’OIDH a eu comme procédé, l’utilisation d’images authentiques dans un contexte erroné. Cette tendance qui représente 18 % des cas de désinformation identifiés a été observée notamment lors de la récente visite du Président de République M. Alassane Ouattara à son homologue français M. Emmanuel Macron à Paris. Les images prêtées à cette rencontre dataient pour certaines d’avril 2018. A ce cas s’ajoute les images contextuellement erronées attribuées aux manifestations déroulées le 15 Septembre 2020 dans certaines villes de l’intérieur contre la décision du Conseil Constitutionnel (comme ce fut le cas de la ville de Bonoua et Guiglo).

La quatrième tendance observée, qui elle, représente 9 % des cas de désinformations concerne la diffusion de fausses informations dont le contenu imite de véritables sources d’informations. Relativement à cette variante de désinformations, l’équipe de monitoring de l’OIDH a identifié, à la veille de l’investiture du candidat du RHDP, un faux communiqué annonçant le report de ladite cérémonie.

De même, des visuels contrefaits de flash d’informations, portant les signes et symboles distinctifs de certains médias en ligne annonçant le report de la tenue du meeting de l’opposition, ont été identifié par l’OIDH, le 09 octobre dernier.

Enfin, la cinquième tendance observée a porté sur le cas des articles ou publications dont le contenu ne corrobore pas le titre. Relativement à cette variante de désinformation, l’OIDH a identifié un article d’un média en ligne dont le titre annonçait le retrait de la candidature de M. Guillaume Soro de la présidentielle d’octobre 2020. Le titre proposé par la rédaction de ce média ne corroborait pas le contenu de l’article créant ainsi un écart et prêtant à confusion. Cette tendance représente 5% des cas observés.

LES CONSTATS RELEVÉS À L’ISSUE DU MONITORING COUVRANT LA PÉRIODE DU 17 AOÛT AU 11 OCTOBRE 2020

 

Au terme de la deuxième période d’observation, l’OIDH a fait les constats suivants : Plusieurs cas de désinformations observés provenaient de certains flashs d’informations diffusés par des pages Facebook.

 

•         Des propos sexistes dont l’objectif était de porter atteinte à la dignité, à la réputation ou à l’engagement politique de certaines figures féminines ivoiriennes ont visé la Première Dame Dominique Ouattara, La Ministre Belmonde Godo et la candidate à l’élection présidentielle Marie Carine Bladi epse Davidson ;

 

 

•         Des discours de haine dont les contenus se rapportaient à des propos identitaires tendaient à remettre en cause la nationalité ivoirienne de certaines personnalités politiques dont Messieurs Mamadou Touré, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ;

 

•         Une profusion de rhétoriques belliqueuses et d’injurieuses graves a été employé par certains acteurs politiques dans le but d’infantiliser, d’humilier, ou de discréditer leurs adversaires.

ANALYSE

 

Les différentes tendances de désinformations identifiées dans le cadre de cette deuxième période d’observation confirment la constance et la capacité de nuisance des fausses informations sur le processus électoral et la stabilité du pays. Le constat de la prolifération exponentielle de ces fausses informations suscite des inquiétudes à la veille des campagnes électorales, période qui, par excellence, voit circuler accueillent un plus grand flux d’informations. Ainsi, il paraît évident qu’en cette phase du processus, les usagers des réseaux sociaux, peu éduquer à l’identification des fausses informations, ne soient pas assez outiller à distinguer le vrai de l’ivraie. Les fausses informations de plus en plus virales pourraient, dans ce cas, perturber les campagnes, exacerber les tensions et éroder la stabilité du pays.

En outres, la subtilité et le choix des procédés employés par les auteurs de ces désinformations démontrent leur ingéniosité et leur maîtrise à la fois du jeu politique mais aussi des acteurs qui le composent. Cette situation pose alors avec acuité la question de la célérité des poursuites pénales en matière de répression de fausses nouvelles afin de réduire la profusion des fausses informations et garantir l’intégrité du processus.

Par ailleurs, la persistance des rhétoriques belliqueuses, des discours de haine et des injures employés parfois même, par certains acteurs politiques, contribuent à cristalliser le climat déjà délétère et laisse planer une escalade de violence lors de la phase des campagnes électorales.

RECOMMANDATIONS

Pour atténuer les impacts de la désinformation au cours du prochain processus électoral, l’OIDH fait les recommandations dont la teneur suit :

AU GOUVERNEMENT IVOIRIEN :

 

∙ Maintenir le dialogue politique avec l’ensemble des parties prenantes au processus électoral afin de lever les écueils et défis liés à ce processus ;

 

∙ Envisager des mesures répressives afin de protéger les femmes engagées en politique et qui pourraient être la cible de campagnes de désinformation humiliantes ou portant atteinte à leur dignité ou leur réputation sur les réseaux sociaux ;

∙ Garantir un accès équitable des médias publics à l’ensemble des sensibilités politiques du pays ;

AUX ACTEURS POLITIQUES :

∙ S’abstenir des discours et actes susceptibles de fragiliser la cohésion sociale ou détériorer le climat socio-politique ;

∙ Prendre des mesures nécessaires pour éviter la propagation ou la diffusion de fausses informations sensibles par des pages ou comptes relevant de leur responsabilité ;

∙ Sensibiliser et former leurs militants et abonnés (followers) sur les bonnes pratiques démocratiques et sur une culture démocratique sensible au concept du genre ;

 

A LA COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE (CEI)

 

∙ Communiquer davantage sur la conduite des différentes étapes du processus électoral afin de rassurer l’ensemble des populations sur la transparence du processus qu’elle conduit ;

AUX ADMINISTRATEURS DES PLATEFORMES OU FORA DE DISCUSSION A CARACTERE POLITIQUE ET DES PAGES DE PROXIMITE :

∙ Prioriser les contenus sourcés ;

∙ Elaborer une charte commune incluant des sanctions contre les membres de leur fora qui publient des discours haineux, xénophobes, sexistes ou les fausses informations de nature à troubler l’ordre public ;

∙ Veiller scrupuleusement à une modération rigoureuse des contenus publiés sur les fora de discussion à l’effet d’identifier et de censurer les publications incitant à la violence, à la haine, à la xénophobie ou de nature à troubler l’ordre public ;

∙ Sensibiliser régulièrement les membres de leurs groupes ou fora sur les dispositions légales réprimant la diffusion de fausses nouvelles ;

AUX ACTEURS DES MEDIAS PUBLICS ET DES SITES D’INFORMATION EN LIGNE

 

∙ Couvrir l’actualité socio-politique et électorale en observant scrupuleusement les principes, les règles déontologiques et éthiques régissant la fonction journalistique ;

 

∙ Contribuer au renforcement de la cohésion sociale et à un climat électoral

  apaisé ;

 

∙ Contribuer à la formation et l’éducation des populations à la culture démocratique et à la paix ;

 

AUX ACTEURS DE LA SOCIETE CIVILE

 

∙ Promouvoir l’éducation aux médias et à l’information ;

∙ Contribuer à l’éducation des usagers des réseaux sociaux en les sensibilisant

aux méfaits de la désinformation électorale et à la culture démocratique ;

∙ Créer des tribunes d’échanges citoyens sur les réseaux sociaux pour sensibiliser

les usagers à la culture démocratique et la paix ;

∙ Créer une synergie d’action entre les acteurs de la Société civile travaillant sur la problématique de l’impact de la désinformation et des discours de haine sur le processus électoral.

 

 




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