Plainte des victimes Wê devant la CPI : Ça ne va plus entre les plaignants et les avocats !
Les associations des victimes dissoutes par la justice française


Plus rien ne va entre les victimes des tueries dans le pays wê (de 2002 à 2011) et leurs avocats jusque-là connus.
  • Source: linfodrome.com
  • Date: mer. 15 mai 2019
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Plus rien ne va entre les victimes des tueries dans le pays wê (de 2002 à 2011) et leurs avocats jusque-là connus, Maîtres Habiba Touré du barreau de Seine-Saint-Denis en France, et Dadjé Rodrigue du barreau d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Cette information, qui circulait sous forme de rumeur au sein des différentes communautés wê à travers le monde, vient d'être confirmée par Martine Kéi Vao, présidente des deux associations regroupant les victimes ayant saisi la Cour pénale internationale (Cpi). A savoir : l'Ong Solidarité du peuple wê (Spw) et l'Association des ressortissants de Duékoué vivant en France (Ardef-e). A une conférence à Paris dans la soirée du vendredi 10 mai 2019, Martine Kéi Vao a fait le grand déballage.

Origine de la plainte 

« Le 17 juin 2011, en qualité de présidente de l'Ardef-e, j'ai répondu à l'appel à témoins de la Cpi (lancé début juin 2011 invitant les victimes à se manifester car une procédure avait été initiée par l'État de Côte d'Ivoire) par l'envoi d'un dossier à la cour. C'est après (en novembre 2011) que le président Gbagbo a été déporté à la Cpi, avec son ministre Blé Goudé », a fait savoir Martine Kéi Vao. Elle explique avoir pris attache, en mai 2012, avec Me Basile Besnard, avocat français, pour l'assister dans ses démarches auprès de la Cpi. « Me Besnard a écrit au ministère des Affaires étrangères et au président de l'Assemblée nationale de France pour demander une enquête parlementaire ou une rencontre avec Laurent Fabius. Malheureusement, pour des raisons politiques, Me Besnard nous a dit qu'il ne pouvait plus suivre notre dossier », a dit la conférencière. Par la suite, souligne-t-elle, grâce à Amédée Akpané, un compatriote qu'elle a connu un peu plus tôt, elle a été mise en contact avec Me Habiba Touré avec qui elle a parlé de la situation des victimes des tueries de Duékoué. D'ailleurs, glisse Mme Kéi Vao, c'est Amédée Akpané qui lui a proposé d'élargir le champ d'action au niveau des autres départements wê étant donné que les victimes dont il s'agit n'étaient pas toutes de Duékoué. D'où la création en 2015- après une tournée en Italie, Grande Bretagne, Suisse, Etats-Unis et Canada pour consulter les frères et sœurs - de l'Ong Solidarité du peuple wê (Spw) qui étend la prise en compte des victimes au-delà du département de Duékoué.

Après plusieurs mois de contacts, Martine Kéi Vao et Me Habiba Touré signent, dit-elle, une convention fixant les honoraires de l'avocate à 7.50 euros (soit environ 5000 f. cfa) par dossier (victime). La convention confie la collecte des informations auprès des victimes aux associations qui les transmettent aux avocats pour traitement puis validation par les deux parties avant la transmission du dossier final à la Cpi. « Le jour de la signature de la convention, Me Touré m'a présenté Me Rodrigue Dadjé, avec qui elle dit avoir toujours partagé des dossiers. Selon ses dires, Me Dadjé devait s'occuper en Côte d'Ivoire, de la validation des formulaires de victimes que lui transmettraient nos représentants chargés de la collecte des dossiers à travers les contrées du pays wê. La transmission des dossiers à Me Touré ou à son collaborateur Me Dadjé en Côte d'Ivoire n'engendrait aucun frais financier », précise Mme Kéi Vao.

De cette collaboration, Martine Kéi Vao informe que l'Ong Spw a collecté un lot de 1100 dossiers (715 au Ghana et 385 à Duékoué) qu'elle a transmis aux avocats. Ceux-ci, sur la base de leurs actions coordonnées, ont abouti en avril 2016 à la recevabilité du dossier par la Cpi qui a fait une déclaration officielle à cet effet.

