Mort sur le vol AF703 d'Air France, l'adolescent ivoirien rêvait de « voyager et devenir un grand footballeur »

  • Source: APA
  • Date: mar. 14 janv. 2020
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L'élève ivoirien Laurent-Barthélémy Ani Guibahi (14 ans), dont le corps, sans vie, a été retrouvé dans le puits du train d'atterrissage du vol AF703 d'Air France à Roissy, en provenance de l'aéroport d'Abidjan, rêvait de «voyager et devenir un grand footballeur», selon une amie de classe.

Guibahi «me parlait aussi de son ambition (quad on cheminait pour se rendre à la maison), il m'a dit que dans sa vie, il voulait voyager et devenir un grand footballeur et venir prouver à ses parents qu'il était quelqu'un qui pouvait réussir », confie Koné Samira, 14 ans, une amie, interrogée devant sa classe.

Samira avec qui Guibahi «marchait souvent ensemble pour aller à la maison», affirme qu'il lui parlait souvent de sa famille. Il rapportait souvent que ses parents étaient séparés et que sa maman était à Lokoua (un quartier de Yopougon, dans l'Ouest d'Abidjan) et que son papa était au terminus 27 ».

Cette condisciple de la quatrième 2 du Lycée municipal Simone Ehivet Gbagbo de Yopougon, portant le nom de l'épouse de l'ancien président Laurent Gbagbo, fait observer cette ambition « se voyait dans ses yeux que c'est quelqu'un qui voulait réellement réaliser son vœu et ce qu'il dit».

« Il voulait devenir footballeur parce qu'il jouait beaucoup à la maison, il ne m'avait pas dit qu'il allait jouer en Côte d'Ivoire, mais il allait jouer ailleurs et revenir lorsqu'il sera riche pour prouver à ses parents qu'il est quelqu'un de travailleur», poursuit-elle.

Assis dans un fauteuil, avec à ses côtés deux autres fils, devant sa concession dans une cour commune, au quartier « Kpinbly » de Yopougon, le géniteur de l'adolescent victime, Marius Ani Oulakolé, un homme de la cinquantaine, né en 1969, semble être déchiré par cette « profonde douleur ». 

« C'est une profonde tristesse, pour moi, c'est le désarroi et le désespoir. Je n'ai nulle part ailleurs pensé un seul instant que mon enfant qui ne connaît même pas Adjamé (une cité voisine à Yopougon, dans le Nord d'Abidjan) pouvait se retrouver là-bas », à Port-Bouët, commune abritant l'aéroport d'Abidjan, à une trentaine de Km, dit-il. 

Ce « déchirement de cœur », Marius Ani Oulakolé le supporte difficilement. Visiblement abattu au milieu des siens, il apparente cette situation à « un mystère » qu'il traverse, tout en déclarant « je ne comprends pas ce qui est arrivé ».

Le 6 janvier 2020, date marquant le retour des congés de Noël, Marius Ani Oulakolé constate la disparition de son fils, l'un de ses quatre enfants. Informé que le corps sans vie découvert dans le puits du train d'atterrissage de l'appareil effectuant le vol AF703 reliant Abidjan à Paris Charles De Gaulle le 7 janvier 2020», est celui de son fils par la gendarmerie aéroportuaire qui lui présente le sac d'école de Guibahi, il tombe sous le choc. 

« C'est dans les photos qu'on m'a présenté son corps sans vie, je ne l'ai pas encore vu. Mon souhait, si de bonnes volontés, si les autorités peuvent m'aider à aller voir le corps de mon fils, ou même le ramener, ça serait un très très grand soulagement », lance-t-il dans un entretien à APA. 

« Je veux voir le corps de mon fils, que ce soit ici comme en France. Je veux que les autorités m'aident (…) donc c'est une affaire entre deux Etats, c'est eux-seuls qui peuvent trouver les moyens idoines, et de mener les enquêtes pour les que les circonstances dans lesquels l'enfant s'est retrouvé en France soient connues », insiste-t-il. 

Le cocon familial

Intelligent et brillant dans les mathématiques et physiques,  Laurent-Barthélémy Ani Guibahi empruntait le chemin de son père, un doué de ces deux disciplines. Malheureusement, son père a arrêté les études en classe de terminale. Aujourd'hui, répétiteur en sciences physiques et les mathématiques, il gagne bien sa vie. 

Goré L. Agnès Adjoua, sa mère adoptive, la compagne de M. Oulakolé, se dit « tellement dépassée » par cet événement. Cette dernière a accueilli l'enfant à l'âge de  deux ans et demi. Selon elle, c'est un enfant « calme ».

« Quand je lui dis de ne pas jouer au foot dans la cour commune et que le ballon pourrait tomber dans la sauce des femmes » dans la cour commune, Laurent-Barthélémy obéit, relate-t-elle, s'interrogeant sur ces faits descendus sur la famille comme un tomahawk.  

« Je ne sais pas qui l'a poussé », dit-elle, évoquant un « mauvais ami qui l'accompagnait » sans autres précisions. 

Marc Ani (28 ans), frère aîné de l'adolescent, lui,  travaille dans le domaine de l'électricité, notamment du courant faible, et est titulaire d'un BTS (Brevet de technicien supérieur) en maintenance des systèmes de production. Pour lui, « c'était douloureux » d'apprendre cette nouvelle propagée sur la toile. 

« C'est de notre petit frère dont tout le monde parlait, ce n'était pas facile à supporter », dit-il. Pour lui, Laurent-Barthélémy n'était pas un « passager clandestin » parce que pour l'être, il faut être dans des conditions pas cartésiennes, or « ici à la maison, chaque matin, il a 600 Fcfa pour aller à l'école » dont 400 Fcfa pour manger.

« Il était toujours souriant, heureux et à l'aise ici avec ses parents et avec ses amis, je n'ai pas compris comment est-ce qu'on peut le traiter d'enfant clandestin et puis aller le retrouver dans le puits du train d'atterrissage d'un avion, qu'est-ce qui lui manquait, il ne lui manquait rien », s'étonne-t-il.

Il avait de la nourriture à la maison en abondance, il « triait même la nourriture (…) Ca me fait vraiment mal de savoir qu'aujourd'hui mon petit frère a ce titre de passager clandestin, c'est un enfant vraiment intelligent qui avait tout l'avenir devant lui. Je ne sais pas qui hélas a détourné la tête de cet enfant ? », a laissé entendre Marc. 

L'adieu des condisciples  

« Nous te pleurons Barthélémy, Ani notre frère. Nous te pleurons Barthélémy, Ani notre frère. Nous te pleurons Barthélémy, Ani notre ami ! », chantaient en chœur, mardi, ses amis de classe sous la houlette des professeurs de musiques Mme Adou Golana, assistée de Léon Diah Kouadio.

A (...)

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