Crise ivoirienne, justice, nationalité... : Les graves révélations d'un proche de Soro sur la mort de Gueï - ''Koulibaly a trahi...'' - ''Le FPI doit se repentir''


Pour Franklin Nyamsi, le FPI doit avoir le profil bas et demander pardon aux Ivoiriens
  • Source: L'Inter
  • Date: lun. 26 août 2013
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Professeur agrégé de philosophie à l'Université de Rouen, Franklin Nyamsi est un philosophe franco-camerounais marié à une Ivoirienne. Lié au président de l'Assemblée nationale au point d'être parmi les trois chroniqueurs de son site, il nous a accordé une interview de passage à Abidjan, à l'occasion de la visite de Guillaume Soro dans le Goh. Dans cet entretien, l'auteur de l'œuvre ''De l'anti-colonialisme dogmatique à l'anti-colonialisme critique'' tente de décrypter la politique ivoirienne à la lumière de la crise ivoirienne.

Vous êtes en Côte d'Ivoire depuis quelques jours et vous avez parcouru, aux côtés du président de l'Assemblée nationale (PAN), Guillaume Soro, la région du Goh. Quelle impression ?

Ma première impression, c'est l'émerveillement devant l'accueil chaleureux reçu par Guillaume Soro. Je parlerais même d'un accueil triomphal que les populations de Gagnoa ont réservé au PAN, contrairement à la volonté de ceux qui voulaient un échec. Je pense ici aux propos anti-républicains de l'ambassadeur Abiet, de Mme Odette Lorougnon ou du ministre Sébastien Dano Djédjé, qui malheureusement a raté là le coche, parce qu'il était aux antipodes de son ancien ministère de la Réconciliation.

Ce que nous avons vu sur le terrain, c'est un peuple du Goh, de la région de Gagnoa, à la recherche du développement, de la modernisation de ses infrastructures de santé, des adductions d'eau potable, de dispensaires, d'hôpitaux, d'écoles publiques. C'est ce peuple-là qui s'est adressé à Guillaume Soro et qui l'a accueilli massivement dès l'aérodrome tout à fait rudimentaire de Gagnoa, jusqu'à l'intérieur des terres.

Nous sommes allés à Gnagbodougnoua, à Gnaliépa, à Mama, Guibéroua, Kpogrobouo et enfin sur la grande place de Gagnoa. Guillaume Soro a délivré un message de vérité. Je pense qu'il s'est adressé au cœur des populations de Gagnoa. Et il a un avantage, c'est qu'il est leur ''otouhouri'', c'est-à-dire leur beau- frère, et il sait comment leur parler.

Au-delà de la passion que cette visite a suscitée, les cadres de la région n'étaient-ils pas fondés à faire monter la pression vu qu'un de leurs fils, Laurent Gbagbo, a été transféré à la Haye à l'issue d'une guerre dont Guillaume Soro est l'un des acteurs ?

On a tendance, en Afrique, à voir là où quelqu'un tombe, au lieu de voir d'abord où il a glissé. Il faut quand même rappeler que le président de l'Assemblée nationale est avant tout un combattant de la liberté. Il a sacrifié sa jeunesse dans ce pays pour mettre fin à l'ignominie la plus profonde, à la plaie purulente de la politique ivoirienne qui s'appelle l'ivoirité. Voilà l'origine du combat de Guillaume Soro.

Que ce soit au cœur de la FESCI, où je l'ai connu combattant déjà de l'ethnicisme, ou au cœur de la nation, il a voulu une Côte d'Ivoire conforme à son idéologie originelle de terre d'espérance, de pays de l'hospitalité. Voilà l'origine du combat de Guillaume Soro. C'est une origine morale, éthique, idéologique et politique. Il a une vision humaniste de la politique, c'est un panafricaniste actif et concret. On ne peut en vouloir à Soro que pour une raison : c'est que Soro étant pour la vérité et la justice en Côte d'Ivoire, ceux qui sont contre la vérité et la justice sont contre lui.

C'est ce que j'appelle le syllogisme de l'amertume. Guillaume Soro incarne tout le contraire de ce que l'anti-démocratie, la xénophobie, la pensée identitaire ivoirienne incarnent. Il est l'anti-modèle de la haine de l'autre qui anime le bloc identitaire. Il incarne l'esprit d'inclusion, de partage, d'hospitalité. Ceux qui se sont opposés à sa visite à Gagnoa sont ceux qui, en réalité, veulent opposer certains Ivoiriens à d'autres. Guillaume Soro, quant à lui, est dans une logique de composition, alors que certains sont dans une logique d'opposition systématique.

Selon vous, ils n'avaient pas le droit de s'opposer à cette visite ?