Discorde

L'amour était parfait entre les victimes représentées par les responsables des deux associations wê et les avocats. Mais cet amour fut de courte durée, puisque, selon la présidente de Spw, dans la suite de la collaboration, contrairement à la première procédure, elle a constaté avec stupeur que pour le 2e lot de 3000 dossiers (collectés par leurs soins auprès des victimes membres de leurs associations) transmis aux avocats, ces derniers ont refusé de leur rendre compte. « Le conseil, argue-t-elle, prétend que ce lot de 3000 dossiers qui serait hautement confidentiel, lui aurait été recommandé par les victimes directement ». Cela paraît suspect aux yeux de Martine Kéi Vao. Elle s'engage donc à dessaisir Me Touré Habiba et Me Dadjé Rodrigue du dossier. La Cpi en est saisie par courrier, l'informant en conséquence que les nouveaux avocats des victimes wê devant le tribunal international sont désormais Me François Epoma et Me Simé.

Me Habiba Touré qui traitait, jusque-là, le dossier sur fonds propres, réclame que ses honoraires soient payés. « Elle et Dadjé me réclament 116.000 euros (76,09 millions de f cfa) », dit Mme Kéi Vao. Le conflit ainsi né les conduit devant la justice française qui, constatant l'impossibilité des deux associations des victimes, de régler ce qu'elles doivent à l'avocate, tranche. Par courrier du 9 avril 2019 du bâtonnier du barreau de Seine-Saint-Denis, Frédéric Gabet, il est signifié à la présidente Martine Kéï Vao qu'au vu du jugement du 19 mars 2019 rendu par le tribunal de grande instance de Pontoise, il est prononcé la liquidation judiciaire des associations Ardef-e et Spw, Me Christian Hart de Keating étant désigné en qualité de liquidateur. Une décision qui dissout donc les deux associations et confie leur administration à un avocat français. Très choquée, mais pas découragée, la désormais ex-présidente de l'Ardef-e et Spw voit des mains obscures derrière tout ceci. Et ces mains, elle dit bien les connaître. « Ce sont Demba Traoré et Nady Bamba », qui selon elle, veulent qu'elle laisse, Me Habiba Touré, gérer le dossier à la demande de Laurent Gbagbo. « Malgré les pressions que je ne cesse de recevoir de toutes parts, je ne baisserai pas les bras dans ce dossier (…) Je demande au président Laurent Gbagbo de me recevoir pour que je sache si c'est vraiment lui qui est le soutien de mes ennemis dans cette affaire. Je demande à la communauté internationale de ne pas aider le pouvoir de Ouattara à entraver à l'aboutissement de cette affaire », a signifié celle qui se présente désormais comme la présidente de « Solidarité  », nouvelle association qu'elle dit avoir créé pour suppléer à la dissolution des deux précédentes associations des victimes wê.

Conséquences 

Cette situation entre les plaignants et leurs anciens conseils, même si elle n'a aucune incidence dans le fond sur le cours de l'affaire au niveau de la Cpi, fait gagner du temps à l'institution judiciaire. L'affaire pourrait ouvrir la voie à des poursuites dans le camp du président Alassane Ouattara dans la question ivoirienne dont la Cpi s'est saisie en 2010.

Depuis la recevabilité de l'affaire, le dossier peine à avancer. Les nouveaux avocats des victimes devant être préalablement formés. Une formation d'une année vient de s'achever en début de cette année pour Maîtres Epoma et Simé. 

