Emploi/Entrepreneuriat

Créateur d'entreprise : existe-il un profil type ?

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Qui crée une société de nos jours ? Cette question n'a pas une réponse toute faite. On peut néanmoins dresser un portrait-robot du créateur d'entreprise.

L'idée de créer son entreprise connaît un franc succès. En effet, beaucoup de salariés aspirent à être maître de leur destin, à se mettre à leur compte. toutefois, la pratique montre que seul 2% passent à l'acte, ce qui représente un nombre insignifiant parmi tous ceux qui y pensent. Les statistiques montrent en général que sur 100 créations d'entreprises, seules 70 dépassent le cap de la première année, 50 la seconde année, 35 la troisième année et seulement 25 la quatrième année. L'objectif de tout créateur d'entreprise est d'être parmi les 25% qui restent viables après 4 ans. Le créateur est la clé de voûte de la grande aventure que représente la création d'une entreprise. Même si on estime qu'il n'existe pas de profil type pour un créateur d'entreprise, on s'accorde à dire qu'un bon créateur entreprise doit nécessairement avoir certaines qualités : la ténacité au choc psychologique, une bonne santé, le bon sens, la curiosité et l'ouverture d'esprit. Un chef d'entreprise doit enfin être, comme Napoléon le dit si bien, un “marchand d'espérance”, un véritable meneur d'équipe. La création d'entreprise est donc une oeuvre de longue haleine, très complexe, très astreignante et surtout très sélective; d'où l'importance du profil du promoteur pour la réussite de tel ou tel projet.




Répartition des promoteurs par sexe

alors que la population ivoirienne se compose de 52% de femmes selon le dernier recensement de 2010, seulement 7 %, et peut- être même moins, des créateurs d'entreprises sont des femmes. Il existe par
conséquent, un grand décalage entre la proportion des femmes dans la population générale et dans la population des promoteurs. Ce décalage n'est pas propre à la Côte d'Ivoire et aux pays à développement socio-économique similaire, mais il existe aussi dans les pays développés, il est vrai dans des proportions moins importantes. a titre d'exemple en France, seulement un chef d'entreprise sur quatre est une femme. Cependant, une étude de la Banque Mondiale a démontré que bénéficiant des mêmes atouts que leurs collègues hommes, les femmes créent sans complexe et réussissent dans les mêmes proportions. dans notre pays, ce décalage peut trouver premièrement sa cause principale dans des considérations socio-culturelles. Une deuxième explication de ce décalage est à chercher certainement dans le taux trop élevé d'analphabétisme et du chômage frappant les femmes; un niveau minimum
d'instruction et une expérience professionnelle sont déterminants pour pouvoir franchir le pas vers le monde de l'entreprenariat.




Répartition des promoteurs par âge

La moyenne d'âge de nos entrepreneurs à la création de leur entreprise est de 39 ans tous sexes confondus. a l'inverse les plus de 50 ans sont les moins séduits par la création d'entreprises. Les 31- 50 ans constituent 72% des créateurs des entreprises. En effet, cette tranche correspond à l'âge de la maturité, âge où on a accumulé assez d'expériences pour avoir une plus grande confiance en soi, où peut être l'ambition est plus grande, et où le désir de changer son statut de salarié pour le statut fort prestigieux de patron est plus important. Cependant, plus on avance dans l'âge, surtout
après la cinquantaine, plus ce désir s'estompe. a partir de ce seuil, la sécurité de l'emploi et la carrière à assurer prennent le pas sur l'aventure incertaine de l'entreprenariat. alors que quand on est très
jeune, de 21 à 25 ans, on est sujet à des doutes et on n'est pas encore fixé sur la direction à donner à sa vie. Pour beaucoup c'est encore l'âge des études, pour d'autres le statut de salarié est plus recherché. a cet âge aussi, le manque d'expérience et de confiance en soi est plus patent qu'à l'âge de la maturité.

Formation et expérience professionnelle
La formation et l'expérience du créateur d'entreprise sont un paramètre fondamental qui prédétermine le domaine de ses
investissements, et par conséquent son importance économique et sociale. Les niveaux de formation se répartissent comme suit : 14% des créateurs d'entreprise ont un niveau supérieur ou égal au baccalauréat ; 44% ont un niveau d'instruction secondaire; 42 % un niveau d'instruction fondamental. En revanche, tous les promoteurs ont une expérience professionnelle avant d'entreprendre. Ils sont 95 % à l'avoir dans le domaine où ils entreprennent. Cette expérience est en général longue. Elle est de plus de 15 ans pour 33 %, de 10 à 15 ans pour 30%, de 5 à 9 ans pour 26 % et de moins de 5 ans pour l1%. ainsi, la création d'entreprise est une affaire surtout de gens peu ou moyennement instruits mais dotés d'une expérience professionnelle longue. Par conséquent, la majorité des entreprises créées en Côte d'Ivoire ne peuvent être que de faible valeur ajoutée, telles que des commerces, des ateliers de réparation, d'artisanat, ou des entreprises de construction ; des nettoyages, des gardiennages
…. etc. Les entreprises utilisant les technologies modernes ne peuvent être que rarissimes car elles sont peu accessibles à la majorité de nos promoteurs. Ce qui pose le problème de la réticence des diplômés de l'enseignement supérieur à entreprendre. Ceux-là mêmes qui sont capables d'assimiler les nouvelles technologies et à partir de là, constituer le moteur principal du
développement et du renouvellement du tissu économique. Cette réticence est liée à une mentalité qui a sévi qui continue de
sévir, et qui ferait préférer un travail dans l'administration publique à tout autre statut, en particulier au statut incertain et risqué d'entrepreneur. Elle peut aussi s'expliquer par l'absence de la sensibilisation des étudiants à l'esprit d'entreprise et le peu de programme se rapportant au monde de l'entreprise pendant leur cursus scolaire.




