La web-émission de l'ancien président de l'Assemblée nationale, « Jeudi, c'est Koulibaly », avait ce 9 janvier 2020, un format inhabituel. L'opposant a proposé aux internautes des extraits d'une rencontre qu'il a eue, récemment, à Paris avec la diaspora ivoirienne, en particulier, et africaine, en général.
Mamadou Koulibaly a des ambitions pour la Côte d'Ivoire mais, c'est d'abord un homme de conviction. Depuis que je suis engagé en politique, j'ai fait beaucoup de choses mais très rarement je l'ai fait en faisant le calcul juste pour moi.
L'exercice que nous faisons, c'est d'amener tous les partis politiques de Côte d'Ivoire et même d'Afrique à commencer à rédiger des programmes de gouvernement, à les faire connaître, à avoir un discours sur ce qu'ils veulent faire, avec qui ils veulent faire, comment ils veulent le faire (...)
Réforme avant les élections
Pour le moment, on ne se pose pas la question. Pour le moment, on se dit : il doit y avoir des réformes. J'ai parlé au président Bédié, j'ai parlé au président Gbagbo. Nous nous parlons entre nous. L'idée, c'est que maintenant, il faut qu'on monte la pression. C'est vrai qu'on peut envisager le plan B, mais l'ambiance est de monter la pression. La pression doit monter et on doit obtenir ces conditions. Si on ne les obtient pas, ce ne sont pas les politiciens qui vont perdre mais c'est le peuple de Côte d'Ivoire. On va se farcir une élection mal foutue, s’entre-tuer. On fera énormément de déçus. Pour moi, si toute l'opposition allait dans mon sens avant fin 2019, on envahirait le Plateau et puis on y est. On ne bouge pas, s'il le faut, une semaine, 15 jours, un mois jusqu’à ce que M. Ouattara se mette sur la table de négociation pour qu'on discute de tout cet agenda. Koulibaly, tout seul, ne peut pas le faire. Aucun parti politique, à lui seul, ne pourrait le faire. C'est ensemble qu'on peut le faire. Quand je parle du franc cfa, ce n'est pas parce que je suis contre quelqu'un, c'est parce que je veux que les populations de chez moi aussi deviennent prospères.
Quand je parle des bases militaires, ce n'est parce que je suis contre vous, mais je veux une plus grande sécurité construite par les populations locales et qui se sentent concernées. Je rêve d'une mutualisation de la sécurité, la défense de l'ensemble des pays plutôt que d'avoir nos petites armées sans grands moyens alors que ces militaires-là sont dans nos pays entretenus et ne sont pas capables de faire le travail par manque de moyens. Quand je dis que l'aide publique au développement n'est pas bien, c'est parce que les gens ont l'impression que c'est une subvention au régime corrompu, qui vole. Je suis professeur d'économie, universitaire, j'ai été ministre, président de l'Assemblée, le président Chirac me présentait comme le chef des extrémistes proches de Gbagbo. Je ne sais pas ce que vous pensez mais quand je vous écoute à Paris parler, quand j'écoute le président Macron parler, quand j'écoute la génération de ceux qui sont au pouvoir ici, je me rends compte qu'elle n'a pas la même vision que celle que de Gaulle et Houphouët avaient. Elle n'a pas la vision que Giscard, Houphouët, Bédié avaient jusqu’à Hollande. J'ai l'impression que vous avez envie de modernité et vous êtes jeunes, vous avez envie de propulser votre pays à une place meilleure que vous avez trouvée. En Afrique, de nombreux jeunes partagent ce rêve pour leur pays, pour leur peuple.
Rencontre au Golf avec Ouattara
Dans les crises politiques, il y a ce qu'on voit puis il y a ce qu'on ne voit pas. Ce que vous avez vu, c'est Koulibaly qui est allé au Golf parler à Ouattara. Pourtant, j'ai rendu compte de ce que je lui ai dit. Ce jour-là, c’était un devoir pour moi en tant que président intérimaire du Fpi. Une crise venait de se dérouler, le président de la République était arrêté, le Fpi décapité, en prison ou certains tués. Et mes militants étaient poursuivis et tués un peu partout. Que ce soit chez moi à Azaguié, à Yopougon, partout. Mon premier devoir de responsable était de faire arrêter d'abord les tueries de ceux qui se réclamaient de Gbagbo ou de Koulibaly ou du Fpi. Les militants m'appelaient. Je voulais y aller quand Ouattara même m'a appelé. Je lui ai dit « Président, les Frci poursuivent mes militants, les tuent. J'espère que vous n’avez pas pris le pouvoir pour être le président d'un camp contre l'autre ». Il m'a dit qu'on ne pouvait pas discuter de cela au téléphone. Pourquoi vous ne venez pas pour qu'on en parle. L’aéroport est fermé, je n'ai pas d'avion, je ne peux pas aller en voiture, quand ça va se calmer, je viens. Il m'a dit : « non non, si vous pouvez venir maintenant ça sera bien ».
C'est vrai que la période est très trouble mais il (...)
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