Faits divers

Insécurité : Tout sur les dégâts causés par les motos

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Une moto est entrée en collision avec un car de transport, hier au grand carrefour de Koumassi. Deux personnes ont été grièvement blessées.

Les statistiques sont alarmantes. Le nombre de victimes liées aux accidents de motos tourne autour de plusieurs centaines de morts et de blessés par an. Comment en est-on arrivé à cette situation ? Quelques éléments de réponse dans notre enquête !

Nous sommes dimanche 03 mai 2015. Une colonne d'une dizaine de motos en provenance de Treichville, roule à vive allure sur le boulevard VGE. Les motocyclistes sont des jeunes dont l'âge varie de 15 à 22 ans. Parvenus au feu tricolore du grand carrefour de Koumassi, le spectacle auquel ils se livrent donne froid dans le dos. Ces motards mettent leurs engins en dérive, donnant l'impression d'en avoir perdu le contrôle. Ils font également du ''dribbling'', c'est-à-dire un effet de sautillement de la roue arrière lors de freinages ou de rétrogradages. Les guidons font des mouvements gauche-droite, signe d'un déséquilibre de la moto à cause de la grande vitesse. L'un des motards, qui fait figure de superman, a un pied posé sur la selle, une seule main sur le guidon, quand l'autre s'adonne à du ''wheeling''. Dans le jardon de la moto, le ''wheeling'', c'est le fait de rouler avec la roue avant en l'air, donc en roulant uniquement sur la roue arrière. Il s'agit-là d'une pratique dangereuse car une perte de contrôle peut être fatale, surtout pour des motards roulant sans casque, ni aucun vêtement de sécurité. Mais fort heureusement, aucun dégât n'a été enregistré. Tout se passe bien et ces jeunes poursuivent leur escapade en direction de Grand-Bassam. « Ce sont des excursionnistes qui vont à la plage. Tous les samedis et dimanches, c'est ce spectacle qu'ils livrent sur ce boulevard », explique Mohamed S., un vendeur de livres. Deux mois plutôt, aux environs de 20 heures, un accident s'est produit sur le boulevard de la Carena, peu avant le siège de l'Onuci. Une moto qui a emprunté la voie réservée aux autobus de la Sotra est littéralement entrée en collision avec une voiture. Le motocycliste est tuée sur le coup. Son engin a été broyé et réduit en épave, à cause de la violence du choc. Un autre fait, beaucoup plus récent, s'est produit le jeudi 21 mai 2015. Deux jeunes à moto ont tenté de violer le feu rouge au grand carrefour de Koumassi. Les conséquences ont été immédiates. La moto est entrée en collision avec un car de transport de 70 places. Les deux jeunes sont grièvement blessés. Il était 13 heures. Couchés sur le macadam, ils saignaient abondamment. Alertés, la police et les sapeurs-pompiers sont arrivés promptement pour procéder à l'évacuation des victimes.

 

Course poursuite

Un autre spectacle s'est passé sur le pont Général de Gaulle en janvier 2015. Ce jour-là, des agents de police sont positionnés en grande nombre à l'entrée du pont, dans le sens Plateau-Treichville. Sifflé pour un contrôle de routine, le motocycliste fait demi-tour. Une course-poursuite s'engage alors entre ce dernier et le policier. Mais le motard réussit à s'échapper. Et nous le voyons alerter un autre motocycliste qui voulait lui aussi emprunter le pont. Mais celui-ci poursuit sa route. Parvenu au niveau des policiers, il présente à ces derniers ses documents qui l'autorisent à rouler sur une moto. Et les agents des forces de l'ordre le laissent poursuivre sa route.

Ces situations, décrites plus haut, illustrent à quel point les motos sont devenues un danger permanent, tant à Abidjan que dans les villes de l'intérieur du pays. D'une part, il y a le mépris des règles de sécurité routière qui est à l'origine de nombreux accidents. Les chiffres fournis par l'Office de la sécurité routière donnent froid dans le dos(Lire l'interview). D'autre part, la prolifération des motos a fait naitre une nouvelle forme de banditisme. Selon un officier en poste à la préfecture de police d'Abidjan, le nombre d'actes d'agression commis par des individus à motos est préoccupant. Notre source explique que les bandits dissimulent très souvent leurs armes blanches ou à feu sous le siège des motos. « Plusieurs rapports de police font état d'individus roulant à motos et qui commettent de plus en plus de vols à l'arrachée, d'attaques de magasins dans plusieurs communes du district d'Abidjan. Des plaintes ont d'ailleurs été enregistrées dans des commissariats. Toutes les forces ont reçu des instructions de la part du préfet de police pour lancer la traque contre ces personnes », révèle-t-il, sans présenter de statistiques, avant d'ajouter : « Il est plus facile pour ces bandits de disparaître facilement à moto ». Sur la base de ces faits, les consignes du préfet de police d'Abidjan sont claires : Procéder au contrôle systématique des motos en circulation. Celles qui ne disposent pas de papiers sont immédiatement mises en fourrière. « Le bilan est satisfaisant depuis quelques temps. D'ailleurs, l’État perd de l'argent car la plupart de ces motos n'ont, ni carte d'assurance, ni patentes. Donc, nous voulons mettre de l'ordre dans tout ça », affirme l'officier de police. Au grand carrefour de Koumassi, nous échangeons avec Doumbia Djakaridja. Vendeur de motos d'occasion depuis 2009, il avoue que ses affaires ne marchent plus comme avant. « Les clients ne viennent plus nombreux car maintenant, la police exige que les motos aient leurs documents au complet avant de circuler. Par exemple, toutes les motos doivent avoir une vignette, une carte grise ainsi qu'une immatriculation. C'est difficile à obtenir parce que généralement, ces engins arrivent en vrac dans des conteneurs et sont dédouanés en gros », explique-t-il. Visiblement, la traque de la police porte ses fruits. Mais pour combien de temps ?

 

 

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Ta Bi Tra, directeur à la formation à l'Office ivoirien de la sécurité routière(Oser) : « Nous dénombrons des centaines de victimes chaque année »

 

Partagez-vous le constat selon lequel, il y a de plus en plus d'accidents de moto dans le district d'Abidjan?

Oui, je partage ce constat. Mais il ne se limite pas seulement au district d'Abidjan. Nous l'avons fait à travers tout le pays. Le problème est aujourd'hui national. Effectivement, nous nous en rendons compte, et nous avons des statistiques qui sont assez édifiantes en la matière.

 

Que révèlent justement ces statistiques ?

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