Demba Traoré : « Je ne sais pas ce que le nom du président Gbagbo vient chercher dans cette affaire »

 « Je ne sais pas ce que le nom du président Gbagbo vient chercher dans cette affaire ». Mis en cause dans l'affaire, Demba Traoré, vice-président du Front populaire ivoirien (Fpi pro-Gbagbo) se dit surpris que le nom du président Laurent Gbagbo soit mêlé à cette affaire. Nous avons pu rencontrer Demba Traoré qui séjourne actuellement en Europe. Il a soutenu ne jamais répondre par principe aux femmes dans ce genre d'affaire. Mais, il a dit l'évoquer avec nous parce que le nom de son « chef » y est mêlé. En guise de réaction, Demba Traoré nous a donné copie des explications qu'il a dû fournir à son parti le 29 avril 2018 après l'éclatement de l'affaire. Ci-dessous, de larges extraits de ses explications à la direction du Fpi.

 « (…) En décembre 2012, lors de mon séjour au Ghana, j'ai demandé au camarade Tahi Zoué Etienne, mon prédécesseur à la tête de la représentation Fpi -Usa, d'approcher les ministres Emile Guiriéoulou et Hubert Oulaye afin que je leur fasse des propositions techniques sur la collecte d' informations sur les victimes à l'ouest dans le but de permettre au parti de saisir la Cpi dont le Procureur Ocampo venait de faire un tour à Abidjan et selon mes informations, avait échangé avec le Sg par intérim d'alors le camarade Akoun Laurent. A cette époque, j'avais appelé le camarade Akoun Laurent pour échanger avec lui sur le passage d'Ocampo à Abidjan. Le camarade Tahi et moi avons été reçus par le ministre Hubert Oulaye et avons échangé en présence du ministre Guiriéoulou. J'ai proposé gratuitement mes services pour la mise en place d'une plateforme sms et internet aux fins de recenser les victimes d'atrocités des rebelles pro Ouattara à l'ouest. Le ministre Oulaye, parlant au nom des trois m'a dit : « Dem nous allons nous concerter et prendre les contacts nécessaires dans nos bases et te faire signe » (…) Lors d'un de mes nombreux passages à Paris, je rencontrais Maître Habiba Touré pour échanger sur la situation socio-politique en Côte d'Ivoire. Ainsi, une fois nous avons évoqué la question des mandats d'arrêt contre les forces pro-Ouattara, et elle m'a informé qu'elle était l'avocate des associations de Madame Martine Kéi Vao, m'informant que la dame éprouvait d'énormes difficultés ne serait-ce que pour fournir les formulaires de dénonciations aux victimes dans les camps. J'ai dit à Maître Habiba Touré que je pouvais aider. Partant de ce fait, elle a organisé une rencontre avec Martine à son cabinet. Mme Kéi Vao m'a effectivement confirmé qu'elle était seule, sans aucun soutien et que même des victimes pensaient que le président Laurent Gbagbo lui aurait donné des milliards pour les faire recenser. Elle était sur le point d'abandonner car, selon elle, tout son salaire y passait. Nous avons identifié les urgences et vu comment je pouvais aider. La priorité était de mettre les formulaires à la disposition des victimes au Bénin, et dans les camps au Togo et au Ghana.

Une fois les formulaires remplis, il fallait les acheminer à Paris pour traitement. Elle m'a donné les contacts de ses correspondants dans les pays concernés et au Ghana, le ministre Guiriéoulou était l'intermédiaire entre le contact du Ghana et moi. Chaque formulaire faisant 10 pages et ciblant dans un premier temps 1000 victimes à recenser, il fallait faire 10000 photocopies et ensuite les transporter du Bénin, du Ghana et du Togo à Paris (…) Ainsi, en procédant par vague, c'est Tahi Zoué qui était chez moi au Bénin, qui a transporté les premiers lots au Ghana pour les remettre au ministre Guiriéoulou. Quand le premier lot de formulaires au Ghana a été totalement utilisé, c'est au ministre Guiriéoulou que j'ai fait remettre de l'argent pour d'autres photocopies car n'étant plus moi-même physiquement au Bénin. J'ai même envisagé la possibilité d'acquérir un photocopieur pour le remettre au ministre. Avant de revenir à Paris, je suis passé par Accra pour récupérer les formulaires déjà remplis avec le ministre Guiriéoulou. Mes valises de Cotonou à Paris n& (...)

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