Côte d'Ivoire : Retour sur la bataille d'Abidjan et le jour où Laurent Gbagbo a été capturé. C'était il y a trois ans, le 11 avril 2011. Quel rôle précis ont joué les militaires français ? Jusqu'où sont-ils allés? Jean-Christophe Notin a recueilli les témoignages de nombreux militaires français de l'opération Licorne. Aujourd'hui, il publie aux éditions du Rocher l'ouvrage Le crocodile et le scorpion. Il était l'invité Afrique de RFI hier, lundi 20 janvier 2014.
RFI: Jean Christophe Notin, bonjourÂ
Jean-Christophe Notin: Bonjour
Dans la bataille d'Abidjan, tout le monde se souvient des combats de la dernière semaine. Le 4 avril, les frappes des hélicoptères de la Licorne et de l'Onuci commencent mais le camp Gbagbo résiste farouchement. Vous dites que les pilotes d'hélicoptères sont alors pris du syndrome du FauconÂ
Oui avec un sniper s'installant sur un toit et tirant au lance-roquettes sur l'hélicoptère. C'est exactement ce qui s'est passé à Mogadiscio en 93. Ça a été une scène éminemment terrible pour l'opération.
Dans la nuit du 8 au 9 avril, une fois exfiltré, un diplomate britannique, de sa résidence de Cocody, tout près de celle de Laurent Gbagbo, quatre hélicoptères français sont engagés et vous dites à ce moment-là que les militaires français sont passés tout près de la catastrophe?
L'opération qui était encore inconnue jusqu'à ce jour et que je révèle grâce à mes sources au sein des forces spéciales, c’est une opération impliquant une cinquantaine de forces spéciales, plusieurs hélicoptères et qui a donc failli très mal tourner: les forces spéciales se sont retrouvées quasiment bloquées contre un mur comme sur un peloton d’exécution, l’affrontement a duré plusieurs heures, les Français ont failli enregistrer plusieurs pertes au sol mais également en l’air. Les hélicoptères ont été impactés.
Ce qu'on apprend dans votre livre c'est que lors d'un re-décollage d'urgence, un hélicoptère tape un lampadaire et il est sur le point de se crasher
Oui. Pour récupérer les hommes au sol, les pilotes ont pris des risques considérables. Ils ont tâté ces lampadaires. (...) Cela aurait pu vraiment tourner au drame absolu.
Les Français et les FRCI pro-Ouattara sont à ce moment-là surpris par la capacité de résistance du dernier carré de Laurent Gbagbo. Est-ce qu'il n’y avait que des soldats ivoiriens dans ce dernier carré?
Le dernier carré est constitué des meilleures troupes de Gbagbo: le Cecos, la Garde républicaine. Il y avait également beaucoup de mercenaires libériens et quelques angolais qui étaient très très motivés et par l'argent et par différentes drogues.
On arrive à la journée décisive du 11 avril. Comme les FRCI du camp Ouattara n'arrivent pas à approcher la résidence Gbagbo, c'est une colonne de blindés français qui fait la percée. Il est 11 heures 45 et cette phrase inoubliable, c'est dans votre livre, d'un officier français de la base opérationnelle de Port-Bouët au capitaine qui commande le premier blindé de la colonne:«Balance-moi, le putain d'obus dans le portail de cette baraque»
C'est là qu’on voit une certaine exaspération à Paris qui veut absolument conclure ce jour-là . Donc, les blindés français ont montré la voie de Gbagbo, les FRCI ne suivent pas. Le cantonnement français estime qu'il faut un plus pour pratiquer des ouvertures dans le mur pour être sûr que les FRCI rentrent. D'où ce fameux lieutenant-colonel qui donne l'ordre de br& (...)
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