Pour investir à long terme sur une société, qu'elle soit cotée ou non en Bourse, les épargnants doivent s'intéresser aux activités développées, les perspectives et les moyens mis en oeuvre pour générer du chiffre d'affaires et des bénéfices au final. Pour cela, il faut savoir lire les comptes d'une entreprise.
Une fois par an, l’entreprise édite le rapport annuel qui permet de comprendre ce qui s’est passé durant douze mois et obtenir un éclairage sur les chiffres publiés. Qui dit analyse des comptes dit succession de chiffres répartis dans une suite de tableaux. Ce qui peut être rébarbatif si vous n’avez pas une passion inconditionnelle pour les chiffres. Le volume de données peut même amener à oublier l’essentiel : relativiser les chiffres et les rapporter à l’activité de l’entreprise. En fonction de cette activité, l’entreprise réalise des opérations qui ont une traduction comptable particulière. Bref, il ne suffit pas de lire les chiffres, de les comparer, il faut aussi les interpréter et le plus justement possible. d’où cette recommandation d’un expert : “Pour renforcer la pertinence de l’analyse, il est conseillé de situer l’entreprise par rapport à son secteur d’activité. Cela permet de savoir si l’entreprise fait mieux ou moins bien que les autres entreprises de son secteur “. Si vous comparez les comptes de deux entreprises, il faut veiller à ce qu’elles aient la même activité ou presque et nuancer les différences dans les chiffres par les activités qui les distinguent. Une entreprise de services aura peu de stocks contrairement à un commerce de proximité.
Bien choisir la période de l’analyse
dans tous les cas, il faut aussi définir la bonne période d’analyse. Si les entreprises cotées en Bourse sont contraintes à une communication trimestrielle de leurs résultats, ce n’est pas le cas pour les autres entreprises qui ont seulement l’obligation d’arrêter leurs comptes à une date fixe chaque année : 31 décembre, 31 mars, 30 juin, 30 septembre par exemple. Si vous investissez pour le long terme, il vaut mieux analyser les comptes d’une année sur l’autre avec l’aide du rapport annuel et avec un regard sur plusieurs années, cinq par exemple. ainsi vous avez assez de profondeur pour dessiner une tendance de fond et apprécier un impact conjoncturel ou un aléa de court terme. Les règles comptables ne sont pas strictes. C’està- dire qu’elles offrent pour chaque situation des alternatives. Celles-ci interfèrent dans l’établissement d’un chiffre. Pour savoir comment sont traités les chiffres, l’entreprise explique en annexe de ces comptes la méthode comptable retenue. du coup, plutôt que de prendre tous les chiffres à la lettre, il est sans doute préférable de n’en prendre que quelquesuns qui sont significatifs. Ceci vous évite de vous perdre dans les détails, même si cela peut permettre de détecter l’état d’esprit de la direction de l’entreprise
Savoir analyser les charges payées par l’entrepris
Le loyer pour les locaux, l’électricité, les ordinateurs, les cartouches d’encre... Ces dépenses sont incontournables pour toute entreprise, peu importe sa taille et son activité. Pour autant, les montants vont varier selon la nature de l’activité et son chiffre d’affaires. C’est ce qu’on appelle les charges d’exploitation. Elles englobent l’ensemble des dépenses de l’entreprise pour ses activités tels que les achats de marchandises, de matières premières ou d’approvisionnement. La rémunération des salariés fait partie des charges d’exploitation d’une entreprise au même titre que les achats de marchandises. Elles comptabilisent aussi les autres achats qui ne sont pas vitaux en soi pour l’activité de l’entreprise mais indispensables pour la partie dite administrative ou accessoirement pour la partie communication. Les charges d’exploitation intègrent aussi la rémunération de tous les salariés, y compris celle des dirigeants, les charges sociales, les impôts (sauf l’impôt sur les bénéfices), les taxes et autres versements assimilés.
Analyser l’évolution des charges d’exploitation
Si vous constatez une hausse significative des charges d’exploitation, ce n’est pas forcément un mauvais signe. tout dépend quelle partie de ces charges augmente et pour quelle raison. Une entreprise qui se développe voit mécaniquement ses charges augmenter au niveau des achats de marchandises ou de la rémunération des salariés par exemple. Cela indique juste que l’entreprise produit plus qu’auparavant. En revanche, si la hausse des charges s’explique par les achats non liés directement à la progression de l’activité, là il faut s’interroger sur ce qui se passe. Cela peut indiquer que l’entreprise n’est pas forcément rigoureuse dans les achats dits généraux. Mais cela peut aussi correspondre à l’achat de nouveaux équipements : nouvelle imprimante, nouveaux bureaux, déménagement... Le niveau des charges d’exploitation doit aussi être analysé au regard des produits d’exploitation.
Savoir détecter les sources de revenus de l’entreprise
toute activité doit générer des revenus pour l’entreprise. On parle de produits d’exploitation. Selon l’activité de l’entreprise, ceux-ci intègrent les ventes de marchandises, la production vendue de biens et de services mais aussi la production immobilisée, les subventions reçues ou encore le montant net du chiffre d’affaires. derrière ces chiffres, vous pouvez suivre l’élan de l’activité de l’entreprise et la pertinence de sa politique commerciale.