Laissez-moi vous dire de prime abord pourquoi ils se sont opposés. C'est parce que Soro est allé délivrer les populations de Gagnoa qui étaient devenues le bétail captif de l'idéologie chauvine du FPI. Il est allé leur dire : ''vous n'allez pas sacrifier votre vie à un individu''. Un pays ne dépend pas d'un individu, fut-il Guillaume Soro, Alassane Ouattara ou Laurent Gbagbo. Un pays, c'est d'abord un bien commun.

C'est quelque chose qui permet à des générations nouvelles de naître, de vivre et de mourir dans la dignité. On ne peut donc pas sacrifier l'avenir de Gagnoa à un individu. Mieux encore, qu'est-ce que Guillaume Soro leur a rappelé ? Il leur a dit qu'il y a d'autres fils de Gagnoa qui ont subi des affres infiniment plus graves que Laurent Gbagbo. Il faut quand même poser la question de savoir qui a tué le Dr Benoît Dacoury Tabley ?

N'est ce-pas le même Laurent Gbagbo ? N'est-ce pas le corps de Benoît Dacoury Tabley qui a été criblé de balles et que des militants du FPI à Gagnoa ont jeté hors du cercueil sur la place Laurent Gbagbo de Gagnoa en disant : « il n'a eu que ce qu'il voulait » ? Alors que ce monsieur n'a eu que le tort d'être le frère de Louis André Dacoury Tabley, qui s'était prononcé comme étant le n°2 du MPCI, dirigé par Guillaume Soro.

Ne sont-ce pas ces mêmes extrémistes du FPI qui sont allés dans le village de Zakoua où résidait Monsieur Tagro, le beau-père de Guillaume Soro, dans la région de Daloa où il était d'ailleurs chef coutumier ; ne sont-ce pas ces mêmes extrémistes qui sont allés, armés d'une voiture, écraser ce vieillard sur la route parce qu'il avait refusé de s'associer à la déclaration des chefs de la région pour soutenir Laurent Gbagbo à la présidentielle 2010 ? Soro ne peut être détesté que par ceux qui détestent la vérité. Il aura dit enfin une troisième vérité extrêmement importante. Qui a tué le Général Gueï ?

Nous vous retournons la question ?

C'est bien Laurent Gbagbo qui a donné l'ordre au Capitaine Séka d'abattre le Général Gueï, lequel l'a abattu de sang-froid d'une balle dans la tête. Bien que cet homme, qui était quand même un homme d'État, se soit mis à genoux pour lui demander pardon, il l'a abattu. Pourtant, Guillaume Soro a aidé Laurent Gbagbo à aller négocier le pardon des Yacouba pour enterrer le Général Robert Gueï à Gouessesso, dans son village. Qui sont-ils, ces extrémistes du FPI ? Ces gens-là pédalent à contre-courant de l'histoire. (…)

Dans les villages de Gnaliepa, Kpogrobo, Gnangbodougnoa, par exemple, Soro a répondu de manière concrète aux doléances des populations. Guillaume Soro a dit aux populations : « j'ai demandé pardon, les présidents Ouattara et Bédié ont demandé pardon. Mais pourquoi le FPI, qui a assassiné Benoît Dacoury, Gueï Robert, refuse de demander pardon ? »

Le FPI vous rétorquera qu'il a été attaqué en 2002 par une rébellion dirigée par Soro, et que sans cela, il n'y aurait pas eu de crise avec des morts

Le FPI souffre de ce que j'appelle volontiers une monomanie mentale. C'est-à-dire que le FPI a comme logique de fonctionnement, la répétition sempiternelle du même. Ils disent tout le temps la même chose et ils font tout le temps exactement le contraire de cette même chose. C'est un parti duplicitaire.

Voici un parti qui a pris le pouvoir en Côte d'Ivoire en 2000 à l'issue d'une élection calamiteuse, grâce à la bienveillance de la France qui était alors dirigée par le parti socialiste français, ami du FPI dans le cadre de l'Internationale Socialiste. Au lieu de reconnaître qu'il devait la prise du pouvoir à la France qui a d'ailleurs sécurisé ce pouvoir en 2002 parce que la rébellion devait l'écraser, ils se sont présentés comme les champions de la lutte contre la France.

Un monsieur comme Lida Kouassi Moïse cachait ses enfants à la résidence de France avec sa femme alors qu'il allait à la RTI accuser la France de tous les crimes. Un monsieur comme Laurent Gbagbo demandait à la France de faire jouer les accords de défense afin de protéger son pouvoir contre une rébellion ivoirienne alors qu'il se présentait comme le Lumumba, le Nkrumah, le Sankara, le Um Nyobè de la politique ivoirienne. Ce parti a construit toute sa logique politique sur la duplicité, le double langage, le mensonge. Guillaume Soro, quant à lui, incarne, à mon avis, la cohérence entre le dire et le faire.

Sur quoi vous fondez-vous pour l'affirmer ?