Les femmes entrepreneurs sont plus instruites


Néanmoins, parmi le peu de femmes qui entreprennent, leur niveau d'instruction est élevé, 60% ont une formation universitaire,
28% ont un diplôme supérieur (souvent en gestion), 5% un diplôme d'ingénieur. La majorité d'entre elles ont été salariées avant de diriger ou de monter une entreprise. Seules 5% de ces femmes s'y sont lancées directement après leurs études. L'enquête montre aussi que 40% d'entre elles travaillent avec leurs conjoints dans leurs
entreprises. Les résultats de cette enquête montrent qu'à priori, les femmes (toutes à la tête d'entreprises bien structurées) sont en général très bien formées et qu'elles le font pour une part importante avec l'aide et l'appui de leurs familles. Par conséquent, un milieu familiale éduqué et d'un certain niveau d'aisance favorise l'accès des femmes à la création et à la direction d'entreprises,
pourvu que celles-ci soient d'un bon niveau de formation et de préparation pour ce genre d'activité. Pour les autres, une plus
grande confiance en soi et un goût du risque et la capacité de l'assumer expliqueraient la proportion plus importante des femmes sans expérience qui se lancent directement dans l'entreprenariat (commerce, services, soustraitance…).




Motivations pour la création d'entreprises

La personnalité du créateur est un facteur déterminant pour l'aboutissement d'un projet et pour sa pérennité. Pour oser franchir le pas d'une situation stable sûre et même si elle est plus ou moins confortable, à une situation qui peut être incertaine où on risque son argent, et où l'investissement en temps ne se compte pas, il faut avoir de fortes motivations. Ces motivations sont nombreuses et peuvent être différentes d'un entrepreneur à un autre. Elles peuvent être d'ordre financier et économique, d'ordre familial, ou être en rapport avec la recherche d'un épanouissement personnel. Ce qui le
plus motive pour la création d'entreprises se résume ainsi : le gain de l'argent, la recherche de l'indépendance, l'existence d'une opportunité, la disponibilité des moyens financiers, le soutien familial ou le goût du risque. Il est bien entendu que chaque individu peut avoir une ou plusieurs motivations imbriquées et plus ou moins fortes les unes que les autres. Le gain d'argent est cité dans 76 % des cas, motive toutes les tranches d'âge, quelque soit le niveau de formation, mais de façon inégale. La catégorie la plus intéressée par l'argent est celle ayant un niveau supérieur d'études. dans cette catégorie, 86 % l'affirment. Ils sont 77 % parmi les promoteurs ayant un niveau d'instruction secondaire à être motivés par l'argent, et 71% pour la catégorie d'un niveau d'instruction faible. Quant à la recherche de l'indépendance, elle concerne 71 % des créateurs d'entreprise. Par ailleurs, la disponibilité des moyens financiers est un élément motivateur pour 39% de personnes. On utilise ses économies et on fait appel à la solidarité familiale qui joue à fond, avec des parents proches ou éloignés. aussi, si une majorité de nos entrepreneurs (85%) sont conscients d'avoir pris un risque en créant leur propre entreprise, seule une minorité (3%) affirme aimer prendre des risques.




Vers un profil type

Malgré la diversité des buts et des aptitudes des créateurs d'entreprise, on peut essayer de cerner les contours de l'entrepreneur type. Il serait plutôt un homme qu'une femme, son âge se situerait autour de 39 ans, d'un niveau d'instruction fondamental ou secondaire, se lançant par nécessité ou par goût dans une activité proche du métier où il a accumulé une expérience significative, grâce en partie à des économies personnelles et / ou des aides familiales. Il recherche le gain immédiat d'argent mais n'aime pas prendre de risque. Parmi nos entrepreneurs, la majorité privilégie l'endettement familial avant toute autre forme de financement. Il se sent également très responsabilisée à cause de la nature des fonds investis (fonds personnels ou familiaux), son premier souci est la pérennisation de son affaire et son développement progressif. Il cherche d'emblée des profits susceptibles d'assurer un revenu pouvant être à même de
couvrir ses besoins et ceux des siens. dans cette catégorie, les collaborateurs sont choisis, prioritairement, dans le cercle de la famille et des proches, et le domaine d'activité reste traditionnel : commerce de proximité, services, ntic, entreprises de construction et de travaux divers, ateliers de réparation, cafés, etc. a côté de cette catégorie, il existe aussi un groupe moins important en nombre d'entrepreneurs mieux formés ayant une expérience professionnelle plus conséquente dans un domaine plus moderne; connaissant mieux que quiconque leur environnement. Ce sont en général des personnes qui n'ont pas hésité à abandonner une situation souvent confortable et peut être stable pour la création de leur entreprise. Ils franchissent le pas pour avoir le statut fort prestigieux de patron, pour gagner le maximum d'argent et s'affranchir de toute hiérarchie.


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