Enfants enlevés et tués : le calvaire des parents face au silence troublant des autorités - Les bourreaux menacent les victimes


Plusieurs enfants et été enlevés et tués en Côte d'Ivoire, dans l'indifférence totale des autorités.
  • Source: L'Inter
  • Date: mar. 30 déc. 2014
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Un phénomène inquiétant se déroule en Côte d'Ivoire, notamment dans la commune de Yopougon, en cette fin d'année. Il s'agit d'enfants enlevés et tués. Quatre ont connu cette triste fin dans ce mois de décembre 2014. Nous sommes allés à la rencontre de quelques familles éplorées. Reportage.

C'était le jour de son anniversaire. Koffi Jean Aurélien David aurait eu 10 ans le mardi 16 décembre 2014. Mais, l'heure n'est pas à la fête dans la famille Koffi. Une lourde atmosphère de deuil règne. Elle est liée à la mort atroce de l'enfant. Et c'est son père Koffi Jean Claude, la voix nouée par la douleur et les yeux remplis de larmes, qui nous raconte ce lundi 1er décembre 2014, jour du drame, à jamais gravé dans leur mémoire.

Ce jour-là, en effet, des individus ont décidé de mettre un terme à la vie de sa progéniture. Parti pour l'école, Koffi Jean Aurélien David, élève en classe de Cm1 dans un établissement à Yopougon-Ananeraie, ne verra plus ses parents. « Ce lundi, je suis rentré de mes courses à 13h pour partager le repas avec ma famille et me reposer un peu. À 16h, on envoie la servante chercher les enfants. Car ce jour, le ciel était menaçant et une forte pluie s'était abattue sur Abidjan. Couché dans mon lit, j'ai eu un soudain pressentiment et j'ai voulu aller chercher mes enfants. Ils sont jumeaux, ils fréquentent la même école, et sont dans la même classe », explique Koffi Jean Claude.

 

La joie qui se lit sur le visage du couple Koffi a laissé place... 

Mais, il était loin de s'imaginer que ce sentiment qui venait de le traverser était le signe annonciateur d'un drame. « Malgré les eaux de ruissellement, je parviens à garer la voiture derrière quatre autres véhicules dont les propriétaires étaient venus chercher leurs enfants. J'appelle mon épouse et lui demande de dire à la servante que je suis garé dehors. On me fait savoir que les enfants sont en train de balayer leur classe. Cinq minutes après, la servante apparaît, mais avec un seul des jumeaux. Mais où est David? ».

La réponse à laquelle ne s'attendait certainement pas M. Koffi, sera le début d'une triste histoire. « Je suis sorti avec tous les deux enfants. Mais quand j'ai dit à David ''attends moi dehors'', il m'a arraché sa main et a commencé à courir vers la sortie. Je ne l'ai plus vu », répond la servante. C'est le branle-bas. Comment retrouver le gamin dans cette foule, et sous une pluie battante ? « On a cherché dans toutes les voitures, les classes, le quartier, jusqu'à 19h, sans trouver l'enfant. C'est ainsi que nous nous sommes rendus au commissariat du 17e arrondissement pour signaler sa disparition », explique-t-il.

 

Les bourreaux menacent les victimes

Après une nuit blanche, ils reprennent les recherches et saisissent toutes les structures de police, les réseaux sociaux afin de retrouver leur enfant. Rien n'y fit, jusqu'au samedi 6 décembre 2014.

« Ce samedi, son école m'appelle pour m'informer qu'un enfant portant un kaki a été retrouvé par des pêcheurs à Lokoua, au bord de la lagune. Imaginez le choc. Je me rends sur les lieux. Et là, je vois mon fils. Sur les photos prises par les pêcheurs, on voit l'enfant couché sur la berge, la tête plongée dans l'eau. Le 17è arrondissement a été alerté, la police scientifique ainsi que les pompes funèbres pour procéder au constat d'usage et à l'enlèvement du corps. Après le constat, on s'est aperçu qu'aucune partie de son corps n'a été emportée. Mais qu'il a été torturé parce qu'il y avait des contusions sur son corps et des marques au niveau de l'abdomen qui montrent qu'ils ont extrait son sang », se rappelle-t-il, le visage plié par la douleur.

«  Ça me révolte. Dans quel pays sommes-nous? Je ne peux pas comprendre que les autorités ne fassent rien pour arrêter ces fléaux », s'indigne le père d'Aurélien David. L'enfant repose à jamais au cimetière municipal de Yopougon, depuis le vendredi 12 décembre 2014. Malgré cette dure épreuve qu'ils font subir à la famille Koffi, les bourreaux ne démordent pas. Ils appellent et menacent les géniteurs.

« Vous pensez que c'est fini. Ils sont jumeaux, nous allons enlever l'autre aussi », disent-ils à travers des appels téléphoniques avec des numéros masqués, selon Koffi Jean-Claude. « On n'est plus en sécurité. Il y a un des jumeaux qui est là. Je me demande s'ils ne vont pas l'enlever lui aussi. L'enfant est traumatisé. Il ne va même plus à l'école. Lui et son frère sont voisins de classe. Comment peut-il supporter l'absence de l'autre? Si j'avais les moyens, je partirai loin d'ici, car je suis fortement persécuté et profondément troublé. Pour mon épouse, c'est encore plus difficile. Elle est totalement effondrée, en état de choc. Jamais, on avait imaginé une telle situation », avoue-t-il.

 

... à des larmes de douleur. Le père a du mal à se retenir. Il pleure son fils Aurélien.

Dans leur souffrance, Koffi et sa famille n'ont de soutien que des proches dont son ami D.A., et des communautés chrétienne et musulmane. « Aucune autorité, qu'elle soit municipale, gouvernementale, aucune Ong n'a manifesté de la compassion pour nous », regrette M. Koffi. Lui qui voulait fêter avec ses enfants en cette fin d'année. « J'avais promis que si je le retrouvais, on fêterait la Noël avant Noël. D'espoir en espoir, hélas! ». Hélas en effet ! Car l'enlèvement d'enfants est devenu un fléau, surtout à Yopougon.

Dans la même période, un autre enfant subit le même sort, mais de façon plus atroce. Mareau Bénitier, 5 ans, élève en classe de Cp2, a été enlevé, tué puis mutilé. Ses organes génitaux, le bras droit et la jambe droite, ainsi que la tête sont sectionnés et emportés. Le reste du corps est jeté en pâture aux oiseaux et autres poissons dans la lagune, non loin de la base navale de Locodjro. Il est retrouvé onze jours après son rapt. Son père, Mareau Alain Max, la voix encore engourdie par la souffrance due à la perte de son fils, raconte l'horreur ce lundi 15 décembre, quand nous le rencontrons à son domicile à Yopougon.

Il explique que le samedi 29 novembre 2014, jour de son enlèvement, Bénitier joue avec ses amis dans le quartier. Vers 18h, un jeune du quartier identifié selon un témoin comme Godo Freddy, l'empoigne et le force à le suivre. Le petit garçon se sait mal accompagné. Il pleure. Ses larmoiements attirent une jeune fille du quartier. Elle veut en savoir davantage. Mais, le ravisseur évite tout con (...)

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