Politique

Militants à louer: Comment les politiciens exploitent les jeunes pour leurs meetings et campagnes

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Les révélations des entremetteurs - La colère des jeunes.
Faire salle comble au cours d'un meeting ou d'une manifestation est synonyme de popularité pour les politiciens. Pour relever ce challenge, ils sont prêts à tout, même à louer des militants. Enquête au cœur d'un système où les jeunes, considérés par tous comme étant l'avenir, sont victimes d'instrumentalisation.

Bourse du travail d'Abidjan. Ce samedi 30 mai 2015, il y a de l’animation dans ce lieu des grands rendez-vous des travailleurs ivoiriens. Dans la cour, plus d’une dizaine de minicars stationnés donnent une idée de la mobilisation. On assiste à des allées et venues d’hommes et de femmes, des jeunes pour la plupart, vêtus aux couleurs d’une formation politique de la place. Ce samedi, ladite formation politique tient son premier congrès extraordinaire en prélude à l'élection présidentielle d’octobre 2015. L’événement a lieu dans l’auditorium de la Bourse du travail. La salle est pleine à craquer. Toutes les générations d’hommes et de femmes sont représentées à cette rencontre que le président du parti qualifie de déterminante. Il se réjouit de la mobilisation massive de ses « chers militants ». Dans ce grand ensemble, de petits groupes se font remarquer. En majorité des jeunes, qui ne cessent de crier, de chanter et de se distinguer à l’applaudimètre. Parfois, ils acclament même ce qui ne mérite pas de l’être, créant ainsi un vacarme juste comme une partition recommandée qui met parfois mal à l’aise les orateurs. L’attitude de ces « chers militants » bruyants n'échappe à personne. Sont-ils réellement des militants? Sinon, qui sont-ils ? A la fin du congrès, nous allons à la rencontre de ces jeunes. Doué Maxime, Gooré Bi Habib Charly, Tatiana, Éloïse, Alassane Koné et leurs camarades nous font savoir qu’ils ont été invités à participer au congrès, précisément pour créer l’ambiance. A la vérité, ce sont des '' militants loués ''. Pas de vrais. Irahou Narcisse est l’un des chefs de ces groupes existant dans la commune de Yopougon. Nous l’avons rencontré dans son quartier, le 16 juin 2015, lors de la commémoration de la journée de l’enfant africain. En fait, il est le président du Collectif des jeunes patriotes de Côte d’Ivoire, section du quartier Niangon sud à gauche. Il raconte avoir été contacté par des responsables d'une formation politique pour soutenir le combat pour la démocratie. Proposition qu’il a fini par accepter, eu égard aux objectifs de paix, de démocratie et de la délivrance de la jeunesse du chômage, dont ils font leur credo. « Ils m’ont demandé de mobiliser nombreux mes amis à ce congrès. J’ai posé mes conditions: une lettre d’invitation officielle et un droit à la parole. Mais, le délai étant court pour la satisfaction de la première exigence, ils ont promis de nous accorder un temps de parole. C’est sur cette base que j’ai accepté de faire la mobilisation », explique-t-il. Pour leur participation au congrès, chaque jeune devrait recevoir la somme de 3000 Fcfa et les chefs traditionnels, la somme de 10.000 Fcfa chacun, hormis le transport qui est aux frais du parti. Pour le congrès, Irahou Narcisse fera le plein de cinq (5) minicars de 25 places, soit 125 personnes qu’il déplacera à la Bourse du travail de Treichville. Tout comme lui, Gooré Bi Habib Charly a été contacté pour la même cause : mobiliser un maximum de personnes à cet événement. Dans un espace gastronomique, non loin de la place Ficgayo, à Yopougon, où nous l'avons rencontré, il explique le mécanisme. « J’ai été contacté par le biais de ma cousine, qui est d’une agence d’hôtesses, afin de mobiliser des amis, moyennant la somme de 2000 Fcfa par participant. Elle m’a dit que c’est un nouveau parti qui veut partager sa vision politique aux Ivoiriens. Ce qui m’a intéressé, parce que tous les grands partis ont commencé comme cela ». Il réussira à déplacer une cinquantaine de personnes à cette manifestation. Une belle occasion pour lui de se faire un peu de sou. L'argent donné pour la mobilisation ne parvenant aux destinataires qu'après une ponction bien faite par l'intermédiaire. "Généralement, c'est entre 1000 F Cfa et 1500 F Cfa qu'on nous donne. On nous dit que c'est pour manger et boire", confie un participant, qui laisse entrevoir que sur chaque personne mobilisée, l'intermédiaire se fait un gain oscillant entre 50% et 100% du montant qu'il donne à chacun.

 

Plusieurs partis revendiquent les mêmes « militants »

Dans presque toutes les communes d'Abidjan, il y a (...)

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