Présidentielle 2015 / L'An 1 de l'Appel de Daoukro : Retour sur les grosses manoeuvres de Bédié et Ouattara - Voici les personnalités sacrifiées


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: sam. 19 sept. 2015
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Il est un peu plus de 10h à Daoukro, ce mercredi 17 septembre 2014. Le leader du Pdci, Henri Konan Bédié, présent au meeting de clôture du président Alassane Ouattara, en visite d'État dans la région de l'Iffou, prend la parole.

Pendant son intervention, il lâche : « Je donne des orientations fermes pour soutenir ta candidature à l'élection présidentielle prochaine. Je demande à toutes les structures du Parti démocratique de Côte d'Ivoire et des partis composants (…) de se mettre en mouvement pour faire aboutir ce projet. Tu seras ainsi le candidat unique de ces partis politiques pour l'élection présidentielle, sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se présenter en leur nom propre ». Ces propos, qui ont surpris de nombreux militants du Pdci ainsi que des Ivoiriens, provoquent une explosion de joie. Ému, le chef de l'État, Alassane Ouattara, tombe littéralement dans les bras de son aîné. Un pacte venait ainsi d'être scellé entre ces deux hommes qui co-gèrent le pouvoir, depuis la chute de l'ancien président, Laurent Gbagbo. Que reste-t-il de cet accord, un an après sa ''signature'' ? Qui en sont les bénéficiaires et quelles sont les personnes qu'il dérange ? En effet, un an après cet accord, la moisson est loin d'être maigre. Bien au contraire, cet appel est devenu le levain de la consolidation de la coalition des houphouétistes. Il est aujourd'hui considéré comme la boussole du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), qui ne jure que par lui. Mais cet appel, à y regarder de près, n'est pas tombé du ciel. Son initiateur l'a soigneusement nourri, en témoignent les actes qui l'ont précédé. 

 

Les grandes manœuvres de Bédié et Ouattara

Henri Konan Bédié a d'abord manœuvré pour rester à la tête du Pdci-Rda, son parti, à l'issue du 12è congrès ordinaire de cette formation politique, qui s'est tenu du 3 au 6 octobre 2013 au Palais des sports de Treichville, en dépit d'une disposition des textes qui l'excluaient de facto. Pour contenter ses adversaires, qui pressentaient un coup fourré, l'homme a pris soin d'accepter l'introduction, dans les nouveaux textes issus du congrès, d'une disposition qui encourage la candidature d'un membre actif du Pdci aux élections présidentielles d'octobre 2015. Dans ses manœuvres contre ses adversaires, baptisés '' les irréductibles '', il a procédé à la formation d'une nouvelle équipe dirigeante de son parti avec des cadres acquis à sa cause. L'ex-secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady, candidat contre lui au congrès, a été mis à la touche, de même que Kouadio Konan Bertin. Dès lors, le président du vieux parti avait les coudées franches pour agir à sa guise. Près d'un an après, il lance, à la surprise générale, un appel au soutien à la candidature de son ''jeune frère'', Alassane Ouattara, à Daoukro, sa terre natale. Les choses s'accélèrent au Pdci. En dépit des protestations, Bédié reste ferme sur sa décision. Ses lieutenants se lancent en campagne pour rassurer ses militants. Charles Konan Banny, qui assumait encore le rôle de président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) et dont l'intention de briguer la magistrature suprême était de plus en plus perceptible, ne peut réagir. Lié par sa fonction, lui aussi manœuvre. C'est la guerre froide au Pdci. Dans son combat contre les frondeurs de son parti, Bédié bénéficie du soutien du président Alassane Ouattara. Il convoque un congrès extraordinaire le 28 février 2015, pour entériner cet appel. Bien sûr, après avoir balisé le terrain. Pour faire passer la pilule, un texte relatif à une alternance entre le Rdr du président Ouattara et le Pdci est adopté. L'appel est adoubé et fait son petit bonhomme de chemin. Même les bouillants Williams Koffi et Adjourouffou, de la Coalition pour la sauvegarde du Pdci, n'y pourront rien. Encore moins le livre au titre incisif '' Non à l'appel de Daoukro '', et au ton acerbe du journaliste écrivain Tiburce Koffi. Le Rhdp investit son candidat le 25 avril 2015. Dans la foulée, il se consolide et devient une entité juridique le 3 août 2015. Les grands bénéficiaires de cet accord sont très heureux. Il s'agit du chef de l'État et de son aîné Henri Konan Bédié. Le premier, parce qu'il voit ainsi ses chances de gagner ce scrutin s'agrandir. Et le second, parce qu'il aura la latitude de préparer sa succession à la tête du vieux parti. Ensuite viennent des cadres de ces partis qui, pour la plupart, sont dans de grandes instances de prise de décision. Pour autant, l'appel de Daoukro ne fait pas que des heureux. Bien au contraire, la liste des personnalités et des partis politiques qu'il sacrifie est loin d'être exhaustive. En ce qui concerne les formations politiques, le premier à payer le prix fort est le Pdci, en tout cas pour les cinq années à venir. 

 

Les cadres qui devront jouer les seconds rôles

Le parti sexagénaire devra encore patienter pour revenir au pouvoir, 16 ans après en avoir été évincé. Le Rdr est également une victime de cet appel. Si l'on s'en tient à la clause se rapportant à l'alternance en 2020 au profit du Pdci, le parti du président Ouattara devra céder le pouvoir à son allié. Ses cadres devront jouer les seconds rôles dans les années à venir, aux côtés d'un Pdci qui aura retrouvé toute sa force. Les plus mal lotis dans ce deal sont l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (Updci), un autre parti houphouétiste, et le Mouvement des forces d'avenir (Mfa), le plus petit parti (...)

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