Analyser l’évolution des ventes
Si les ventes progressent plus rapidement sur le rythme de production, c’est à la fois bon signe mais aussi un risque : celui de ne pas pouvoir suivre la demande. Plusieurs alternatives peuvent être choisies par la direction de l’entreprise : engager de nouvelles initiatives pour augmenter la cadence de production ou revoir la politique des prix, l’engouement pouvant s’expliquer par des prix trop bas. Cela peut aussi s’expliquer par une excellente satisfaction des clients et par le fait que le bouche à oreille fonctionne à merveille. Inversement, si les ventes stagnent ou baissent mais que l’entreprise reste sur un même rythme de production au regard des achats de matières premières par exemple, cela peut s’expliquer par exemple par une politique de prix trop élevés ou par un produit qui commence à être démodé. Là encore, il faut regarder les chiffres mais aussi les décisions prises. Si l’entreprise est en phase de lancement d’un nouveau produit, il est tout à fait normal qu’elle produise nettement plus que ce qu’elle vend. autrement dit que ces achats soient supérieurs au montant des ventes. Ce qui est intéressant c’est l’évolution des ventes avant de voir si la production est trop élevée ou insuffisante.
Déterminer si l’activité est rentable
C’est la différence entre les produits d’exploitation et les charges d’exploitation qui montre si l’activité de l’entreprise est rentable. Si elle est positive, c’est rentable. Si elle est négative, l’entreprise perd de l’argent. Elle achète plus qu’elle ne vend. Ici, il faut une fois de plus regarder le contexte de l’entreprise. La situation peut être alarmante ou pas selon que l’entreprise se lance ou est en place depuis de nombreuses années. Comprendre les engagements financiers non liés à l’activité de l’entreprise
La réussite de l’entreprise repose essentiellement sur les revenus liés à son activité.
Mais ces efforts peuvent être vains ou amplifiés par d’autres engagements de l’entreprise. Ce sont les engagements financiers. Ceux-ci englobent les intérêts d’emprunts souscrits pour financer une partie de l’activité, mais également les écarts de change quand l’entreprise a une activité à l’export, les produits de ces participations dans d’autres entreprises... Si une partie des mouvements financiers peut être en lien avec l’activité, les dettes par exemple, une autre peut relever simplement du placement de la trésorerie de l’entreprise pendant la durée où l’entreprise n’en a pas besoin. Si le résultat financier, qui est la différence entre les produits et les charges financiers, est positif, cela veut dire que les mouvements de capitaux qu’elle génère lui ont été favorables. En revanche, si le résultat financier est négatif, l’entreprise est perdante. Pour éviter une interprétation erronée, il faut regarder les différents postes des charges et produits financiers et remettre les chiffres dans le contexte de l’activité de l’entreprise ainsi que les décisions prises. Si l’entreprise vient de contracter un emprunt important, il est normal que le résultat financier soit négatif, si aucun autre élément ne change d’une année sur l’autre. a l’inverse, si l’entreprise a cédé une participation pour un montant supérieur à celui de l’acquisition des parts sociales, il est logique que le résultat puisse être positif, si aucun autre élément ne change par rapport à l’année passée. Il sera négatif si les parts sociales se sont dépréciées. Se posera alors la question : pourquoi cette dépréciation ? Bref, il s’agit de comprendre pourquoi cette prise de participation n’a pas été fructueuse.
Tenir compte d’évènements exceptionnel qui touchent l’entreprise
Un autre aspect peut venir modifier la rentabilité ou la perte d’exploitation : le résultat exceptionnel. Là, il s’agit de tenir compte d’opérations inhabituelles et non répétitives en lien avec l’activité de l’entreprise ou générées par les mouvements de capitaux. On y intègre aussi tout ce qui n’entre pas en compte dans le compte d’exploitation, qui regroupe toutes les opérations liés à l’activité, ou dans le compte financier. Les experts estiment qu’une créance irrécouvrable, une provision pour un litige ou une dépréciation d’actif, par exemple, peuvent être comptabilisés dans le compte exceptionnel. Une créance irrécouvrable, une provision pour litige, une dépréciation d’actif... le résultat exceptionnel permet de tenir compte d’un évènement exceptionnel. Il n’est pas rare qu’un résultat exceptionnel change radicalement le niveau de rentabilité final. C’est-à-dire les bénéfices qu’obtient effectivement l’entreprise lorsqu’elle a pris en compte tous les opérations comptables qu’elle a générées. Ce qu’on appelle le résultat net. C’est une erreur de s’arrêter sur la seule variation de celui-ci. En effet, il peut ne pas être du tout représentatif de la situation de l’entreprise et de sa capacité à développer une activité rentable. Eurotunnel en France est un bel exemple. L’entreprise a failli disparaître non pas parce que son activité n’était pas rentable mais parce qu’elle ne produisait pas assez de revenus pour couvrir ses intérêts d’emprunts. C’est grâce à un résultat d’exploitation considéré comme solide, même si des paramètres pouvaient être améliorés, qu’Eurotunnel a pu mettre la pression sur ses créanciers et renégocier des conditions d’emprunt plus réalistes.
Confronter son interprétation sur les chiffres comptables
En résumé, il ne faut ni entrer dans le détail ni rester dans des données comptables trop généralistes. Il faut trouver un juste milieu. Celui-ci correspond en fait au point à partir duquel vous pouvez comprendre ce qui se passe et où va l’entreprise, sans paniquer à la moindre nouvelle défavorable ni sauter au plafond à la moindre bonne nouvelle. Selon le degré d’informations décryptées, il faut savoir rester de marbre, ne pas se laisser envahir par l’aspect psychologique. autrement dit, tout ce qui fait monter et baisser à chaque séance le cours des actions.
Par SIMPLICE d. OUATTARA
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