Il a dit : « nous n'accepterons pas d'être exclus de notre pays » ; il a mis sa vie à prix et celle de ses camarades pour résister. Il a dit : « le vainqueur de l'élection présidentielle 2010, je vais le reconnaître ». Il a mis sa vie à prix et celle de ses camarades pour reconnaître le président Alassane Ouattara, qui avait été réellement élu, mathématiquement et évidemment à la tête de la Côte d'Ivoire.

En 2007, il s'est engagé dans le dialogue politique de Côte d'Ivoire alors qu'on le traitait, dans son propre camp, de traître. En témoigne l'histoire de l'attentat du 29 juin 2007. La cohérence, elle est où ? Bel et bien dans le camp de Soro. Ce sont les suiveurs de Laurent Gbagbo qui, en réalité, sont des hiboux. Ce sont des individus qui disent ce qu'ils ne font pas et qui font ce qu'ils ne disent pas.

Guillaume Soro incarne la cohérence, selon vous. Et pourtant, le Professeur Mamadou Koulibaly voit en lui un charlatan politique, quelqu'un qui a plutôt berné le peuple par son discours aux antipodes de ses actes ; quelqu'un qui a criminalisé l'État

La véritable criminalisation de l'État se trouve en réalité du côté de Mamadou Koulibaly. Voici un monsieur qui passe son temps à produire une littérature pseudo-scientifique sur le complot de la France contre la Côte d'Ivoire. Mais il a été pendant 10 ans président de l'Assemblée nationale de la Côte d'Ivoire et il n'a voté aucune loi anti-française. Voici un monsieur qui écrit des livres pour dire que le Franc CFA est une monnaie qui est esclavagiste, qui inféode la Côte d'Ivoire.

Mais il a été président de l'Assemblée nationale pendant 10 ans, et il n'a jamais dénoncé par une loi, les accords monétaires de la zone Franc auxquels a souscrit la Côte d'Ivoire. Voici un monsieur qui a fui dès le mois de décembre 2010 au Ghana, au lieu d'aller dire en face à Gbagbo qu'il avait perdu les élections. Il a attendu que Gbagbo soit battu militairement pour venir ensuite dire que finalement, Gbagbo a perdu les élections parce que le Panel de l'Union africaine a affirmé qu'il avait réellement perdu.

Mamadou Koulibaly, c'est à la fois la duplicité intellectuelle et la lâcheté morale. C'est un individu qui n'a aucune consistance morale. Vous voyez ce que représente son parti, LIDER. C'est un parti qui ne peut que se réunir dans une cabine téléphonique. C'est un parti qui n'a aucun avenir.

Son président ne voit pas les choses comme vous

Koulibaly a trahi le FPI, ensuite la République et enfin la Science. Voilà pourquoi j'ai parlé de Koulibaly comme le dialecticien pervers parce qu'il est constamment à côté de la plaque. Il n'est jamais là où il faut être.

Quand il fallait être à Abidjan pour dire en face à Laurent Gbagbo qu'il a perdu, il était réfugié au Ghana ; quand Gbagbo a été vaincu, il est revenu au Golf reconnaître le président Ouattara ; quand celui-ci lui a donné toutes les garanties pour jouer son rôle d'opposant républicain, Koulibaly a insulté le président Ouattara ; quand on lui a répondu sur le terrain de l'argumentation et qu'il s'est rendu compte qu'il ne pouvait gagner la bataille des idées, il est allé au Cameroun insulter son pays.

Ce monsieur a esthétisé, stylisé, je dirai même qu'il a donné à la culture de la lâcheté toutes ses lettres de noblesse. Voilà pourquoi nous le considérons comme le modèle de l'inconséquence politique. L'avenir de Koulibaly est dans son retour à l'université. Peut-être que là-bas, il pourra être utile, de façon mesurée, à la jeunesse ivoirienne.

Revenons sur cette visite de Guillaume Soro dans le Goh. D'aucuns l'ont interprétée comme une campagne électorale avant l'heure, puisqu'ils n'en voyaient pas la pertinence. N'ont-ils pas raison ?

Je ne sais pas de quoi les gens parlent. Guillaume Soro n'est candidat à aucune élection. L'élection législative aura sans doute lieu en 2016 ; Guillaume Soro n'est pas en campagne électorale et il n'est pas en campagne comme candidat à une élection législative du Goh.

Pour ce qui est de la campagne électorale de 2015, le président Ouattara n'a pas encore désigné de directeur de campagne. Et il serait mal venu de commencer une campagne dont le principal candidat n'a pas désigné la structure de la direction de campagne. Le temps viendra où le président Guillaume Soro, dans la loyauté qui le caractérise envers le président Ouattara, pèsera de tout son poids pour sa réélection en 2015. Soro est allé récupérer les enfants de la République ; il est allé délivrer l'électorat captif que le FPI veut constituer.

Ce que Soro a démontré, c'est qu'il n'y a pas de bastion captif d'un parti politique quelconque en Côte d'Ivoir (...)

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