Politique

Municipales et régionales 2018 : Depuis la Haye, Charles Blé Goudé prend position, ce qu'il réclame au pouvoir
''Le découpage électoral en Côte d'Ivoire sous sa forme actuelle est une fraude légalisée qui fausse le jeu politique''
"Il nous faut une commission électorale véritablement indépendante et libérée de l’otage des intérêts privés des partis politiques"

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Charles Blé Goudé, ministre des Sports du dernier gouvernement de Laurent Gbagbo, actuellement détenu à la Haye, pose des prélables depuis sa cellule, à la tenue des prochaines élections locales en Côte d'Ivoire. Ci-dessous, ce qu'il réclame au pouvoir Ouattarapour un climat socio-politique apaisé.

DECOUPAGE ET COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE EN COTE D’IVOIRE : LA FRAUDE LEGALISEE DONT L’ENJEU FAUSSE LE JEU POLITIQUE

Là où le peuple de Côte d’Ivoire et les observateurs de la vie politique étaient en droit d’attendre la mise en place d’un organe électoral crédible et la prise de mesures qui apaisent la situation socio-politique, le pouvoir annonce l’organisation prochaine d’élections, en laissant aux calendes grecques les revendications pourtant légitimes de la société civile et de l’opposition dans son ensemble. En tant qu’acteur politique de mon pays, deux questions me taraudent : celles du découpage et de la commission électorale indépendante très dépendante. C’est sur ces deux sujets majeurs que porte la présente contribution.

DE L’ENJEU ET DE LA NECESSITE D’UN NOUVEAU DECOUPAGE ELECTORAL

En Côte d’Ivoire, existe-t-il, un critère connu et reconnu qui guide l’octroi du nombre de députés à nos différentes circonscriptions électorales ? Ne sommes-nous pas en droit de le savoir et même de l’exiger à nos gouvernants ? Au-delà des enclos politiques et des clôtures idéologiques, au-delà des ambitions légitimes de chaque formation politique de remporter des victoires électorales, la question majeure du découpage électoral, gage d’un système électoral crédible et d’une représentation équilibrée de nos législateurs devraient faire l’objet d’une attention particulière de la part de l’ensemble de la classe politique. Si nous nourrissons la noble ambition de compter notre pays parmi les nations émergentes de notre planète, comme le laissent entendre les autorités actuelles, il serait souhaitable que nous ayons des règles et un jeu politiques transparents ; ce serait tout à l’honneur de notre pays. On n’émerge pas dans le faux et dans la fraude car, le découpage électoral en Côte d’Ivoire sous sa forme actuelle n’est ni plus ni moins une fraude légalisée qui fausse le jeu politique et rend la compétition pipée d’avance. Gagner, c’est bon, mais gagner dans la transparence confère le respect de l’adversaire vaincu et donne de la noblesse à la victoire du vainqueur. Dans les nations aux démocraties reconnues et enracinées, pour déterminer le nombre de députés de chaque circonscription, l’on s’accorde sur le critère objectif de la population (nombre d’habitants par circonscription). Un tel critère intemporel et impersonnel, met toutes les forces politiques en compétition sur un pied d’égalité et donne une crédibilité au scrutin et consolide la représentation et la représentativité du législateur. Le nombre de députés ne devrait pas être octroyé en fonction des intérêts et des bastions de chaque parti politique, une fois au pouvoir, comme c’est en ce moment le cas en Côte d’Ivoire. En effet, chez nous, le découpage électoral actuel ne repose sur aucun critère connu et reconnu. Dans le seul but de s’assurer une majorité des sièges à l’hémicycle au désavantage de ses adversaires politiques, le parti au pouvoir décide du découpage électoral de manière unilatérale. Sinon, comment expliquer que la région du Guémon, avec ses 919 392 habitants a le même nombre de députés (sept députés) que la région du Kabadougou peuplée de 193 394 habitants. Je ne trouve non plus aucune explication objective aux trois députés octroyés au département de Kong, pour seulement 87 929 habitants, là où le département de Ouangolodougou peuplé de 236 766 habitants est moins loti avec deux députés. Le déséquilibre est flagrant. Au-delà de ces cas suscités, les exemples de ce type aux odeurs de calculs politiciens qui n’honorent pas notre pays et ses institutions sont légion.

LIBERER LA CEI DE L’OTAGE DES PARTI POLITIQUES

La majorité des conflits qui secouent les pays africains trouvent leur origine dans la contestation d’élections mal organisées. L’exception confirmant la règle, quelques pays font cependant honneur à notre continent. Le Sénégal, le Ghana, le Bénin, le Nigéria, pour ne citer que ces pays-là ; on peut y ajouter aujourd’hui le Libéria, la liste n’est pas exhaustive. Dans ces pays, les organes électoraux ne sont pas à la solde des partis au pouvoir. Ils jouent assez bien leur rôle régalien et annoncent au peuple le choix qu’il a opéré dans les urnes.

Malheureusement, la Côte d’Ivoire notre pays, refuse d’être cité parmi les bons élèves abonnés à la transparence démocratique. Bien au contraire, au lieu de s’employer à doter le pays d’institutions impersonnelles et intemporelles, la quasi-totalité des partis politiques ivoiriens luttent et se disputent le contrôle de l’organe électoral. Ainsi, à l’issu d’accords arrachés à coups de canons, l’organisation des élections a été confiée aux représentants des partis politiques en 2010. Or, confier l’organisation des élections à des représentants de groupements politiques, eux-mêmes adversaires en compétition revient à transporter les conflits entre partis politiques au sein de l’organe chargé d’organiser les élections ; une curieuse et inefficace trouvaille que j’ai toujours dénoncée.

En Octobre 2010, préoccupés par les intérêts de leurs différents mandants, les membres de la CEI ont été incapables de se montrer responsables vis-à-vis du peuple de Côte d’Ivoire et de l’Etat. Ils ont trahi le serment qu’ils ont pourtant prêté à leur prise de fonction, c’est-à-dire demeurer neutres et impartiaux en toute circonstance, ne privilégier que l’intérêt national. C’est tout naturellement que bloquée et enrouillée par ses conflits internes, la CEI n’a pu s’acquitter de son devoir : publier et annoncer aux ivoiriens les résultats des élections. La suite désastreuse est connue de tous. Notre pays a connu une crise poste électorale sans précédent dont il peine à se remettre. En lieu et place des bulletins, les ivoiriens ont plutôt compter les morts. Malgré toutes les campagnes de communication pour travestir la réalité ivoirienne, la vérité est que la Côte d’Ivoire est toujours à la recherche de son équilibre social ; notre pays peine à se remettre des conséquences de la crise postélectorale parce que la commission électorale dite indépendante n’a pas pu remplir son mandat.

Pour préserver la Côte (...)

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